J’ai trouvé en Dominique, sur le marché de Roseau, la capitale, pleins de petits étals qui vendent de la « virgin cocconut oil »- oui, ils parlent anglais là-bas, quel malheur pour moi. Son odeur va de « oui plutôt sympa » à « arghhh c’est à tomber par terre » selon mon interprétation très personnelle de la qualité des produits. Faisant confiance à ma truffe (mon odorat étant en étroite connivence avec mon estomac de gourmande, j’estime la fiabilité à 99%) je me suis laissée tentée par un achat. Mais qu’est-ce que je vais en faire ?

Comment l’huile de coco vierge est-elle fabriquée ?

Alors, j’ai eu des explications très succintes. Tout ce qui est avancé comme argument de vente, c’est que c’est « natural » (naturel), « without chemicals » (sans produits chimiques) et « good for health » (bon pour la santé). Mouais, ça sent l’argumentaire bien rôdé tout ça, alors j’ai fait quelques petites recherches à l’aide de mon ami Google. Et effectivement, la fabrication de l’huile de coco vierge semble être un procédé plutôt simple où aucune adjonction de produit n’est nécessaire. Ce sont les noix de coco marron, fibreuse, qu’on trouve sur les étals également en métropole qui sont utilisées pour faire du lait de coco duquel on extrait l’huile par décantation-filtration. A ne pas confondre avec la coco fraîche, qui est verte et que l’on coupe pour boire l’eau de coco et gratter un peu de pulpe blanche translucide.

Toutefois, il y a différents procédés de fabrication, et c’est ce qui explique sans doute les différences de qualité que j’ai pu percevoir, et notamment des différences dans la couleur des huiles. Celles que j’ai vues vont du jaune clair (avec dépôt au fond) plutôt trouble à un transparent limpide à tel point qu’on croirait que c’est de l’eau. C’est cette dernière qui m’a le plus séduit. C’est la marque très « luxury » Cape Tranto (leur site internet ici, apparemment on peut commander en ligne: http://www.capetranto.com/) Et il semblerait que ce soit celle qui soit issue d’une pression à froid, contrairement à l’autre qui pourrait être le résultat d’une extraction à chaud. Je ne suis pas mécontente de mon choix, la petite histoire autour de l’entreprise- que j’ai découverte seulement aujourd’hui en fouillant sur le web est plutôt sympa (plus d’info ici).

En tout cas, toutes ces recherches m’ont donné envie de me lancer dans la fabrication. C’est pas les noix de coco qui manquent, ici, en Martinique, mais bizarrement je n’ai pas vu de vente artisanale de ce type de produit. Bizarre, bizarre… affaire à suivre.

Virgin coconut oil de Cape tranto company (ils ont une page facebook: https://www.facebook.com/capetranto)
Virgin coconut oil de Cape tranto company (ils ont une page facebook: https://www.facebook.com/capetranto)

Ah oui, au fait tout ça m’a amenée à comprendre que l’huile de noix de coco vierge, ce n’est pas l’huile de coco ou huile de coprah. Ça c’est vraiment trompeur. Pour fabriquer l’huile de coprah, plutôt originaire d’Indonésie, ils font sécher des coco en plein soleil, dans des conditions visiblement un peu douteuse si l’on en croit les commentaires ici et là sur la toile. Puis l’huile est extraite avec force solvants et raffinée chimiquement avant d’être désodorisée pour enlever l’odeur de rance. Mmmmh bon appétit bien sûr ! En tout cas, je suis rassurée, aucun risque de les confondre, celle que j’ai trouvée fleure divinement bon la coco.

Comment choisir l’huile de coco ?

La couleur et l’odeur. Elle doit avoir une apparence translucide, à tel point qu’on pourrait la confondre avec de l’eau. Elle a une odeur de coco très prononcée, sucrée.

Bio ou pas bio, là est la question… en l’occurrence, pas de labels à l’horizon. Et même si la culture fortement imprégnée du rastafarisme en Dominique se veut proche de la nature, les randonnées que j’y ai faites m’ont amenées à croiser des bombes de pyréthrinoïdes (des insecticides toxiques) abandonnées en bord de champs et des agriculteurs, dread-locks au vent, qui traitaient nonchalamment leurs parcelles avec un pulvé au dos. Donc oui, le traitement chimique, ça existe aussi au pays des rastas… peace and love qu’ils disaient ! Yeah man!

Voilà comment on râpe la coco au Kenya. Assis sur un ustensile pourvu d'une lame à dents, au-dessus d'une bassine
Voilà comment on râpe la coco au Kenya. Assis sur un ustensile pourvu d’une lame à dents, au-dessus d’une bassine

Comment on utilise l’huile de coco et quelles sont ses propriétés ?

En cosmétique, usage externe

Contrairement à ce qui est parfois dit sur la toile, elle pénètre très facilement lorsqu’on l’étale sur la peau et ne laisse pas de film gras. Un vrai bonheur pour les massages, j’ai hâte d’essayer à plus grande échelle que sur mon avant bras !

Elle est surtout utilisée pour nourrir les cheveux secs et crépus, sur les longueurs, en soin avant le shampoing. Mais elle est aussi intéressante en soin du visage, dans une crème ou en soin contour des yeux. Ses propriétés lui viennent notamment de sa richesse en acide laurique. C’est lui qui lui donne une capacité à se solidifier (dès que la température se refroidit, moins de 25°C, du coup pour l’utiliser, il faut la réchauffer au bain marie) et un pouvoir moussant que certains affectionnent particulièrement dans la fabrication de savons. Elle est aussi riche en vitamine A, un anti-radicalaire qui protège les tissus de la dégénérescence et en vitamine E, anti-oxydante.

Et aussi en usage interne

Une fois dans le corps, l’acide laurique (encore lui!) se transforme en monolaurine reconnu pour ses propriétés antimicrobiennes. Une étude publiée en 1998 a d’ailleurs démontrée que les femmes qui consommaient de l’huile de coco pendant l’allaitement augmentaient les quantité d’acide laurique dans leur lait leur permettant de fournir à leur bébé un lait très protecteur vis à vis de certains virus. Combiné à la vitamine E, qui est aussi utilisée comme un conservateur pour les préparations cosmétiques ou médicinales, cela en fait une huile stable, qui se conserve longtemps et sûrement une bonne huile végétale à mettre dans l’assiette.

Mais pour le moment, vu la quantité que j’ai et le prix auquel je l’ai payée, je ne suis pas prête à faire frire mes patates dedans.

Ceci dit pour ceux qui seraient intéressés, et au-delà du débat qui agite tous les professionnels de santé sur les méchants acides gras saturés qui augmentent le cholestérol (oui, mais est-ce le bon ou le mauvais, est-ce que l’huile est hydrogénée ou pas, et est-ce qu’il y a des acides gras trans, et les chaînes de triglycérides sont elles longues, mi-longues, semi-courtes ou… bref), l’huile de coco aurait des propriétés antivirales et antimicrobiennes. De plus, elle conserve ses propriétés à haute température, ce qui en fait une huile idéale pour la cuisson. Enfin, certains en passent sur les gencives pour éliminer les bactéries et prévenir le déchaussement (d’après le très sérieux magazine Elle, c’était il y a un an la nouvelle lubie des stars comme Gwyneth Paltrow, depuis ça a du changer, on les connaît les stars).

Parce que tout ça vient du cocotier...
Parce que tout ça vient du cocotier…

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