Aujourd’hui, j’ai décidé d’en savoir un peu plus sur les graines utilisées dans l’artisanat des colliers aux Antilles et plus particulièrement en Martinique et en Guadeloupe. Est-ce que ces graines sont purement esthétiques ? Ou certaines sont-elles chargées, comme les rudrakshas (ce sont les graines utilisées en Inde pour réaliser les chapelets), d’un pouvoir, d’une aura ? D’une signification ? Début d’une petite enquête…
J’ai vu il y a peu dans une boutique en Guadeloupe tenue par une dame charmante et passionnée, de magnifiques colliers faits de graines. De toutes les couleurs, de toutes les formes… Superbes! A cette occasion j’ai réalisé deux choses. D’une part la diversité extraordinaire des graines sur les petites Antilles et d’autre part leur usage à but esthétique. En fait, jusqu’ici, pour moi les graines étaient soit liées au domaine agricole = des semences, soit liées à l’alimentation = nourriture. Un nouveau monde s’ouvrait donc à moi. Et c’est à cette occasion que je me suis rappelé que je portais moi aussi un collier de graines autour du cou depuis maintenant plus de deux ans! Comment ai-je pu oublier?! Celui-ci, je le crains n’est pas aussi esthétique que ceux de la boutique, néanmoins, sa valeur sentimentale le place d’emblée bien au-dessus des autres. Sentimentale et spirituelle.
Je m’explique, ce collier de rudrakshas, je l’ai trouvé lors de mon voyage en Inde en 2012. Un échange avec un médecin ayurvédique à propos d’huiles essentielles absolument extraordinaires au demeurant- dommage que les odeurs ne passent pas- encore- les canaux d’internet-, nous a amenés à parler de ces malas (colliers en hindi). Enfin, ceci est une autre histoire… je vous raconterais ça dans un autre article, je m’égare.
Me remémorant donc tout cela, et les souvenirs extraordinaires de cette escapade d’un mois dans le Nord de l’Inde, j’ai donc décidé d’en savoir un peu plus sur ces graines. Alors, seulement belles à regarder ou détentrices de quelques jolis secrets?
Même ceux qui ne croient pas à un pouvoir « surnaturel » de ces graines conviendront que leur symbolique est intéressante en terme de spiritualité: elle contient un futur individu semblable à celui qui lui a donné naissance, symbole du cycle ininterrompu des morts et renaissances cher à certaines spiritualités. De plus, elles demeurent un matériau vivant, et qui porté à même la peau, n’est peut-être pas sans conséquence… la peau étant une barrière plus que poreuse. Mais pour l’instant ce ne sont que des hypothèses.
La graine qui m’a interpellée en premier, c’est la larme de Job (Coix lacryma-jobi). Avec un nom comme celui-ci, elle cache forcément une petite histoire et en plus, c’est très personnel, mais je la trouve ravissante. Pour mémoire, pour ceux qui auraient fait l’impasse sur leur leçon d’histoire des religions, Job est un personnage commun aux trois grandes religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam. Les récits sont similaires en ce point que Job est mis à l’épreuve : perte de ses proches, de ses biens, maladies… d’où l’expression, « être pauvre comme Job ». Il endure tous ces maux sans renier son Dieu qui lui rend donc tout ça à la fin du récit, sorte de « happy end » à l’américaine, avant l’heure.
Du coup, cette graine n’a pas forcément bonne réputation, me direz-vous ? Effectivement, on dit qu’elle apporte la misère car elle était autrefois très prisée par les pauvres (les pauvres comme Job, tout est lié) qui l’utilisaient pour en faire des bijoux car elle est percée naturellement, ce qui la rend toute destinée à cet usage. J’ai aussi trouvé une info comme quoi elle était utilisée dans les monastères du Sud-Ouest de la France pour réaliser des chapelets (tiens, tiens, ça rappelle les rudrakshas, ça!).
J’ai également trouvé des informations, non pas uniquement sur son côté spirituel, mais sur ses qualités médicinales et son utilisation en médecine traditionnelle, dans le merveilleux ouvrage de Jean-Louis Longuefosse, Plantes médicinales caribéennes (lien vers sa page Facebook ici): en Martinique et en Guadeloupe, la décoction des graines broyées est employée en cas de rougeole pour ses propriétés diurétiques. On mâche aussi les longues feuilles pour apaiser les maux de dents (usage d’Amérique tropicale). D’ailleurs, il semblerait qu’on fabrique des « colliers de dentition » pour les crises des bébés à l’apparition des premières dents.
Alors, ces prédispositions médicinales ont-elles été confirmées par la science?
Eh ben, des propriétés, elle en a cette petite graine. Je ne vais pas vous faire la liste des principes actifs, pour ça je vous renvoie à l’ouvrage cité au-dessus, mais elle contient notamment du coixolide, un relaxant musculaire et du stigmastérol qui est un anti-inflammatoire. L’auteur la recommande pour les problématiques de rétention urinaire, le cholestérol et le diabète (l’huile des graines possède une activité d’inhibition de la synthèse du cholestérol dans le foie) et les verrues.
Mon intuition était bonne, il y a pleins de merveilleuses choses à découvrir sur ces jolies graines au-delà de leur aspect esthétique, à la fois sur le plan spirituel et médicinal. Je creuserais un autre jour la graine l’église, peut-être pas si catholique que ça avec ses attributs rouge vif dignes d’une certaine pomme. Ah ah, tu es dans mon collimateur Abrus pecatorius (c’est le nom de la plante)!
A suivre donc…
3 replies to "Les colliers de graines- juste esthétiques, un peu mystiques ou carrément médicinaux ?"
That’s an inineltgelt answer to a difficult question xxx
bonjour
j’aimerai en savoir plus sur la graine de job; notamment pour l utilisation de l huile ; qui la fabrique et comment on s’en sert.
une de mes amies m’a dit servir les graines en bracelet quand elle a des douleurs au poignet ; des qu’elle le porte la douleur disparait
merci pour votre réponse
Bonjour Maguy, je n’ai jamais entendu parler d’une fabrication « industrielle » d’huile de graine de job. Mais en même temps, je suis loin de tout connaître… Si c’est par rapport à mon texte, l’huile contenue dans les graines se trouve… dans les graines!
Et Longuefosse les préconise en décoction avant les repas pour profiter de leurs bienfaits (et donc de ceux de l’huile qu’elles contiennent) mais en précisant que l’avis médical est obligatoire (risques d’interaction avec le traitement par exemple en cas de diabète).
J’espère avoir été plus précise que dans le texte initial