Cet arbre originaire d’Amérique tropicale a été introduit dans tous les pays tropicaux. Il pousse sur tous les types de sols, mais préfère les zones sèches à basse altitude. La multiplication se fait parfois par graines mais essentiellement par boutures de tiges. Il donne un fruit ligneux appelé calebasse. Ce fruit vert lisse ovoïde à l’écorce dure pousse à même le tronc. Il peut peser jusqu’à 8kg et mesure jusqu’à 40 cm de long à maturité. On trouve encore des calebassiers dans de nombreux jardins aux Antilles même s’ils tendent à disparaître, remplacés au profit d’espèces ornementales ou fruitières.
Attention, il est parfois confondu avec la Calebasse, une plante rampante de la famille des Cucurbitacées originaire, elle, d’Afrique.
Le calebassier
Bignoniacées, Crescentia cujete
Créole : pyé kalbas
Caraïbe anglophone: calabash
Cuba: calabasa, guira, totuma
Le coui, usage domestique de la calebasse
Les amérindiens réalisaient à partir de calebasses coupées en deux, évidées puis séchées, des récipients ou « kwi ». Ils ont donné le nom créole « coui » et ajourd’hui, dans la cuisine, la ménagère a gardé à côté de ses cuvettes en plastique multicolores, une série de kwi qui servent principalement à faire macérer les viandes ou le poisson. Chez les Amérindiens, ces récipients avaient un usage beaucoup plus diversifié qu’aujourd’hui. Et c’est la destination finale du récipient qui déterminait son nom: La lita contenait la viande et le piment, la rita l’eau et le vin, la taba, plus petite et en forme de coeur, les boissons.
La décoration des couis indiquait leur usage domestique ou rituel.
L’art de la calebasse aux Antilles
En effet, la calebasse passe d’un objet rustique, utilitaire, héritage des Amérindiens et des Africains déportés, au moment de la colonisation à un matériau de base pour l’artisanat populaire et l’artisanat d’art travaillé par nombre de nos artisans et artistes, notamment Raymond Rijo, Alex Luccin, et Bertin Nivor, Sonia Tourville qui ont à l’occasion exposé leurs travaux et œuvres au Musée d’archéologie.
=> Tutoriel à réalisé par mes soins à consulter ici: Découper, sécher et graver une calebasse
De la musique à l’objet rituel
La calebasse est encore aujourd’hui la matière première dans la réalisation d’instruments de
musique tels les « chachas », les maracas ou malakas, les siyaks.
La calebasse est évidée et séchée puis remplie de graines séchées. De tailles et de formes diverses le chacha accompagne fréquemment le ka (tambour créole) dans la musique traditionnelle des Antilles, notamment pendant le carnaval.
En Guyane, le maraca (tchaka) assure la médiation entre les hommes et le monde supranaturel
Symbolique de la calebasse
Chine : longévité, union du ying et du yang, du Ciel et de la Terre
Pour les Chinois, la calebasse a toujours constitué un symbole de bon augure. On dit que Fuxi, l’ancêtre de la civilisation humaine, et la déesse Nüwa, sont nés tous les deux d’une calebasse. En outre, comme la calebasse a le pouvoir de flotter, elle était utilisée dans la Chine ancienne pour secourir les victimes d’inondations. C’est ainsi que la calebasse est devenu un symbole de sécurité.
Afrique : Symbole féminin, fécondité, matrice de l’univers
Un peu partout en Afrique la calebasse est un objet investi d’un pouvoir considérable, image cosmique (sa rondeur est celle du ciel comme de la terre) mais aussi image de la femme, elle représente la matrice, le contenant parfait. Elle est donc naturellement utilisée pour l’inscription de signes relatifs à la procréation. Ceux-ci sont gravés selon un rituel très précis lors de l’initiation des jeunes filles
Ailleurs en Afrique de l’Ouest, au Bénin, la calebasse joue pleinement son rôle de symbole cosmique : ainsi dans le mythe Yorouba, la déesse de la Terre (Odudua) et le dieu du Ciel son époux (Obatala) se ressemblent comme les deux moitiés d’une calebasse coupée qui, une fois fermées, ne peuvent plus être ouvertes. On se représente l’univers comme deux demi-calebasses reposant l’une sur l’autre. L’inscription des messages, proverbes, devises de défi ou d’amour, symboles des astres ou figures humaines et animales, replace les événements dans l’ordre universel du monde, conférant à un instrument du quotidien matériel une profonde dimension spirituelle.
Propriétés médicinales
Retour sur l’Histoire
« Mais la pulpe de la calebasse leur est encore plus précieuse que la coque: c’est – là leur grande panacée pour une infinité de maladies ou d’accidents. Dans toute espèce de brûlure, ils en font une espèce de cataplasme, qu’ils appliquent sur la partie brûlée ou échaudée; ils renouvellent de temps en temps ce cataplasme, et le maintiennent par un bandage: ils suivent la même méthode pour guérir les maux de tête causés par des coups de soleil. Ils cuisent cette pulpe, ou la macèrent dans des cendres chaudes; du suc qu’elle fournit, ils en composent des lavements pour la colique. Ils l’emploient encore comme un préventif contre tout accident dans les chûtes considérables: pour cet effet, ils vont cueillir une calebasse presque mûre, la cuisent sous des cendres chaudes, l’ouvrent ensuite, expriment le suc de la moelle dans un vase, et le donnent à boire au malade. Ne nous moquons point ici de cette pratique; cette boisson rafraîchissante vaut mieux en pareil cas que celle de l’infusion des herbes vulnéraires, que plusieurs de nos Médecins ordonnent, et que je trouve recommandées dans les Mémoires de l’Académie des Sciences.
Enfin les habitants de l’Amérique regardent la pulpe du coui comme souveraine pour arrêter les hémorragies causées par des blessures, pour prévenir des abcès, pour résoudre des tumeurs par contusion, pour empêcher les défaillances, etc. »
Les enseignements modernes
La présence de dérivés de l’épigénine et de la quercitine expliquerait l’activité anti-inflammatoire et antiallergénique des feuilles. Cette activité est égale ou supérieure à celle d’un anti-inflammatoire d eréférence (diclofénac sodique). En 1982, Verpoote signale une activité antibiotique sur Bacillus subtilis et Staphylococcus aureus. La macération hydralcoolique de pulpe inhibe le Streptococcus pneumoiae et celle des feuilles, Salmonella typhi.
La pulpe du fruit a cependant une action cancérigène et son ingestion est susceptible de provoquer des diarrhées sévères. Du fait de cette toxicité démontrée, son usage est déconseillé par voie interne.
Toutefois, son usage est recommandé pour les douleurs légères (infusion des feuilles), les contusions, coups de soleil (appliquer la pulpe du fruit).
source: Plantes médicinales caribéennes- Tome 1, Jean-Louis LONGUEFOSSE
3 replies to "Coui, Kwi? La demi-calebasse des Antilles"
[…] Envie d’en savoir plus sur la calebasse (usage médicinal, symbolique, le kwi des indiens caraïbes)? Allez voir par ici: https://plante-essentielle.com/coui-kwi-la-demi-calebasse-des-antilles/ […]
Bonjour,
Je trouve votre article sur la calebasse exellent , je suis une grande passionnée de cet arbre magnifique et pleins de ressource aussi en tant qu animatrice culturelle en Guadeloupe j acceuille et et je passe dans les ecoles pour en parler avec les eléves .C’est pourquoi je vous envoie cette demande pour savoir si vous m’autoriser à photocopier vos pages sur la calebasse et a m en servir de façon pedagogique avec des groupes d enfants ou d adultes. Car je suis intarissable pour parler du calebassier mais pas vraiment douée pour les ecrits !
Dans l’attente de votre reponse.
Bien cordialement .
Hélène
Bonjour Hélène, si c’est pour le bien commun, c’est ok, mais les supports ne doivent pas faire l’objet d’une rémunération, merci de votre compréhension. C’est top ce que vous faites, bonne continuation!