C’est mon petit défi à moi. Je n’ai pas décidé de gravir le Mont Blanc, mais c’est quand même quelque chose le Pico Duarte, le plus haut sommet de la Caraïbe qui se trouve en République Dominicaine. Une ascension qui se fait sur deux jours pour les touristes, rentabilité oblige, dont 22km le premier jour avec un dénivelé positif de 1500m. Le sommet (ajouter encore 4km), c’est pour le lendemain après une nuit à 2400m d’altitude, et on enchaîne avec la descente. J’ai la chance de rencontrer Cathy, de la guesthouse « Blue lady room », une française installée là depuis 25 ans et qui prend les choses en main pour m’aider à organiser tout ça : le guide, les deux mules (une de bât et une mule « ambulancia » puisqu’il n’y a rien là-haut), la liste de course, le matériel, le transport. Elle règle ça d’une main de maître en 24h et pour un tarif abordable, loin des packages des tour opérator. Là on est sur du circuit court.

Préparatifs pour le Pico Duarte

Pour certains, ça ne paraîtra pas grand chose. Mais pour moi qui ne me suis jamais définie comme sportive, c’est la première fois que je me lance dans un truc aussi dingue, clairement en limite de mes capacités. Rappelez-vous, il y a deux ans pendant le premier confinement… j’y pensais : me mettre au sport, un doux rêve ! Et pourtant, je l’ai fait, de fil en aiguille, la boxe, le crosstraining, la natation,la musculation… et même la course à pied ! J’en ai essayé des choses depuis septembre 2020. Mais suis-je prête pour ça ?

Je prépare la veille au soir mes petites affaires : les courses qui seront portées par les mules avec le duvet, le change et surtout des vêtements chauds. Mon sac a dos avec deux gourdes, le pique-nique, vêtement de pluie, bonnet, appareil photo et trousse de secours. Et dans cette trousse de secours, une synergie d’huiles essentielles anti-douleur que j’ai préparée pour la première fois pour ce voyage. Une intuition…

Départ de La Ciénaga

la-cienaga-pico-duarteLes premiers kilomètres se font sur du plat, ça va très vite, la végétation ressemble à celle qu’on trouve à cœur Bouliki en Martinique, avec la rivière qui s’écoule le long du chemin, de la forêt tropicale humide. Puis ça monte un peu, mais globalement, je me sens en forme après les 12 premiers kilomètres. On observe les cotorras qui s’égosillent. C’est la moitié sans être la moitié… Après ça, le dénivelé augmente, on ne fait plus que grimper fort sur des courtes distances. 17-18km… quelque part avant d’arriver à Agüita fria, 2700m d’altitude, le moral est là, j’avance à petits pas à rythme constant, le souffle court, mais mes jambes me lâchent.

 

 

Et c’est la tuile (enfin la crampe)

D’abord c’est une crampe qui me prend en pleine montée sur la cuisse droite. Je secoue, je masse, ça part, ça revient 20m plus loin. Je peste contre mon corps qui refuse de me porter, je le déteste, comme je l’ai souvent fait. C’est plus facile que d’en prendre soin. J’ai les larmes qui me montent. Ca fait plusieurs fois que le guide, Florentino, me propose de monter une des deux mules comme lui et que je refuse. Là, il est loin devant, au moins je ne suis pas tentée. Je veux le faire et j’en suis réduite sur quelques pas à soulever rageusement ma jambe en agrippant mon pantalon. Le muscle est complètement tétanisé, plus rien ne bouge, je sens qu‘il est dur, il ne répond plus. Si près du but, je me sens tellement impuissante. Ma tête veut, je sais que je peux y arriver, mais pas mes quadriceps. Quand on randonne, on se dit que 18km, c’est pas grand chose, mais monter, monter sans arrêt, ça use.

La lumière au bout du tunnel

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Je suis assise au bord du chemin. On a croisé qu’une seule personne qui descendait. Une femme seule avec son guide elle aussi. La végétation a bien changé, c’est beaucoup plus clairsemé, il y a du lichen qui pend des pins. La roche a de jolis reflets bleutés au milieu de l’ocre. C’est beau. Je respire et je me rappelle que j’ai ce qu’il faut dans mon sac à dos. Je sors ma synergie, je relève la jambe du pantalon et j’en mets généreusement sur la cuisse. Je sais que ça va fonctionner. Il y a tout dans cette synergie pour décontracturer le muscle le plus récalcitrant et l’anesthésier. Rien que l’odeur me redonne du peps. Je me relève en me disant que ça va faire effet dans 5-10 minutes, mais pas du tout. C’est instantané. Je vais pouvoir galoper à nouveau. Et sans mentir, j’ai même l’impression que je pourrais faire l’aller-retour dans la journée tellement je suis revigorée.

Pas de bol, quelques mètres plus loin, c’est la jambe gauche qui fait des siennes. Même traitement, même résultat. Mais maintenant, on avance ! Je sais que ça n’est pas éternel l’effet des huiles essentielles. Je suis tellement en forme que je dépasse le guide et les mules. Je remercie toutes les petites cellules de mon corps qui font leur job sans se faire remarquer et qui me permettent d’arriver jusque là. J’ai un vrai moment de gratitude pour ce corps qui me porte et que je ne traite pas toujours avec bienveillance, il faut le dire. Je remarque tous mes muscles qui bossent depuis ce matin et je me console en me disant que mes fessiers travaillent aussi comme jamais.

La synergie providentielle

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Mais que contient cette synergie miracle ? Rien que du très classique en fait, vous allez être déçus. Pas d’huile essentielle rare introuvable. Elle est dosée à 10%. J’ai 5% de Gaulthérie (une plante des montagnes et du froid!) et 5% d’une synergie Menthe-Thym-Camphre (achetée telle quelle). Je l’avais préparée en prévision de douleurs musculaires, mais plutôt pour la récupération. Je n’avais pas pensé que ça puisse sauver une randonnée. Attention, autant je fais certaines synergies avec l’huile de coco, autant, là, j’étais contente vu la température de l’avoir faite avec de l’huile d’argan (c’est ce que j’avais sous la main). Eh oui certaines huiles végétales figent à basse température (pas si basse d’ailleurs) et j’aurais été bien embêtée qu’elle ne sorte pas de mon flacon !

Et si c’était le gingembre?

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Et la suite ? Arrivée au refuge à la Comparticion, 2400m. J’ai mis plus de temps que les sportifs qui affichent 6h de marche, il m’aura fallu 7h30. J’avais calculé 8h par rapport à mon rythme habituel donc je ne suis pas mécontente. Le guide s’occupe de tout, du feu, de l’eau, du repas, mais d’abord des bêtes. Je sens de nouveau mes muscles et je me dis que la nuit va être longue. Il m’est déjà arrivé de me réveiller en pleine nuit avec mal à hurler suite à des courbatures musculaires. Là… rien. Peut-être aussi un effet du thé au gingembre ? Lors des préparatifs, j’ai eu le choix entre acheter du lait et du chocolat ou du gingembre pour faire une infusion. Sans hésiter, j’ai choisi le gingembre et je ne regrette pas. Non seulement, ça réchauffe fort, voire ça fait cracher du feu, mais avec ses propriétés anti-inflammatoires, je n’ai aucun doute qu’il a contribué à me requinquer.

La récompense au sommet

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Et le lendemain, au petit matin, éclairée par la pleine lune, je me sens comme neuve malgré une nuit de sommeil particulièrement légère sur le sentier humide vers le sommet. Et le spectacle valait le coup. Une ambiance féérique avec les plantes gelées qui semblent se réveiller doucement au-dessus des nuages, le gris bleuté de l’éclairage lunaire à droite qui se laisse peu à peu gagner par les rayons orange qui percent à gauche. Même quand j’y repense, ça semble irréel cette ambiance, ce calme, comme dans du coton. Mais froid le coton, très froid!

Je pense que cette synergie au final a autant fait de bien sur le coup que pour aider à récupérer. Ce n’est pas la seule que j’avais emportée, mais à coup sûr elle fera désormais partie de ma trousse spéciale aventure ! Et une racine de gingembre avec !

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Et le retour ? Pas besoin d’huiles essentielles, j’ai profité de la mule. Ma première fois à dos de mule et franchement c’est un animal adorable, loin des clichés et travers qu’on lui prête. C’était assez magique de faire tout le film en sens inverse et de pouvoir profiter du paysage à 100%. Et de se rendre compte que j’ai eu de la chance d’avoir le sommet pour moi toute seule vu qu’on a croisé un groupe de trente personnes qui passaient, eux, trois jours en tout.

    8 replies to "Une synergie d’huiles essentielles pour les contractures musculaires (pendant l’effort)"

    • Françoise

      Bonjour Cécile,
      Quelle belle aventure ! Super la recette pour les contractures musculaires et le thé au gingembre, merci beaucoup.
      Françoise

    • Christine

      Merci Cécile pour ce retour qui profitera à tout randonneur sur de longues durées et lors des dénivelé ardus, j’aime aussi beaucoup tes photos et je trouve que tu as bonne mine une fois au sommet 😉 Cela a dû être une merveilleuse expérience !

    • Dolorès Soleymieux

      Merci bcp pour le partage de cette belle aventure.
      belle continuité dans la douceur de la vie

    • DEMOND

      Merci de partager ce beau moment et les recettes !!! pour le gingembre je connais la décoction associée au citron à boire toute la journée, c’est détox! pour la synergie j’aurais envie de plus de précisions comme cité plus haut.
      je ne connaissait pas ce sommet et cette altitude, bravo à toi, çà me fait bien envie (avec la mule et le guide)

    • Agnès

      Bonjour Cécile, merci pour ce beau partage. Comment peut on reproduire la synergie victime les crampes ? Menthe : poivrée ? Thym : quel chémotype ? Camphre ? Quelles proportions de chacune des 3 huiles complémentaires ? Merci beaucoup

    • Yemmas

      Super! Belle aventure que tu nous partages. Et pour les HE, c’ est magnifique aussi, bien sûr.
      Merci encore, et prends soin de toi.

    • PUIGMAL ALAIN

      Waouh! Bravo Cécile, riche idée le gingembre..

    • Le Bret M-christine

      Merci, Cécile, pour ce partage d’expérience et félicitation pour ce parcours sportif.
      J’adore votre site et votre savoir que vous partagez avec tellement de générosité.
      M-Christine

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