Créer une entreprise dans le domaine du bien-être, est-ce différent d’une autre entreprise? Doit-on suivre une formation spécifique? Y a-t-il une différence entre une boutique, un cabinet conseil ou l’organisation d’ateliers? Est-ce que les formations à la création d’entreprise classiques sont suffisantes ou vont s’appliquer à mon cas?
J’échange sur Plante Essentielle avec des porteurs de projets chaque semaine. Ils aimeraient créer une activité de conseil en aromathérapie, une boutique de produits naturels, des lieux dédiés au bien-être et au développement personnel… et se posent la question de savoir « comment ». Comment crée-t-on une entreprise? De là, à force de recherches, on se trouve submergés par les informations, les textes de lois, les contraintes, la somme des choses à faire et on perd de vue l’essentiel du projet de départ, ce qui nous a poussé à nous lancer dans toute cette recherche. Car c’est un mal courant parmi les porteurs de projets: à force de tirer le fil d’une idée, on finit par dérouler un nombre de pelotes incalculables qui finissent immanquablement par s’emmêler. Pour créer une entreprise, il y a des étapes clés, qui sont les mêmes quelle que soit l’entreprise, bien être ou pas.
1- Vérifier qu’on a les compétences métiers et la réglementation du secteur
Déjà, s’assurer qu’on a les compétences pour ce qu’on souhaite proposer comme produit ou service. Certaines professions sont réglementées et nécessitent le diplôme adéquat, d’autres ne le sont pas et permettent à tout un chacun d’exercer, sans pièce justificative à fournir. Bien que ce soit le cas dans beaucoup de métier du bien-être et des médecines complémentaires, il est évidemment préférable d’être en mesure d’assurer un service de qualité. In fine, la qualité du service sera sanctionnée par la satisfaction des clients. Et les clients viendront si il y a aussi des preuves de votre compétence… mettre en avant sa légitimité fait partie du jeu!
Ceci dit, le créateur d’entreprise n’a pas besoin d’avoir toutes les casquettes même si au démarrage, c’est souvent un rôle d’homme orchestre qui l’attend. On peut prévoir d’employer une personne qui a le diplôme ou les compétences nécessaires. C’est aussi une solution et la considérer a le mérite de bien replacer le rôle du futur chef d’entreprise dans son contexte réel: le chef d’entreprise dirige l’entreprise, prend les décisions stratégiques et est le meilleur commercial au démarrage de son activité. Il a la possibilité bien sûr de faire par lui-même mais il aura également la charge de trouver les compétences en externe (prestation de service) si on parle d’une petite entreprise ou de les absorber par des recrutements en interne.
Ce choix, à faire en amont va impacter le prévisionnel qui est à réaliser.
Il est bien sûr possible de passer sur l’entreprise des frais (matériel, formation, dépôt de marque à l’INPI…) qui auraient été engagés/ avancés personnellement avant la date officielle de création (dans une limite de 6 mois). Gardez bien les factures, le comptable fera le nécessaire pour inscrire ça dans la tenue des comptes.
2- Etude de marché, prévisionnel, stratégie commerciale: se projeter dans sa future entreprise
A ce moment là, il n’y a aucune différence entre une entreprise du bien-être et une entreprise « classique ». On devra produire les mêmes recherches et les mêmes documents. La plupart de ces documents ne sont pas obligatoires, notamment si vous ne faites pas de demande de financement, d’aides ou de prêt sur l’honneur. Si vous n’avez aucun dossier à défendre, on ne vous demandera pas quelle est votre zone de chalandise ou combien vous prévoyez de vendre et à qui. Même pour ouvrir le compte en banque de votre société, on ne vous demandera pas forcément des preuves du chiffre que vous allez générer. Ceci dit, on vous posera des questions, notamment pour savoir quel type de services on va vous proposer et ça fait tout de même un peu plus sérieux de savoir où vous aller et d’être en capacité de répondre.
Donc ce travail en amont est intéressant pour bâtir des bases solides à votre entreprise, en étudiant la concurrence, en vous projetant dans l’avenir, en commençant à chercher un local commercial, en comparant les chiffres projetés avec vos rêves et en envisageant des demandes de financement pour faire face aux premières dépenses ou à des choix d’investissement. De là, viendront des réajustements et de nouvelles idées. Personnellement, je pense aussi que cette projection sur du papier fait énormément de bien et est une étape importante dans la concrétisation du projet d’entreprise: on passe de ce qu’on a dans la tête à une formalisation sur papier.
Il existe des ressources en ligne pour le faire soi-même qui sont en général présentées succinctement dans la matinée d’information gratuite proposée par les chambres de commerce et d’industrie. Ces réunions sont l’occasion d’avoir une feuille de route, des informations et un premier contact. Il est possible de poursuivre avec un rendez-vous avec un conseiller spécialisé dans la création ou par la formation des 5 jours pour entreprendre.
Pour aller plus loin, il existe des cabinets de consultants spécialisés dans le conseil à la création et au développement d’entreprise, par exemple ceux qui travaillent dans le cadre du dispositif NACRE. Ce dispositif est essentiellement destiné aux personnes qui ont des difficultés à trouver un emploi. Vous trouverez les conditions d’accès sur le site du gouvernement (France).
En général, ce sont les régions qui sont les interlocuteurs ou votre pôle emploi si vous êtes demandeur d’emploi. J’ai moi-même bénéficié en 2016 de la formation avec insert développement consulting à Ducos dans le cadre de ce dispositif et ça m’a permis de:
- Bénéficier de l’émulation de groupe avec d’autres porteurs de projets (et d’espoir! quels souvenirs!)
- Finaliser mon projet techniquement, d’en parler, de le présenter avec assurance (choix du code NAF par ex)
- De vérifier sa pertinence économique et sa viabilité (prévisionnel), définir le montant du capital à déposer
- De définir une stratégie commerciale (et choisir un logo, créer des cartes de visite, etc)
- De choisir le statut de mon entreprise, mon type d’imposition
Ca a complètement changé mon approche très créative en amenant de la structure, du juridique, du financier et ça m’a permis de me lancer avec moins de précipitation, plus de réflexion et d’être plus sereine. Etre préparés, c’est 50% du succès! Etre créatif c’est bien, mais pour les personnes comme moi, ça peut être intéressant dans des périodes comme celles-là d’avoir des personnes ressources, extérieures au projet, qui vous remettent les pieds sur terre en posant les bonnes questions!
3- Le statut de l’entreprise: faites appel à un juriste!
Le statut de l’entreprise est loin d’être un choix anodin. Il dépend de votre situation personnelle, du projet en lui-même et de ce que vous projetez de faire. Si vous n’êtes pas dans le cadre d’un accompagnement à la création d’entreprise, il est possible de prendre contact avec un ou plusieurs cabinets comptables. En effet, vous aurez besoin d’en choisir un et un premier contact vous permet en général d’échanger avec le juriste du cabinet, qui saura vous aiguiller rapidement sur le choix de votre statut (SARL, SASU, EI). C’est leur métier.
4- Le compte en banque ou déposer les statuts
A- récupérer le formulaire cerfa à remplir à la CCI auprès du CFE (Centre de formalités des entreprises) ou sur internet pour l’immatriculation au RCS. Ne pas oublier de demander ou de télécharger la liste des pièces justificatives qu’il faudra produire pour le dossier.
B- rencontrer votre banquier (il vous dira ce qu’il lui faut comme document). Je regrette de n’en avoir pas rencontré plusieurs. Un bon contact et une relation de confiance, ça change tout.
C- Arrive un moment où l’administration vous met face à un dilemme: on vous demande pour immatriculer la société de déposer les statuts de l’entreprise (il existe des documents types à remplir, rien de plus simple) en chambre de commerce avec les documents adéquats dont pièce d’identité, justificatif du domicile de la société, la déclaration pour la sécurité sociale des indépendants, un formulaire cerfa où on précise comment on choisit d’être imposé, le code NAF, bref tous les éléments qui découlent de vos réflexions préalables sur votre future activité. Ca prend 15 minutes, c’est payant donc prévoir la somme et l’appoint (en plus du chèque pour le Greffe du tribunal de commerce). Vous avez une preuve de dépôt immédiatement et voilà c’est fait! En réalité créer l’entreprise en tant que tel, administrativement, ça se fait dans la journée 😉 Vous recevrez plus tard le KBIS par courrier.
MAIS dans les statuts doit figurer le numéro du compte bancaire sur lequel vous avez déposé la somme correspondant au capital de l’entreprise, or la banque a besoin de votre SIRET pour ouvrir un compte pro… Pas d’inquiétude, vous remplissez les statuts pour la banque qui vous donne un numéro provisoire et une fois l’inscription faite en chambre consulaire (ça peut être la CCI, mais aussi la chambre des métiers et de l’artisanat ou la chambre d’agriculture, attention, c’est fonction de votre activité), vous transmettez la preuve d’inscription à la banque.
5- Officialisation au journal officiel
On n’oublie pas dans la foulée de publier une annonce légale. C’est une obligation, ça peut se faire en ligne
6- D’autres documents légaux: rencontre avec un avocat en droit des entreprises, un assureur, un comptable.
A savoir, que rencontrer un avocat en droit des entreprises peut être utile pour la rédaction des statuts, notamment les lignes concernant la description de l’activité de l’entreprise. On n’a pas le droit de copier celles des voisins. En théorie. C’est aussi intéressant pour faire vérifier vos conditions générales de vente. Cette précaution est fort utile en cas de litige. Une petite économie de ce côté là peut coûter cher à l’entreprise.
Puis, il y a le cabinet comptable, une obligation en société dont le bilan doit être visé par un expert comptable. Attention aux cabinets marrons qui proposent des tenues de comptabilité mais ne sont pas reconnus. C’est une profession où il y a un ordre, comme les médecins, et votre cabinet doit impérativement être inscrit à cet ordre. C’est vérifiable aisément par internet sur le site officiel.
Enfin, l’assureur est un passage obligé pour obtenir la RC pro, la responsabilité civile professionnelle. J’avais pour ma part rencontré AXA à l’occasion d’un salon de la création d’entreprise (Ose!).
J’y avais également rencontré ma future mutuelle (eh oui la couverture santé, c’est aussi à votre charge, vous devenez votre propre employeur!)
7- Ne restez pas seuls
Ce qui me permet de conclure sur ce dernier paragraphe. Comme vous le voyez, créer son entreprise n’est pas une aventure en solitaire, même si vous êtes seul. Il y a de multiples interlocuteurs qu’il est bon de rencontrer et… de mettre en concurrence. Pensez à demander des devis, parlez-en autour de vous aussi, le bouche à oreille fait des miracles. Rejoindre un réseau de jeunes créateurs, surtout si vous n’avez pas la possibilité de rentrer dans un dispositif d’aide à la création, participer à des réunions et événements c’est super important. Au-delà des infos intéressantes et des rencontres, c’est aussi un bon moyen pour lever un peu le nez du guidon et porter son regard un peu plus loin. C’est aussi là que se créeront des amitiés et du soutien pour une période passionnante dans une vie mais aussi très « challengeante »! Dans les moments d’euphorie, de réussite, c’est une explosion de bonheur, mais dans les pires moments de doutes, d’erreurs, d’échecs, et de découragements qui seront aussi de la partie, il est bon d’avoir des frères et soeurs d’armes qui savent ce qu’on traverse, parce qu’au final, on vit tous la même aventure.
Plus tard, quand l’entreprise sera lancée, vous aurez peut-être envie de vous faire accompagner pour son développement ou votre propre développement personnel par un coach par exemple. Quand vous serez plus avancé, les spécificités de votre domaine d’activité se révéleront d’elles mêmes et la manière dont vous envisagez votre métier évoluera et sera certainement le reflet de vos valeurs et de votre personnalité. Et ça, aucune formation ne le remplacera! L’idée est de proposer votre projet au monde, de faire naître vos idées, pas de coller à un schéma préétabli de ce que devrait être une entreprise du bien-être! Mais avant ça… il ya toutes les démarches précédentes à faire.
J’espère sincèrement que cet article sera utile aux porteurs de projets. Ayant moi-même été conseillère en chambre de commerce et d’industrie, j’ai eu la chance de savoir vers quels interlocuteurs me tourner, de savoir de l’intérieur comment ça fonctionne avant de me lancer dans toutes ces démarches en 2016. Juin 2016 pour une immatriculation en avril 2017. Ca prend du temps, mais tout ce travail préalable vous donne les bases solides pour ne pas faire partie des 50% de petites entreprises qui ne dépassent pas les 5 ans d’activité! La différence entre les personnes accompagnées et celles qui ont essayé seules (par un excès de bravoure ou simplement par ignorance des dispositifs existants) que j’ai côtoyées à cette époque est malheureusement flagrante. Rappelez-vous, seul on va vite mais à plusieurs on va plus loin!