En vous sensibilisant à la notion de chémotype, j’espère vous avoir convaincu de l’importance de regarder la composition chimique des huiles essentielles. Et qui dit composition chimique, dit famille biochimique. Car c’est quand même plus facile : on les a regroupés en familles au sein desquelles on retrouve des propriétés similaires et des contre-indications identiques ! Bonne nouvelle, non ?
Un petit mot avant de commencer
Là je sais que je ne vous ai qu’à moitié rassuré. Mais si vous avez bien lu les fiches sur les dangers des huiles essentielles, ou si vous avez déjà lu mes articles sur les huiles essentielles, vous avez déjà rencontré ces familles : monoterpènes, monoterpénols, phénols, cétones etc…
Ces noms-là ne vous sont pas inconnus. Et j’évoque à chaque fois les dangers qui leurs sont associés (ou pas, faut pas exagérer, ils sont pas tous dangereux!) et les propriétés qui en découlent. Donc finalement, cet article, c’est plutôt un pense-bête, un endroit où je vais toutes les regrouper.
Imaginons que vous ayez une huile essentielle dont je n’ai pas encore parlé ? Vous faites comment ?
Tout simplement, vous vous renseignez sur sa composition chimique (le mieux, c’est quand c’est marqué dessus), et vous venez regarder par ici ! Ca vous permet de vérifier qu’on ne vous dit pas de bêtise sur son utilisation. VOUS êtes en capacité de vous faire VOTRE propre idée. Et ça, ça me semble vraiment important par les temps qui courent où n’importe qui donne son avis.
Si vous avez votre ou vos composés majoritaires, faites une petite recherche directement avec ctrl+F ça vous fera gagner du temps. Sinon, vous savez peut-être déjà à quelle famille il appartient ? Si le nom se termine en -ol, regardez du côté des phénols ou des monoterpénols. Si le nom est en -ène, vous allez trouver dans les monoterpènes ou les sesquiterpènes. En -one ? Cétones ou lactones. Etc
Attention, il est important de comprendre que ce qui va donner ses propriétés à une huile essentielle, ce sont les composés majoritaires. Les deux ou trois premiers, qui présentent selon les cas des pourcentages pouvant varier de 10 à 80%.
Les familles biochimiques par ordre alphabétique
Si mon huile essentielle contient beaucoup de…
ACIDES
Propriétés : anti-inflammatoires puissants même à faible dose, antalgiques, hypotenseurs
Dangers et contre-indications : aucune
Exemples d’acides : acide cinnamique, acide salicylique, acide benzoïque, acide citronnelique, acide myrténique,
ALCOOLS MONOTERPENIQUES voir MONOTERPENOLS
ALCOOLS PHENOLIQUES voir PHENOLS
ALCOOLS SESQUITERPENIQUES voirs SESQUITERPENOLS
ALDEHYDES AROMATIQUES
Propriétés : anti-infectieux (bactéries, virus, parasites, champignons)
Dangers et contre-indications : irritants pour la peau
Exemples d’aldéhydes aromatiques : Benzaldéhyde, Cinnamaldéhyde, Cuminaldéhyde
ALDEHYDES TERPENIQUES
Propriétés : anti-inflammatoires ; calmants du système nerveux ; antiseptiques aériens, litholytiques (calculs rénaux et urinaires), stomachiques, eupeptiques et digestives (intestin)
Dangers et contre-indications : irritants pour la peau (sauf si combiné avec du limonène)
Exemples d’aldéhydes terpéniques : Anisial, Citrals (Néral, Géranial), Citronnelal, Iridodial, Myrténal, Phéllandral
Particularités : ils sont solubles dans l’eau ! Inversion des effets selon la dose; stimulant à faible dose puis calmant
CETONES
Propriétés : mucolytiques, lipolytiques (cellulite), cicatrisantes et régénérantes cutanées, anti-infectieuses (antiparasitaires et antivirales)
Dangers et contre-indications : neurotoxiques et abortives (toujours préférer la voie cutanée quand c’est possible). Interdites aux femmes enceintes et allaitantes et aux enfants. Pas de diffusion
Exemples de cétones : verbénone, camphre (= bornéone), cryptone, fenchone, thujone, carvone, pinocarvone, pinocamphone, pipéritone, menthone, bêta-dione (anti-hématomes!), tagétone, pulégone, vétivone
Particularités : loi d’inversion des cétones: inversion des effets selon la dose, surtout par voie orale, à la goutte près
COUMARINES
Propriétés : Sédatives du système nerveux, antispasmodique, anti-coagulantes
Dangers et contre-indications : furocoumarines et pyrocoumarines sont photosensibilisantes qu’elles soient appliquées sur la peau (même diluées) ou prises par voie orale. Elles sont en gras ci-dessous
Exemples de coumarines : Angélicine, Auraptène, Meranzine, Ostruthine, Osthole, Bergaptène, Bergaptol, Coumarine, Limettine, Pimpinelline, Phelloptérine, Psoralène, Umbelliprénine, Visnadine
Particularités : toujours présentes en faible concentration, elles possèdent malgré tout une action puissante qu’il faut prendre en compte, quel que soit leur proportion
ESTERS
Propriétés : Antispasmodiques puissants, spasmolytiques, sédatifs
Dangers et contre-indications : aucune à l’exception de celles à salicylates de méthyle qui peuvent être irritantes pour la peau (ne pas appliquer pure)
Exemples d’esters : acétate de linalyle (le plus répandu), acétate de néryle, acétate de terpényle, acétate de myrtényle, acétate de bornyle, propionates, butyrates, méthacrylates, angélate d’isobutyle (le plus puissant), benzoate de benzyle, salicylate de méthyle (comme l’aspirine!), cinnamate de méthyle
ETHERS (Phénols méthyl-éthers et ether-oxydes)
Propriétés : Antalgiques, antispasmodiques, anti-infectieux (loi du tout ou rien)
Dangers et contre-indications : aucune aux doses normales ; au-delà, stupéfiantes et toxiques
Exemples d’éthers : Safrole (antalgique), myristicine (dopant, stupéfiant), carvacrol méthyl-éther, chavicol méthyl-ether (estragole), eugénol méthyl éther, thymol méthyl-ether, apiole, elémicine
LACTONES (ATTENTION!!)
Propriétés : mucolytiques et expectorantes, anti-infectieuses (antibactériennes et antifongiques) ; mêmes propriétés que les cétones mais en plus puissantes
Dangers et contre-indications : neurotoxiques, abortives, allergisantes. Interdites aux femmes enceintes et allaitantes et aux enfants
Exemples de lactones : alantolactone, santalolactone, artémisinine (anti-malarique), alpha-santonine (acaricide, ématicide), massoialactone, xanthatine, népétalactone
MONOTERPENES
Propriétés : Décongestionnant respiratoire (notamment les pinènes, comme l’eucalyptole mais plus doux, traitement plus long mais agit en profondeur) ; Décongestionnant lymphatique ; antiseptique aérien ; Immuno-stimulantes ; anti-bactériennes
Antalgique percutané : paracymène
Dangers et contre-indications : dermocaustiques
Exemples de monoterpènes : alpha-pinène, bêta-pinène, camphène, carvène, limonène, terpinène (alpha, bêta), terpinolène, sabinène, paracymène, thuyène, phellandrène
Cas particulier des monoterpènes cortison-like : alpha et bêta-pinènes
MONOTERPENOLS
Propriétés : anti-infectieux doux (anti-bactérien, anti-viral, anti-fongique pour traitement longue durée), immuno-stimulants
Dangers et contre-indications : aucune (si ce n’est allergène, mais comme beaucoup de composés des huiles essentielles: voir le tableau récapitulatif dans cet article pour plus d’infos: Le test d’allergie à une huile essentielle: comment le pratiquer?)
Exemples de Monoterpénols (ou alcools monoterpéniques) : géraniol, linalol, thujanol, menthol, bornéol, alpha-terpinéol, terpinène-1-4-ol
OXYDES
Propriétés : Expectorants, antiviraux, immuno-modulants
Dangers et contre-indications : risque d’assèchement des voies respiratoires par la voie cutanée.
Exemples d’oxydes : eucalyptole (ou 1,8-cinéole, interdits aux asthmatiques), linaloloxyde (actif en cas de crise d’asthme), pipéritinoxyde, ascaridole, menthofurane, daucol
PHENOLS
Propriétés : anti-infectieux puissants (traitements courts), notamment anti-bactériens les plus puissants
Dangers et contre-indications : dermocaustiques (préférer la voie orale, dilués)
Exemples de phénols : thymol, carvacrol, eugénol
SESQUITERPENES
Anti-allergique : chamazulène
Anti-inflammatoire puissant : germacrène
Anti-tumoral : humulène
SESQUITERPENOLS
Propriétés : Décongestionnants veineux et lymphatiques
Dangers et contre-indications : Aucune sauf propriété du viridiflorol
Exemples de sequiterpénols (ou alcools sesquiterpéniques) : viridiflorol (attention, oestrogen-like), cédrol, spathulénol, santalol, carotol
21 replies to "Les familles biochimiques des huiles essentielles"
[…] Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur ces familles, je vous invite à lire cette page : […]
Bonjour Cécile,
Je viens de terminer ta formation sur les secrets des huiles essentielles (passionnante !!!)
Et je me pose la question sur la partie sur les phénols où dans les dangers tu préconise la voie orale, diluées
Est ce une faute de frappe ?
Il me semblait qu’il valait mieux privilégier la voie cutanée, diluées ?
«PHENOLS
[…] Dangers et contre-indications : dermocaustiques (préférer la voie orale, dilués) […] »
Merci pour ta réponse
Bon, j’ai ressorti mes cours (réviser, pratiquer !!) Et je constate que c’est moi qui me suis trompée
Il y a tellement de notions à assimiler, mais c’est vraiment passionnant cette approche scientifique
Merci
Bonne journée
Bonjour Cécile
Dans mes cours j’ai appris que les terpènes étaient néphrotoxiques et non dermocaustiques. Ce sont les aldéhydes aromatiques et les phénols qui sont dermocaustiques ainsi qu’ hépatotoxiques…Non?
Cordialement
Bonjour Martine, les monoterpènes sont irritants (téléchargez les fiches dangers proposées sur le blog!), ce qui ne les empêche pas d’être aussi néphrotoxiques. Bref, tout est dans les fiches
Bonjour Cécile,
Je vois que le 1.8 cinéole (eucalyptol) est interdit aux asthmatiques. Donc on ne peut pas utiliser d’eucalyptus, ravintsara,..
Quelles HE peut-on utiliser pour eux ?
Merci
Bonjour Laurie, avec prudence (éviter le thorax), pas d’inhalation. Si HE antivirales, voire du côté des monoterpénosl (ex tea tree)
Merci Cécile, moi qui ai du mal de me les mettre en tête ces familles et les HE qui y sont associées. Voilà un beau relevé (que j’ai commencé à mettre sur papier, je finirai à mon retour de vacances) et maintenant, les 2 tableaux inédits pour retrouver une cinquantaine d’HE par famille ou par molécule. MERCI MERCI
Ca devait faire partie de mes dos à faire. 🙂 C’est fait hihihi je peux partir tranquille en vacances.
Bonjour, ou puis-je trouver les tables avec le nom des HÉ associés aux familles svp?
Merci Cécile, merci toute l’équipe super travail, bien pratique. Ces noms latins ne me dérangent pas plus que cela j’ai connu ce
« problème « avec les poissons exotiques de mon aquarium. On s’y fait très bien alors courage à toutes, c’est une jolie musique.
Wow!!! Merci beaucoup Cécile.
D’après Marc Ivo Böhning de chez Aromarc, l’eugénol n’est pas un phénol.
Pourtant si c’en est un, même si l’eugénol est le plus doux des phénols.
Wow justement ce que je cherchais! Merci Cécile, je vais pouvoir construire à partir de là. marie
Super!
De Zeus, c’est carrément unnouveau langage qu’il va falloir apprendre avec tous ces noms…! mais au moins c’est une belle et claire classification, merci !
Et oui! Mais on finit par s’y faire 😉
Jolie synthèse sur chaque molécule. Merci Cecile pour ce travail. Toujours intéressant et instructif !
🙂
Merci Cécile pour cette précision quand aux familles chimiques des HE!
Bien cordialement, Susanne.
[…] est donc très important de s’intéresser aux grandes familles biochimiques des huiles essentielles lorsqu’on commence à les utiliser pour son bien-être, sa santé ou fabriquer ses propres […]