Le Romarin à verbénone n’est pas le romarin à camphre (bornéol), ni le romarin à cinéole. Ca c’est dit. Ils n’ont absolument rien à voir. Et je voulais parler du romarin à verbénone, car c’est l’occasion idéale d’aborder une nouvelle famille biochimique : les cétones.
Cet article est un peu particulier, puisque cette semaine, il s’inscrit dans le cadre du carnaval d’articles « Des blogs et des Plantes » que j’ai lancé avec d’autres blogueuses. Cette deuxième édition dont le thème est « Le Romarin » est organisée par Séverine du blog Herbio’tiful. Et il est encore temps de participer pour vous aussi, c’est ouvert à tout le monde 😉
Dans les premières semaines de mon défi, j’ai beaucoup privilégié les huiles essentielles à monoterpénols que je savais douce et sans risque. Maintenant que le défi avance, il est temps de « grandir » un peu, d’aller à la conquête d’huiles essentielles plus délicates à manier, de terres inconnues jusque là restées inexplorées (pour moi).
Composition de l’huile essentielle de Romarin officinal à verbénone (Rosmarinus officinalis verboniferum)
Voyons ce qu’elle a à nous apprendre… alors, comme je n’ai pas encore mon huile essentielle de romarin, je suis obligée de prendre la composition sur le livre de Franchomme :
- monoterpènes : alpha-pinène (15 à 34%), bêta-pinène, camphène, myrcène, limonène, alpha-terpinène, terpinolène
- Sesquiterpènes : bêta-caryophyllène
- Monoterpénols : bornéol (tr. À 7%)
- Esters terpéniques : acétate de bornyle
- Monoterpénones (cétones monoterpéniques) : verbénone (15-37%), camphre (1-15%)
- Oxydes terpéniques : 1,8-cinéole (tr- 20%)
Ce qui m’interpelle dans ces chiffres c’est que certains composés peuvent être à l’état de trace ou monter jusqu’à 20%, ce qui est quand même énorme et ne va pas avoir les mêmes conséquences. En fouillant un peu sur le web et dans d’autres bouquins, en général la composition- à ma grande surprise- est majoritairement des monoterpènes, la verbénone apparaissant en deuxième position!
Dans cette composition, deux cétones (monoterpénones), la verbénone et le camphre. Ce qui va présenter de sérieuses contre-indications puisque ces cétones sont neuro-toxiques et abortives. De plus, leurs effets sont inversés en fonction de la dose, surtout quand l’huile essentielle est prise par voie orale (calmant vs excitant).
La forte présence des monoterpènes, réputés irritants pour la peau ne doit pas être négligée. Et l’alpha-pinène présent en grande majorité a des propriétés cortison-like dont il faudra tenir compte.
Le cinéole, à l’état de trace ne pose aucun problème. S’il est en plus grande quantité, il faudra simplement ne pas appliquer l’huile essentielle sur le thorax des personnes souffrant d’asthme. Les monoterpénols sont également bien tolérés par la peau.
Dangers et contre-indications de l’huile essentielle de romarin à verbénone
Bon, cette huile essentielle-là, pour l’instant, je l’avoue, elle ne me fait pas rêver. Récapitulons-nous :
La présence en majorité de cétones la rend neurotoxique (d’autant plus fortement par voie orale) et abortive. Elle est donc bien évidemment contre-indiquée pour les femmes enceintes et allaitantes ainsi que pour les jeunes enfants (moins de 8 ans). La présence plus ou moins forte de monoterpènes va la rendre plus ou moins bien tolérée par la peau.
La présence d’alpha-pinène, composé cortison-like va stimuler les surrénales, ce qui est positif en cas de fatigue passagère, mais ne convient pas forcément aux personnes souffrant de troubles à ce niveau.
Par ailleurs, comme on le verra un peu plus loin, cette huile essentielle a une action avérée sur le foie. Les sujets sensibles à ce niveau là doivent donc être vigilants.
Le cinéole, s’il est présent en grande quantité, ne pose pas de problème particulier, si ce n’est qu’il vaut mieux éviter de masser le thorax des personnes asthmatiques (préférer le dos).
Propriétés de l’huile essentielle de Romarin à verbénone
Mais attention, ne l’éliminons pas trop vite de notre arsenal aromatique à cause de ces « quelques » « petites » contre-indications. Car le Romarin à verbénone est tout de même reconnu pour sa valeur thérapeutique, au même rang que la sarriette des montagnes : +++ (le maximum, c’est 4 plus). Le fait qu’elles sont difficiles à manier, n’enlève rien aux cétones, précieuses sur le plan thérapeutique. Elles sont mucolytiques et anti-infectieuses (dans le cas, présent, cette propriété est renforcée par la présence de 1,8-cinéole et des monoterpènes !). Comme toutes les cétones, la verbénone est également lipolytique (cellulite), cicatrisante et régénérante cutanée. Les cétones ont également un impact sur le psychique très intéressant, même s’il n’est pas toujours facile à manier en raison de la loi d’inversion des cétones mentionnée un peu plus haut. Ce sont des psychotropes.
L’huile essentielle de Romarin à verbénone est une détoxifiante hépatique (du foie), et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est la plus connue.
Voies d’administration de l’huile essentielle de Romarin à verbénone
Diffusion :
Alors, c’est vrai que pour simplifier, il m’arrive de dire, comme beaucoup d’auteurs (je n’invente rien, hein, j’ai pas le labo du petit chimiste chez moi ! Quoi que… ça commence vaguement à y ressembler avec tous ces tests…) que les huiles essentielles riches en cétones sont interdites en diffusion. C’est assez facile à comprendre d’ailleurs : qui aurait envie de saturer l’air de sa maison avec des composés neurotoxiques ?!!!
Bon, après, la vérité, comme souvent, est plus nuancée. Franchomme considère la toxicité par voie aérienne des cétones comme étant faible (contrairement à la voie orale qui est très forte). Et d’autres assurent qu’il faut simplement ne pas les diffuser seule, mais en association avec d’autres huiles essentielles.
Pour le cas particulier du romarin à verbénone, il semblerait aussi que les proportions soient plus souvent en faveur des monoterpènes, les cétones ne représentant au final que moins de 20% des composés, ce qui pour le coup est loin d’en faire une huile essentielle « riche » en cétones comme peuvent l’être les huiles essentielles de sauge officinale (jusqu’à à 70% !!!) ou de thuya (plus de 50% !!!), qui d’ailleurs ne sont pas censées être en vente libre.
Là encore, il est important de connaître la composition chimique de notre huile essentielle. Or les monoterpènes, eux, se comportent très bien en diffusion ! Je pense donc que les variations dans les contre-indications et les conseils d’utilisations que l’on voit ici et là sont fortement corrélées à la composition chimique. Un romarin à verbénone contenant plus de 50% de cétones serait à prendre très au sérieux…
Il semblerait que certaines huiles essentielles soient plus « méchantes » que d’autres, et que notre romarin à verbénone, tout compte fait, ne soit pas si effrayant. On réservera néanmoins cette huile essentielle pour les besoins thérapeutiques et non pas pour un usage « bien-être » tous les jours de l’année, ça va de soit. Et en cas de besoin, on préférera l’olfaction.
Olfaction
Sans doute plus intéressante au vu des doutes qui planent sur la diffusion du romarin à verbénone, l’olfaction permet de limiter la durée d’exposition à 1 ou 2 minutes.
Par cette voie, on profite comme en diffusion des bienfaits sur la sphère psychique du romarin à verbénone, notamment en cas de surmenage, de difficultés de concentration et de fatigue intellectuelle.
Voie orale
A proscrire si vous n’êtes pas médecin. Vraiment. Il ne s’agit pas ici de se lancer dans une expérimentation sur la neurotoxicité des cétones. C’est bon. Ca a déjà été fait, et on sait que leur toxicité est maximale par voie orale.
Cependant. Oui, car rien n’est jamais blanc ou noir avec les huiles essentielles. C’est semble-t-il la meilleure voie pour profiter de ses vertus pour le foie. Au point que le pharmacien Dominique Baudoux propose dans son ouvrage (il faudra que je vous parle de ce bouquin aussi) une cure dépurative, pour décongestionner le foie, la vésicule biliaire et le pancréas :
2 gouttes sur ¼ de morceau de sucre de canne à sucer tous les matins pendant 3 semaines. A faire deux fois par an en mars et en septembre.
On signale tout de même que ceux qui ont des problèmes de foie : hépatite, cirrhose et autres ne doivent absolument pas absorber ça sans en parler à leur médecin d’abord. Il y a risque d’interaction avec les traitements médicamenteux.
On signale que ce sont des doses pour adulte.
On signale que cette huile essentielle peut se révéler selon votre réaction à la dose, calmante ou excitante (dans le doute, on suit donc les indications de Monsieur Baudoux et on prend le matin).
A signaler, cette huile essentielle de romarin à verbénone est également utilisée par voie orale, sur avis médical, pour lutter contre le cholestérol, le surpoids et l’obésité.
Elle est utilisée comme adjuvant dans les traitement du diabète.
Elle peut s’employer aussi en cas de difficulté digestive, mais dans ce cas la voie cutanée est aussi efficace pour calmer les spasmes.
En cuisine, je n’ai pas trouvé d’information. Pas certain que ce soit le chémotype à privilégier en raison des cétones neurotoxiques. J’ignore comment elles se comportent à la cuisson, mais dans le doute, mieux vaut s’abstenir, d’autant plus si vous avez des enfants à table !
Crédit photo: JNN
Voie cutanée
Les contre-indications restent les mêmes que pour la voie orale (femmes enceintes, enfants, abortives, etc) même s’il est reconnu que la toxicité est bien moindre par cette voie.
Les cétones amies de la peau ! Oui !!! Sauf que visiblement il est possible que votre huile essentielle de Romarin à verbénone soit plus riche en monoterpènes irritants pour la peau… donc dilution obligatoire. Elle est utilisée sur peau sèche, contre les rides, la cellulite (lipolytique), la couperose, l’acné, les varices, les vergetures (curatif) et aussi le psoriasis.
Pour tout ce qui est fatigue physique et psychique (notamment d’origine hépatique), les migraines (d’origine hépatique), la dépression, on l’applique en massage notamment sur la colonne vertébrale, la zone du foie ou la plante des pieds. Elle est également utile dans les cas d’hypotension, de palpitations.
Sur la sphère digestive : entérocolite viral. En massage sur le ventre, contre les spasmes.
Sur la sphère ORL : bronchite (asthmatiforme), rhume, sinusite toux (quintes de toux).
Sur la sphère uro-génitale : leucorrhées (vaginite), en cas d’aménorrhée (absence des règles).
Concernant ses propriétés sur le foie, il est aussi possible de bénéficier de ses bienfaits par la voie cutanée en massant la zone du foie. Idem pour les affections biliaires en massage sur l’abdomen. Petit massage conseillé en cas d’excès et de surcharge du foie en période de fêtes, comme à noël: préparez votre romarin 😉
Enfin, par la voie cutanée, on peut bénéficier des mêmes effets que par olfaction sur la mémoire et la concentration en massant la zone du foie (diluer dans de l’huile végétale).
Aromathérapie énergétique du Romarin à verbénone
Dans l’aromathérapie énergétique, l’huile essentielle de romarin à verbénone est associée aux chakras du plexus solaire et du 3ème œil, « Manipura » et « Ajna ».
L’huile essentielle de romarin verbénone renforce la confiance en soi, aide au contrôle des émotions et renforce l’aura.
A partager avec vos amis: la super-fiche de l’huile essentielle de Romarin ct verbénone (téléchargement pdf)
16 replies to "L’huile essentielle de romarin à verbénone : propriétés et utilisation sans danger (Rosmarinus off.)"
Bonjour Cécile,
pour la dètox, nous utilisons de l’hydrolat de Romarin à verbénone. 1 cuillère à soupe dans 1 litre d’eau à boire dans la journée.
Bonjour Pierre,
Oui, pourquoi pas en cure 😉
Bonjour,
Une naturopathe m’a conseillé de prendre une goutte de HE de romarin à verbenone le matin à jeun dans une cuillière de miel.
Est-ce que ce dosage vous parait correct? Si oui, pendant combien de temps il est bien de faire la cure?
Merci de votre aide
Bonjour Sanja, ça me paraît raisonnable, quant à la durée, il serait préférable de voir ça avec le naturopathe qui vous suit, je ne connais pas votre situation
Bonjour,
Ma pharmacienne m’a conseillé le romarin à verbenone pour le foie. Posologie: 2 gouttes, 3 fois par jour pendant une semaine. Je l’ai fait et maintenant je me retrouve avec un soupçon de pancreatite. Je vois que votre posologie est plus restreinte. Est ce que ça peut être lié? Merci. Je m’inquiète.
Bonjour, je ne pense pas qu’une inflammation du pancréas puisse être lié à l’utilisation du romarin à verbenone, en tout cas rien ne le laisse penser dans sa composition, mais par prudence stopper la prise. Il est plus doux d’effectuer un massage par voie externe, dilué dans de l’huile végétale qu’en prise par voie orale. Par prudence, stoppez et consulltez votre médecin
Bonjour Cecile !
Merci pour cet article tres complet sur l’HE romarin a vervenone. Pourriez-vous me donner votre avis sur cette synergie detox foie (anti cholesterol et triglycerides) qui est proposee sur plusieurs sites ?
– 40 gtes menthe poivree
– 40 gtes citron zeste
– 40 gtes romarin a verbenone
– 20 gtes genevrier
2 gtes a prendre dans 1 cac d’hv olive, matin et soir pendant 3 semaines.
La voie orale me parait tres forte, serait-elle possible et efficace, ainsi diluee, par massage zone hepatique ?
Merci d’avance pour votre reponse
Francoise
Bonjour Françoise, tout dépend de ce que vous souhaitez faire. La formule est tout à fait intéressante, bien pensée à mon sens et pour le cholesterol c’est effectivement la voie orale qui est privilégiée. En massage sur le foie, pourquoi pas pour stimuler cet organe mais vous n’aurez pas la même action systémique, or le cholesterol circule… j’espère vous avoir éclairée?
Je ne vois pas d’article sur le romarin cinéole. Auriez-vous un article de référence à proposer?
Merci!
Bonjour Emilie, c’est vrai, je n’ai pas encore écrit sur ce chémotype. C’est une idée pour plus tard. En attendant, c’est une HE qui s’utilise de manière très similaire à un eucalyptus radié ou à un ravintsara par exemple, toutes deux riches en cinéole également.
[…] cholérétique et cholagogue (action sur le foie), même s’il est moins spécialisé que le Romarin à verbénone. C’est un décongestionnant veineux (sesquiterpènes) et il est également […]
[…] (stimulante, drainante, régénérante). Sur ce point, on pourrait dire qu’elle tire la bourre au Romarin à verbénone, qui la surpasse sur le plan de la réputation. Mais pourquoi ne pas privilégier la carotte […]
[…] positive, ce ne sont pas les cétones les plus méchantes. Donc comme je l’expliquais dans le cas du romarin à verbénone (une autre cétone pas trop méchante), il est possible de l’utiliser, sauf cas particulier […]
[…] sur Article Original […]
Merci pour cet article très complet sur l’huile essentielle de romarin à verbénone!
J’ai de l’huile essentielle de Romarin Bio mais ce n’est pas du romarin verbénone!