Il y a un lien entre le Bois Couleuvre et les pizzas. Si, si, je vous assure, il est de la même famille que le câprier qui donne les câpres indispensables à toute pizza qui se respecte, Capparis spinosa. Et en plus, la gousse est aux couleurs de l’Italie, dans l’ordre, vert, blanc, rouge, alors si ça c’est pas un indice… Bon trêve de plaisanterie, voilà un arbre bien d’ici. Par contre, ne vous avisez pas d’imiter les oiseaux et les iguanes qui sont friands des gousses : elles sont toxiques pour nous !

L’occasion de rappeler à ceux qui se basent sur l’observation attentive du comportement de nos amis les bêtes pour savoir si tel ou tel fruit est comestible que c’est de l’inconscience !!!! Nous ne sommes pas fichus comme les oiseaux ou les iguanes (ça se saurait si nous étions des animaux à sang froid).

Le bois couleuvre, un séducteur?

On trouve cet arbrisseau très commun (3-7m) qui se comporte comme une liane quand il est jeune, ou dans certaines conditions, dans les zones sèches plutôt sur la bordure littorale. Il fleurit toute l’année et flirte même avec les chauve-souris pour être pollinisé, d’ailleurs, les fleurs odorantes s’ouvrent la nuit pour les séduire.

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Photo de Liliane ROUBAUDI (Licence CC-BY-SA)

Ce qui le rend notamment reconnaissable, ce sont ses gousses. Une fois ouvertes, elles laissent apparaître une pulpe d’un rouge écarlate ravissant dans lequel ressortent les graines au pourtour blanc. Décidément, la nature est bien faite, comme d’habitude : rouge = attention danger.

 

Capparis flexuosa et usage médicinal du pois mabouya

 

Pour autant, tout n’est pas à jeter dans cette plante qui fait partie, selon une étude menée en Guadeloupe, des mets favoris des iguanes. En effet, bien qu’ayant été peu étudiée (mes recherches ont été fastidieuses, car dans le genre Capparis, d’autres plantes ont la préférence des chercheurs), elle est traditionnellement utilisée comme antispasmodique, comme plante aromatique et contre les morsures de serpent, d’où son nom de bois couleuvre. A moins que cette appellation soit liée à son port lianescent qui peut évoquer le reptile. Pour rester sur la magie des noms, il porte aussi le nom de mabouyas. D’anciens livres, notamment la flore de Descourtilz explique que ce nom lui a été donné parce que… je vous le donne en mille, les lézards en sont friands ! Une vraie ménagerie, cet arbre qui ne paye pas de mine.

Tous ces usages traditionnels concernent les feuilles. Et la science a confirmé qu’effectivement, elles avaient un potentiel en tant qu’antispasmodique. Pour autant, rien ne vient accréditer ses propriétés anti-venins qui pourraient être liées à l’action contre les morsures de serpent.

Il n’y a bien que les feuilles de cet arbre qui puissent nous être utiles, car dans une étude datant de 1981 Morton précise que les racines sont piquantes, comme celles du raifort et peuvent provoquer des boursouflures sur la peau !

On s’en tiendra donc à l’usage traditionnel également validé scientifiquement d’antispasmodique pour les feuilles.

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Des pistes de recherche pour Capparis flexuosa?

Dernière info intéressante et qui ouvre sûrement sur des possibilités de recherches nouvelles, Kjaer et Schuster dans une étude dont je ne retrouve plus la date ont mis en évidence la présence dans les feuilles de notre Bois couleuvre de composés intéressants (les voilà, par souci du détail : 3-hydroxybutyl-, 4-hydroxybutyl-, 3-butenyl-, and 2-hydroxy-3-butenyl glucosinolate). Or il a été reporté que certains glucosinolates agissaient comme protecteur vis à vis du cancer. Affaire à creuser, donc.

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Autres noms du bois couleuvre

Attention à ne pas le confondre avec Capparis cynophallophora qui porte le même nom vernaculaire de bois couleuvre ou pois mabouya ou encore mabouge. Les botanistes ont du s’y perdre eux aussi car notre Capparis flexuosa a été dénommé Cynophalla flexuosa par certains !

 

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