La jeune femme a disparu. Un homme se tient à sa place qui vous sonde plus qu’il ne vous regarde. Il se présente comme M. Trismégiste. Il est petit, râblé et vous n’arrivez pas à détacher votre regard de son nez crochu. Il sait déjà que vous êtes venu chercher un paquet pour l’emporter au-delà des mers. La formulation vous semble un peu grandiloquente, d’autant plus que vous êtes entré dans le pays avec un déluge de sable plus que par voie maritime… et l’homme vous semble aussi scientifique que la reine d’Angleterre est danseuse d’opéra. Vous fixez ce supposé charlatan d’un air suspicieux.
Il vous propose de détailler le contenu du colis. En vous penchant, vous distinguez à l’intérieur un petit amas de résine translucide comme celle que l’on voit suinter des résineux des forêts tempérées. Vos traits se détendent tout à l’émerveillement de ces couleurs translucides. C’est de l’encens. Ca alors, vous n’imaginiez pas que ça pouvait se présenter autrement qu’en bâtonnet à brûler. Finalement, c’est un peu comme les bâtonnets de poissons : la version grande consommation de l’encens !
Il vous explique ses propriétés en même temps qu’il réalimente adroitement l’encensoir responsable de l’odeur piquante dans la pièce que vous aviez notée en entrant.
« Il fut un temps où il n’y avait pas de distinction entre sciences occultes et les autres sciences. En ces temps là, les érudits, les savants, se devaient de maîtriser l’astrologie, la philosophie, l'(al)chimie… sans frontière entre tous ces domaines. A cet effet certaines matières étaient particulièrement prisées et étaient réputées permettre l’accès à un niveau de conscience supérieure.
Les paroles de l’astrologue se confondent avec celles dans votre tête. Vous essayez de vous lever dans un effort surhumain pour aller prendre l’air, soupçonnant les vapeurs d’encens de vous tourner la tête…
« Ainsi, dans les temps anciens, l’encens récolté au nord de l’Ethiopie était acheminé vers l’Egypte et les contrées limitrophes à des fins religieuses et spirituelles. Seuls les initiés pouvaient l’utiliser dans les cérémonials d’embaumement par exemple. On dit que son parfum et ses propriétés étaient capables d’accompagner, dans des mélanges dont les formules étaient jalousement gardées, l’âme des pharaons dans l’autre vie, offrant ainsi l’immortalité … »
Impossible de se lever, vous vous affalez lourdement sur les coussins multicolores …
Rendez-vous pour la suite au jour 9