Vous n’aimiez déjà pas l’ortie? Vous allez détester sa cousine Urera baccifera! Communément appelée chichicaste (prononcer é) à Cuba, cette plante de la famille des Urticacées est couverte d’épines et de poils urticants.
Chichicaste (Urera baccifera), une plante qui a du piquant
Bien plus imposant que l’ortie, cette plante originaire d’Amérique (Mexique?), mesure jusqu’à 1 mètre de haut environ et les feuilles sont larges de 15 à 20cm. Gloups. On a été prévenu dès la première randonnée: celle-ci, il ne faut pas la toucher: elle mord. Et elle mord fort. Comme on le voit sur la photo, il y a pleins de petites glandes qui contiennent de l’acide formique. On peut lui reconnaître ça, au moins, elle annonce la couleur, elle ne vous prend pas en traître.
Vous vous demandez si j’ai poussé la curiosité jusqu’à tenter l’expérience? Eh ben non, ma curiosité a des limites, surtout quand le guide vous décrit des symptômes assez douloureux: une sensation de brûlure qui peut durer plusieurs heures, voire toute la journée! Cerise sur le gâteau, cela peut s’accompagner d’une éruption cutanée et même de fièvre si une surface de peau importante est touchée.
En fait, lorsque la peau touche les poils, l’extrémité se casse, libérant l’acide formique contenu dans les glandes et le faisant pénétrer dans le corps à la façon d’une seringue. C’est le même acide que celui libéré par les fameuses fourmis rouges. Un mécanisme mécanique et chimique très au point.
Utilisations traditionnelles de Chichicaste
Mais comme souvent avec les plantes toxiques, Chichicaste présente des propriétés médicinales assez incroyables. A Cuba, sa racine est utilisée en décoction pour faire partir les calculs rénaux. Notre chauffeur de taxi, Vladimir, a témoigné de son efficacité. Pendant un mois, il a pris cette décoction plusieurs fois par jours et s’en est sorti sans avoir besoin d’une intervention chirurgicale. C’est intéressant quand on sait que ces petites choses sont extrêmement douloureuses pour les hommes, plus fréquemment sujets à cette affection.
Entre autres utilisations traditionnelles, trouvées cette fois dans la biblio, celle pour le moins agressive des indiens du Costa Rica, qui se battent avec les feuilles pour ne pas frissonner en montagne à cause du froid… ceci dit, je sais que dans certaines campagnes françaises, on se bat le dos avec des orties pour « faire circuler le sang » alors…
Au Brésil, une infusion des feuilles fraîches est considérée comme diurétique. En Équateur, les feuilles sont utilisées dans le traitement des douleurs musculaires: on tient une feuille par son pétiole et on lui fait frôler la peau; cela provoque une douleur atroce, remplacée progressivement au cours des jours suivants par un engourdissement. Les indiens Waorani utilisent cette plante pour soulager tous types de douleur: musculaires, arthrite, morsures de serpent, piqûres d’insectes. En Amazonie colombienne, les racines sont connues pour avoir des propriétés antihémorragique. Une décoction de racines est utilisé dans le traitement de la gonorrhée.
Source: http://tropical.theferns.info/viewtropical.php?id=Urera+baccifera
Des propriétés médicinales de Urera baccifera reconnues par la science
Après quelques recherches, j’ai vu que la science s’était penchée sur cette plante épineuse. La question qui a préoccupé des chercheurs du Costa Rica était de savoir si Urera avait des propriétés anti-inflammatoires. Leurs recherches ont permis de conclure que non seulement, elle avait une activité anti-inflammatoire, mais qu’elle avait aussi des propriétés analgésiques et même à un niveau clinique! Un de ses usages en médecine traditionnel a donc été confirmé. Ce n’est pas le seul.
D’autres chercheurs ont pu mettre en évidence l’activité anti-virale de la plante, notamment sur un virus de l’herpès.
Ses autres noms :Ortiga brava, pica pica, Chichicaste, purichi, pringamosa, pauvre femme, chigger, Guaritoto, ishanga, effraie le diable, scratchbush, mala mujer, nigua, guêpes Manman, et Urtiga bronca.
On voit que certains de ces noms sont en français. Pourtant, je ne l’ai jamais vu en Martinique. A voir si elle est sur les îles voisines anglophones où on parle le créole (Dominique, Ste Lucie). Car la flore de Fournet qui recense les plantes de Martinique et Guadeloupe ne la mentionne pas (ouf!). Et le TRAMIL ne l’a pas retenue non plus: elle ne figure pas dans la tramilothèque des plantes médicinales utilisées traditionnellement dans la Caraïbe. Mystère.
Petit bonus pour ceux qui voudraient se faire peur, cette petite liste des plantes les plus sympathiques du monde 😉 Contact poisonous plants of the world (désolée, c’est en anglais, mais il y a toujours la possibilité d’utiliser la fonction « google translate »).