Il se reprend et attrape une autre bouteille d’huile dans le placard qu’il vous verse entièrement sur les bras, sans ménagement. Sachant l’effet qu’a eu cette huile sur vous jusqu’à présent, vous avez tenté d’esquiver la manœuvre, en vain. Vous avez l’impression d’être une frite belge dans son bain d’huile, ça dégouline de partout.
Mais la douleur s’estompe grâce à ce traitement grossier. Vous lui expliquez votre cas, reconnaissant de ne pas avoir besoin de finir dans une ambulance.
Il précise que les brûlures sont visiblement dues à l’utilisation d’huiles essentielles dermocaustiques pures ou insuffisamment diluées. L’ajout d’eau n’a pas arrangé les choses. C’est toujours à éviter car les HE ne se mélangent pas à l’eau, tout comme l’huile, c’est d’alleurs pour ça qu’on leur a donné le nom d' »huiles » essentielles. La personne qui vous a fait ce coup là savait ce qu’elle faisait…
Prenant votre masque de Caliméro, les mains enroulées dans une serviette réconfortante :
« Mais pourquoi moi ? »
« Et qui êtes-vous au fait ? »
Je suis Ilan Fulcel, je travaille ici en tant que jardinier. Mais ce qui m’intéresse plus que les roses, c’est la distillation qui est effectuée dans ce monastère répond-il mystérieusement.
La distillation, mais elle n’est pas faite ici ! Fort du savoir accumulé lors de la visite guidée, vous lui rétorquez d’un air docte qu’elle est effectuée à Voiron, dans les fameuses caves qui d’ailleurs se visitent.
Ca l’amuse visiblement de vous voir reprendre aussi vite du poil de la bête ! Mais non assène-t-il, pas la distillation de l’elixir des chartreux, l’alcool ne m’intéresse pas. Je parle de l’hydrodistillation de mes magnifiques roses qui est conduite dans le secret de ces bâtiments. Le résultat est exceptionnel. Je n’en ai jamais connu de pareil, mais impossible de connaître le procédé. L’alambic lui-même est dissimulé, c’est pas faute d’avoir fouiné, faites-moi confiance !
Oh oh ! On dirait bien qu’il y a ici un secret qu’il ne ferait pas bon d’éventer… le fameux trésor introuvable des pères chartreux ?
Allez jeter un œil ici dit-il en vous tendant un plan dessiné à la main sur une serviette en papier avec une croix près de la chapelle. Hum… en terme de carte aux trésors, ça laisse à désirer, on est loin du parchemin racorni surgi d’une époque antédiluvienne là ! Retour à la réalité. Il doit y avoir un passage secret ou quelque chose comme dans les films d’Indiana Jones reprend-t-il surexcité. Un bruit vous fait retenir votre souffle à tous les deux.
Après cette minute de recueillement forcé, il s’éclipse en vous souhaitant bonne chance…
Rendez-vous pour la suite au jour 19