Un palmier c’est tout bête, on n’imagine pas qu’il puisse servir à autre chose qu’à décorer un jardin ou à faire une belle allée comme au jardin de Balata. Et pourtant, les cubains utilisent le palmier royal d’un nombre infini de manières. Et c’est bien parce que cet arbre est considéré comme une source quasi inépuisable de ressources qu’il est l’arbre national, apparaissant même sur le blason du pays.
Le palmier royal, symbole de la résistance du peuple cubain
Aussi fou que ça puisse paraître avec sa haute taille- il peut tout de même atteindre 25 mètres de haut!- c’est le seul arbre qui résiste aux cyclones. On le retrouve après chaque tempête, fièrement dressé. C’est donc pour cette raison qu’il symbolise la ténacité et la résistance du peuple cubain et qu’il figure fièrement sur le blason du pays aux côtés des bandes bleus et blanches du drapeau, de la clé qui symbolise la position stratégique de Cuba et du bonnet phrygien qui vient tout droit de la Révolution française pour symboliser la liberté.
Le palmier royal, un rôle religieux
Dans la santeria, il est considéré comme étant le trône de Shango, le Dieu (ou Orisha) du tonnerre, des éclairs et des tambours dans la religion afro-cubaine de la Santeria. Il est possible de visiter à La Havane l’association culturelle Yoruba qui propose un musée des Orishas où des explications sont données sur chaque divinité, sa symbolique et son syncrétisme avec la religion catholique. Je n’ai pas pu tirer le meilleur de cette visite, la guide ne parlant pas anglais et encore moins français, mais pour ceux que ça intéresse, j’ai trouvé cette page-ci sur internet qui en parle: http://fabrice.hatem.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=1132&Itemid=73
Dans la religion catholique, il est associé au Dimanche des Rameaux ou Sunday Palm en anglais. Car Jésus fut accueilli à Jérusalem par le peuple agitant des branches de palmiers. Alors, on célèbre aujourd’hui avec des branches de palmiers bénies. Ou des rameaux en France métropolitaine qui sont le plus souvent des rameaux de saule, d’olivier… selon la région.
Il est intéressant de constater que les deux religions co-existent aujourd’hui sans problème apparemment. Etre catholique n’empêchant pas d’aller consulter un prêtre de la santeria. On trouve de nombreuses similarité avec le Vodou auquel j’avais consacré un article et qui a les mêmes origines.
Le palmier royal pour la construction des maisons
Les petites maisons dans la campagne et aussi les abris en forme pyramidale à moitié enterrés qui servent pour se mettre à l’abri en cas de cyclones sont fabriqués exclusivement à partir de palmier: le tronc pour l’ossature et les poutres; les palmes pour la toiture et les manchons séchés pour les murs. Il n’y a que les clous qu’on ne trouvent pas dans la nature alentours!
Et les séchoirs à tabac dont je parlais dans l’article sur les cigares cubains ne font pas exception: ils sont construits avec du palmier royal. Et les feuilles de tabac sont emballées dans les manchons pour être transportées. Les cigares sont aussi présentés sous forme de ballotins réalisés à partir du palmier royal.
Le palmier royal: de la nourriture pour le bétail
Et notamment pour les cochons. Les fruits leur sont donnés pour repas. Et là, vous vous dites la boucle est bouclée, comme dans le palmier, tout est bon dans le cochon Et pourtant, ce n’est pas fini…
Le palmier royal a-t-il aussi des propriétés médicinales?
Eh bien oui, aussi! Mais je n’en ai pas entendu parler à Cuba contrairement aux utilisations mentionnées ci-dessus. Apparemment, un extrait du fruit serait capable de réduire l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) chez les rongeurs. Ce mélange d’ acides gras appelé D004 est étudié comme une alternative potentielle à la finasteride (molécule pharmaceutique) pour le traitement de l’HBP. Mais d’après ce que j’ai compris des études en anglais, rien n’est encore officiellement mis sur le marché.
Et quant à la santé du palmier lui-même, sachez que lorsque le tronc présente des tâches de couleurs comme sur la photo ci-dessous, ça signifie que l’air ambiant est sain. Donc… méfiance par rapport aux troncs blancs immaculés des palmiers royaux que l’on trouve en ville 😉
2 replies to "Palmier royal: l’arbre à tout faire de Cuba (Roystonea regia)"
Allez ! encore un petit tour avec toi à Cuba !
Encore un article très instructif !
Merci Cécile !
Ah merci Patricia! Tu es de retour… je commençais à m’inquiéter;-) Et je pense que j’ai encore quelques articles en stock sur Cuba finalement. A chaque fois je me dis que je vais arrêter là, et puis, je revois une autre photo avec tellement de choses à raconter que j’ai apprises là-bas.