Avoir une odeur-doudou (ce n’est pas un terme officiel, je viens de l’inventer) peut présenter bien des avantages. Plus facile à transporter que votre ours en peluche géant et aussi plus efficace au vu du mécanisme des odeurs sur notre cerveau. Je vous propose mon expérience, qui vaut ce qu’elle vaut et la manière dont je l’interprète pour pouvoir en dégager une « méthode » pour se créer son odeur-doudou qui pourra en cas de choc remplacer efficacement le fameux mélange de fleurs de Bach « Rescue », si comme moi, vous n’y êtes pas réceptifs.
Petit exercice avant de démarrer
Il n’y a pas de raison que je sois la seule à bosser et à écrire ici. Alors c’est très simple, vous allez avant de poursuivre la lecture identifier une odeur qui vous est chère, parce qu’elle est associée à un vécu positif, une situation heureuse, une émotion qui vous remplit de bien être et de joie. Identifiez l’odeur, et ce à quoi elle est liée. Il peut y avoir plusieurs odeurs. L’événement peut dater de l’enfance comme de la journée d’hier, il n’y a pas de règles, ne vous bridez pas.
Si vous n’y arrivez pas, ne vous inquiétez pas, on n’est pas des puristes, procédez en sens inverse : remémorez-vous un moment particulièrement heureux pour vous. Un moment de votre vie où vous avez ressenti un immense bonheur, une sérénité, une satisfaction, quelque chose de positif qui vous dépassait, vous submergeait. Vous l’avez ? Essayez de vous rappeler l’odeur à ce moment-là. Est-ce que vous pouvez y associer un parfum ? Celui d’un plat cuisiné, d’une épice, d’une fleur, d’une eau de toilette… Vous y êtes ?
(Si vous n’y arrivez vraiment pas, c’est peut-être tout simplement que vous n’êtes pas particulièrement sensible aux odeurs ou que ce n’est pas le bon moment pour cet exercice. C’est comme ça, certains vont plutôt capter les images, des tranches de vie, d’autres vont plutôt se rappeler le mouvement dans lequel ils étaient, et d’autres encore le bruit, la musique ou des paroles entendues à ce moment là. En réalité, même si je voulais parler des odeurs aujourd’hui, je pense que le raisonnement qui suit peut aussi bien s’appliquer à tous nos canaux sensoriels).
Maintenant, je vous raconte, c’est jour de coming-out : je suis adulte et j’ai un doudou
En fait, c’est une « odeur-doudou ». Le fait de la sentir, et je me trouve immédiatement beaucoup plus heureuse, rassurée, dorlotée, renforcée. C’est mon arme miracle antistress, anti coup dur, anti déprime, anti tout. J’ai bien sûr remarqué à plusieurs reprise que le fait de la sentir me procurait un immense bonheur. J’en ai d’ailleurs usé avant de passer des entretiens d’embauche (d’ailleurs, j’avais un peu l’impression de tricher en utilisant ça pour me détendre). Je me disais que c’était simplement une odeur que j’appréciais. C’est vrai, c’est une odeur à la fois sucrée, épicée, très plaisante. Mais je me suis posée tout de même la question de pourquoi l’odeur du fromage, que j’apprécie également à la folie ne me fait pas le même effet ? Ou celle du chocolat, qui après tout est plus communément reconnu comme agréable que le fromage ? Ou celle de la fleur d’oranger qui est réputée calmante ?
J’y vois trois hypothèses.
- La première, il s’agit d’une huile essentielle dont les vertus antistress sont reconnues (ça peut expliquer bien des choses, mais la fleur d’oranger aussi en même temps).
- La deuxième est qu’elle est très étroitement liée à une situation de bonheur intense.
- La troisième est que j’ai renforcé ce lien souvenir-odeur sans m’en rendre compte.
Allez, je vous emmène dans le petit monde de l’aromachologie
C’est une discipline un peu différente de l’aromathérapie, qui elle est le fait de guérir avec les huiles essentielles. L’aromachologie est la science des phénomènes liés aux odeurs, plus particulièrement elle étudie l’influence des odeurs sur le comportement. Vous voyez, on est pile dans le sujet. Alors, il y a d’une part les odeurs qui déclenchent un comportement, une réaction bien spécifique sur notre organisme, physiologiquement. J’en parlais dans l’article sur les encens (voir ici). Par exemple la menthe poivrée stimule, la lavande calme… mais il n’y a pas que ça. Certes ces plantes et les molécules aromatiques qu’elles dégagent ont un effet qui a été constaté, et qui peut être exploité d’un point de vue médicinal. Mais cela va beaucoup plus loin car on sait que l’odorat est le seul de nos cinq sens qui n’accède pas directement à notre conscience. En d’autres termes, quand nous respirons une odeur, le message olfactif est perçu par notre inconscient. Il passe d’abord par le système limbique, cette partie du cerveau qui est le siège de nos émotions et qui joue donc un rôle primordial dans notre comportement.
Parmi les détracteurs de cette « discipline », certains scientifiques affirment que les odeurs n’ont en fait qu’un pouvoir évocateur et que leur influence sur notre humeur ne dépendrait que des images personnelles que les odeurs rencontrées nous remémorent.
Pour moi, la vérité comme bien souvent, se situe entre les deux : les plantes ont effectivement un pouvoir de guérison intrinsèque, mais indépendamment de leurs propriétés, elles peuvent avoir une influence sur notre comportement du fait de la relation qu’on entretient avec elle, de l’association de leur odeur à un souvenir… Et c’est là que ça devient intéressant : pourquoi ne pas exploiter cette particularité ?
En réalité, la PNL semble nous donner quelques pistes
La PNL (Programmation Neuro Linguistique) est un ensemble de modèles et de techniques destinés à améliorer la communication entre individus et à s’améliorer personnellement. Considérée comme une « pseudo-science » elle est largement décriée car elle peut servir de moyen de manipulation. Dans le cas qui nous concerne, on ne rentrera pas dans ces considérations philosophiques puisqu’il s’agit de s’auto-conditionner, pour la bonne cause.
Souvent la PNL, sur la technique particulière de l’ancrage qui vise à créer un réflexe, propose d’associer à un souvenir heureux un geste bien précis et de répéter la démarche (association souvenir heureux+ geste) une dizaine de fois par jour pendant 15 jours. C’est une sorte d’auto-conditionnement. J’ai le sentiment qu’il est possible de réaliser la même chose avec une odeur (ça a sans doute déjà été fait, je n’ai pas fait de recherche sur la question, mais je suis persuadée que je n’invente rien). Voyez plutôt, il est temps que je vous relate ma propre expérience.
Mon odeur-doudou est celle d’une huile essentielle que j’ai découverte lors d’un voyage en Inde. Ce voyage était l’aboutissement d’un projet, un effort pour sortir de ma zone de confort et une fois sur place une magnifique expérience, bref un souvenir ultra positif. Cette huile essentielle, qui a par ailleurs des propriétés intrinsèques antistress (et aussi elle est efficace en cas d’arthrite, mais je ne suis pas sûre que ça joue), est de fait très liée à ce souvenir. La respirer me le fait revivre et me remplit de joie. Mais en plus, j’ai consciemment renforcé ce lien plusieurs fois. En utilisant, sans le savoir des techniques de la PNL, comme M. Jourdain qui écrit en prose sans le savoir. Quoi qu’il en soit j’ai répété cette association souvenir-odeur. Et au bout d’un temps, peut-être un an (je ne l’ai pas fait régulièrement sur une période courte), j’ai constaté que le simple fait de respirer l’odeur me procurait le bien-être recherché, sans passer par la case souvenir ! En fait, j’ai fait de moi un parfait Pavlov, pas très flatteur quand on y pense, mais la finalité et le réflexe acquis est plus importante dans ce cas que les moyens mis en œuvre.
Pourquoi et comment avoir son odeur-doudou
La réponse à la première question est évidente : nous vivons dans un monde où il est quand même plus pratique de transporter un flacon de parfum que de balader dans le métro ou au boulot votre ours en peluche de 90cm de haut sous prétexte que vous vous sentez « bof-bof » aujourd’hui, non ? Et c’est aussi plus pratique que d’avoir un geste super bizarre à effectuer devant tout le monde pour se sentir bien.
Comment ? Tout simplement en appliquant les principes de la PNL au souvenir heureux que vous avez identifié en début d’article. Le fait qu’une odeur lui soit déjà associée dans vos souvenirs me semble plus évidente que de lui associer « artificiellement » une odeur, d’office. Cela permet de combiner à la fois la capacité naturelle de votre cerveau à faire le lien entre l’odeur et le souvenir et d’y adosser la PNL. Ça me paraît à la fois plus solide et plus facile. Donc cette odeur vous allez essayer de la reproduire : flacon d’épice, de parfum, huile essentielle… et de vous concentrer sur votre souvenir en la respirant. Plusieurs fois pendant les semaines qui viennent. Et je ne serais pas étonnée que cela suffise à créer votre propre « doudou ».
Si vous décidez de tenter l’expérience, dites moi si ça fonctionne pour vous. Et si vous avez connaissance d’expériences scientifiques à ce sujet, de travaux qui corroborent cet article uniquement basé sur de l’empirique, ou au contraire qui contredit, ça m’intéresserait vraiment, mes recherches sur google ont été assez décevantes !
Et la mienne d’odeur alors ?
Je ne vais pas vous dire quelle est cette odeur. Tout simplement parce que c’est très personnel. Sachez que bien des gens peuvent aussi exploiter cette information à vos dépens : donc c’est votre secret, gardez-le. Et si on vous demande, vous n’aurez qu’à répondre que vous avez un nouveau parfum et puis c’est tout !
4 replies to "Avoir une odeur « doudou » : entre aromachologie, ancrage en PNL et mécanisme psychique"
Article très intéressant ! Je partage l’idée de Séverine quant au terme employé, il reflète bien le sentiment dont tu parles. Et, je ne connaissais pas du tout l’aromachologie, merci pour cette information.
Par contre, ayant fait une formation en PNL il y a un certain nombre d’années, j’ai pu vérifier son efficacité lorsque j’étais formatrice pour adultes, elle permet de mieux aborder l’autre, de l’aider ainsi que soi-même.
Je n’ai pas d’odeur-doudou, enfin, je ne crois pas (le Rescue semble marcher avec moi), mais peut-être plusieurs. Il y a en effet 2 ou 3 odeurs que j’aimerais pouvoir respirer, elles sont dans ma mémoire olfactive, je les retrouve parfois, mais toujours à l’extérieur. Il faudrait que je les conditionne, mais comment ?
Merci pour ce post.
Merci pour ce retour. Ca doit être super intéressant une formation en PNL! J’adorerais, je ne connais que ce que certains consultants avec qui j’ai bossé ont bien voulu me dire, et ce que je glane ici ou là sur l’internet. Ahhh pas assez de toute une vie pour tout explorer! Pour le conditionnement de ton odeur, j’ai envie de dire, tout dépend de sa nature… C’est sûr que mon cas est plutôt facile avec une huile essentielle, je reconnais qu’avec une fondue savoyarde ou une ratatouille, ça doit être moins évident (eh eh il est 19h30, c’est mon estomac qui réfléchit), d’où aussi l’idée de se servir de la PNL pour « forcer » un peu la chose. Tiens nous au courant!
Merci pour cet article passionnant !
J’ai moi aussi une odeur-doudou (bien trouvé comme terme car c’est exactement ça!) que je respire pour me réconforter.
J’ai opté pour un bijou d’aromathérapie, une petit fiole discrète où je verse quelques gouttes de mon huile essentielle favorite et que j’amène partout avec moi. La fiole étant poreuse, elle laisse passer l’odeur et en cas de besoin, je la porte à mes narines pour en respirer une grande bouffée.
Merci pour l’info. Effectivement, j’ai déjà vu ces bijoux, très esthétiques en plus, vendu en ligne. Excellente idée pour le transport. Pour ma part, c’est très basique, je l’ai pas dit dans l’article, mais c’est 2-3 gouttes sur un coton, et hop dans le sac (mhhh j’adore quand j’ouvre mon sac dans ces moments là, même si c’est pour passer à la caisse!)