Quelle surprise de voir le sol jonché de noix de muscade. Et personne pour les ramasser. Au prix où on vend ça ! Et en levant un peu les yeux, je vois pour la première fois à quoi ressemble un muscadier et ses fruits jaunes comme des abricots. Face à une noix de muscade entière et non pas à la poudre, je me suis retrouvée comme une poule avec un couteau : mais comment ça marche ce truc ?
La noix de muscade c’est quoi? Comment on obtient la poudre comme chez Monsieur Ducroc?
Dans certaines régions, le fruit est cueilli avant qu’il ne tombe de l’arbre. Dans d’autres, la récolte s’effectue en ramassant les « nutmeg » tombées au sol. Pour ma part, je me suis contentée de ramasser vu la hauteur des muscadiers. En rentant, j’ai d’abord essayé de râper la coque marron. J’avais une poudre qui ressemblait à l’épice que je connaissais mais qui n’en avait ni le goût ni l’odeur. Dès lors, une petite réflexion botanique s’impose. En fait, ça ressemble fortement à un abricot, avec la partie charnue qui s’entrouvre à maturité et laisse apercevoir un noyau marron entouré d’un filament rouge (le macis). Et comme l’abricot, à l’intérieur du noyau se trouve l’amande ou graine (d’ailleurs on l’entend à l’intérieur) et c’est celle-ci que l’on va râper. C’est donc la graine et non le noyau que l’on appelle noix de muscade. Et d’ailleurs, si elle a ce nom là en français, c’est parce qu’au Moyen Age, sa légère odeur de musc en faisait un parfum rare et recherché pour les parfums.
Donc reprenons, pour utiliser la noix de muscade : d’abord enlever le macis (filament rouge) et ne pas le jeter, il est aussi utilisé comme épice et même pour faire l’huile essentielle. Casser la coque marron. Récupérer l’amande à l’intérieur et la râper. Pour savoir si vous êtes en possession du noyau ou de la graine, c’est très simple : si vous arrivez à râper facilement, c’est la graine ; si vous avez une noix marron brillant, c’est le noyau, la graine, couleur beige mat est à l’intérieur, d’ailleurs si la noix est bien sèche, vous devriez l’entendre. Ouf nous voilà avec notre épice ! Et quelle épice. Comme je vous en parlais précédemment, elle a des vertus aphrodisiaques mais pas seulement…
Vertus médicinales de la noix de muscade
La noix de muscade est originaire des Moluques en Indonésie et plus précisément des îles Banda (ça, ça ne s’invente pas pour une épice aphrodisiaque!). Elle a été importée en Europe dès le XVI° siècle et le muscadier a été introduit à la Réunion, au Brésil et aux Antilles : d’où le fait qu’on en trouve en Dominique !
Elle est utilisée en cas de fatigue générale et de troubles digestifs. On l’utilise avec parcimonie (voir paragraphe suivant sur la toxicité), en en râpant l’équivalent d’une pincée pour un plat, amplement suffisant au vu de sa capacité à parfumer.
Aux Antilles, Longuefosse rapporte dans son livre « Plantes Medicinales Caribéennes » qu’il était d’usage de préparer un vin aromatisé à la muscade et à la cannelle pour traiter les coliques intestinales, les maux de tête et les rhumes. En externe, elle est utile dans le traitement des douleurs rhumatismales : application locale de beurre de muscade officinal (la graine contient 40% de lipides) ou d’une macération des graines.
La noix de muscade est toxique à forte dose (pas si forte que ça)
Mais attention, à forte dose, la noix de muscade est un narcotique, stupéfiant et toxique. Et le seuil de toxicité n’est pas si élevé que ça en réalité puisque la consommation d’une demi noix peut être à elle seule mortelle pour l’homme (délires, hallucinations, vomissements, atteinte du système nerveux). D’ailleurs, les toxicomanes utilisent le macis séché, fumé ou chiqué… à éviter évidemment.
Un petit mot sur les huiles essentielles de muscade
L’huile essentielle de noix de muscade est extraite des graines, par distillation. C’est la myristicine notamment qui lui confère des propriétés stimulantes, toniques et antiseptiques. L’essence des fleurs de muscade est extraite du macis. Ces deux huiles essentielles ont des propriétés similaires et Franchomme précise dans son livre L’aromathérapie exactement qu’elles sont indiquées toutes deux en cas de fatigue (asthénie), de rhumatismes et de problèmes de digestion (diarrhées, parasites). Selon, ce ne sera pas la même voie d’administration : fatigue- en diffusion ; rhumatismes- en application ; digestion- application sur le ventre. Et évidemment, dans ces trois cas, on est vigilant sur l’utilisation des huiles essentielles et leur choix. Et surtout si vous voulez tenter de l’absorber par voie orale, au vu de la toxicité de la muscade, on s’abstient en l’absence de l’avis formel d’un médecin. Pour ma part, vu les risques encourus, il faudrait que je sois à l’article de la mort pour tenter l’expérience.
A lire : Les huiles essentielles: Comment les utiliser? Quelles précautions prendre?
Et attention à ne pas confondre le muscadier commun (Myristica fragrans) qui donne ces huiles essentielles avec le faux muscadier, pas du tout le même arbre (Monodora myristica) qui donne aussi une huile essentielle mais avec des propriétés radicalement différentes : antispasmodique et spasmolytique.
2 replies to "Noix de muscade : c’était l’heure de la récolte en Dominique !"
Merci pour ce document bien conçu, très instructif. Bravo!
Merci Nathalie 🙂