Vous ne pouvez pas le rater tant son inflorescence illumine le paysage : une véritable cascade d’or, d’ailleurs les anglophones l’appellent le « Golden shower tree ». Imaginez passer sous ces grappes immenses de fleurs d’un jaune éclatant, pendantes et légèrement odoriférantes et peut-être recevoir une ou deux éclaboussures-fleurs en restant là en-dessous à l’admirer…
… attention à pas recevoir une gousse sur la tête toutefois : avec une quarantaine de centimètres de long, ça risque d’être moins enchanteur tout de suite !
Originaire d’Asie du Sud-Est, cet arbre fait partie de la grande famille des Césalpiniacées où on retrouve aussi le flamboyant, le courbaril ou encore le dartrier. Vous avez de bonnes chances d’en avoir à proximité de chez vous si vous habitez en zone tropicale : il est cultivé pour l’ornement dans de nombreux pays. En Martinique, la casse s’est parfaitement naturalisée depuis son introduction dans les Antilles par Christophe Colomb. On la trouve plutôt en zone sèche, à basse altitude, d’ailleurs un des deux spécimens que j’ai photographié pour cet article est à l’habitation sucrerie aux Anses d’Arlet. La floraison, c’est de mars à juin alors… c’est le moment où jamais d’en profiter !
Propriétés médicinales du canéficier
Cassia fistula (oui, tout de suite c’est moins sexy comme nom) n’est pas seulement là pour jouer les potiches dans les jardins néanmoins- ni assommer les passants. C’est aussi un arbre médicinal dans plusieurs pays : en ayurveda, on le trouve sous le nom d’Aragvadha (le tueur de maladie!) et il est connu en médecine chinoise, et en médecine Unani. Ce sont les médecins arabes qui en premier utilisèrent la casse : en préparant une décoction des graines qui servait de collyre.
A une époque Madame de Sévigné l’aurait utilisé pour de petits problèmes gastriques. Et elle savait ce qu’elle faisait : la pulpe acide contenue dans les longues gousses cylindriques, autour des graines, contient bien des dérivés anthracéniques propres à agir sur les désordres intestinaux ! Depuis le XVIII° siècle, l’usage médicinal du canéficier ou casse n’a pas beaucoup changé. Et grâce à ses propriétés laxatives, notre petit arbre tropical est inscrit à la pharmacopée française !
Et dans la Caraïbe ? Oui, dans la Caraïbe aussi, évidemment, cet usage traditionnel a eu cours même s’il semble de plus en plus délaissé. Pulpe du fruit, infusion des feuilles et même le sirop de fleurs sont considérés comme laxatifs et purgatifs. La décoction de la pulpe est également utilisée dans le traitement des coups de froids.
En Tanzanie, Zimbabwe et au Mozambique les fruits du faux-Séné sont utilisés comme un remède contre le paludisme, l’anthrax et la dysenterie. A Maurice, une décoction de la pulpe du fruit est utilisée comme remède pour les calculs rénaux, comme vermifuge et comme laxatif. En Papouasie- Nouvelle-Guinée, les fractures sont bandées avec des raclures de l’écorce et la sève des feuilles. En Thaïlande, le cœur du bois est traditionnellement appliqué comme vermifuge et une décoction de racines est appliquée pour purifier les plaies et les ulcères. L’écorce ou les feuilles sont largement utilisés sur les problèmes de peau . En Inde, les racines sont utilisées pour traiter la fièvre. En Amérique tropicale, les gousses sont utilisés pour traiter le diabète.
Propriétés validées de la casse
Que dit la science ? Elle valide l’usage laxatif, qui est le seul à être répandu dans le monde entier. D’ailleurs il existe des produits du commerce qui en contiennent ! Il y a même une spécialité en homéopathie d’après ce que j’ai pu trouver…
Quant à Longuefosse, il précise que les polyphénols (antioxydants) contenu dans la pulpe sont utiles dans la prévention des maladies cardiovasculaires.
La recherche a également mis en évidence des propriétés hypocholestérolémiantes et hépatoprotectrices.
Ses propriétés vulnéraires (soigner les plaies, blessures) ont également été mises en évidence sur des rats.
Longuefosse met toutefois en garde sur un usage chez la femme enceinte et ne recommande que deux usages, l’un pour la constipation (pulpe des fruits), l’autre comme dépuratif (feuilles ou racines sans écorce).
Notons toutefois que dans mes recherches sur internet, j’ai vu ici et là des mises en garde contre les graines qui seraient toxiques et la racine irritante.
Symbolique et autres usages du canéficier
Les fleurs du canéficier sont à l’honneur en Thaïlande où sa fleur a été propulsée fleur nationale, mais là-bas sous le nom de dok khuen ou ratchaphruek.
En Inde et dans d’autres pays asiatiques les fleurs sont utilisées comme offrandes dans les temples.
Au Bengale, la pulpe du fruit aromatise le tabac !
En Martinique, Emmanuel Nossin évoque l’arbre dans le premier tome des plantes magiques que je n’ai pas encore eu le temps de lire car on vient juste de me l’offrir comme cadeau de départ. Je peux juste vous dire que c’est sa couleur qui le fait mentionner dans ces pages.
Tous les noms du Canéficier : Casse, Cassé, Cassier, Séné, Canéficier, Kanéfis, Casse Habitant, Pluie dorée, Golden shower tree, Liquorice, Cassia stick tree, Purging cassia, Canafistula, Baton kas, Amulthus/Indian laburnum. Et pour les indiens Caraïbes, c’était Kéleti.
1 Response to "La pluie dorée du canéficier (Cassia fistula)"
Merci pour toutes ces précieuses informations. C’est toujours un enrichissement, un plaisir de vous lire