Le riz… tout le monde sait à quoi ressemble un grain de riz dans son assiette, mais j’en connais certains qui ont plus de mal à reconnaître la graminée quand ils la voient en plein champ ! A Madagascar, c’est différent : le riz est l’aliment de base. Tout le monde mange du riz. Et tout le monde connaît cette plante qui occupe 45% des surfaces de l’île. Une véritable course à la production quand on sait qu’un malgache consomme entre 110 et 130kg de riz par an ! Car sur cette île africaine, c’est de l’Asie qu’est venue cette habitude.

Cet article est écrit dans le cadre du carnaval d’articles « Des blogs et des plantes » organisé en juillet par Amandine et Julia du blog Cuisine Beauté Nature. Si vous aimez le riz, surveillez bien ce qui se passe, parce qu’il y aura pleins de recettes partagées sur leur blog!

En plus ce carnaval me donne l’occasion de reparler de mon voyage sur l’île rouge. De parler de ce riz, plante comestible, mais surtout une plante qui façonne le paysage. Une plante qui mange petit à petit l’ensemble des terres agricoles. L’occasion de faire le point sur ma céréale préférée ! (eh oui, je la préfère au blé, et j’en consomme davantage, mes habitudes culinaires ayant été héritées de cette même région de l’Océan indien!).

Le riz, façonneur de paysage ou destructeur des terres

Tous ces patchworks dans des camaïeux de vert, comme une œuvre d’art de dame nature, ne sont en réalité que l’expression du savoir-faire agricole d’une région donnée. On peut s’extasier devant la beauté de ces carrés dont le vert dépend du stade de la plantation, si différents de ce que l’on peut voir par chez nous, mais c’est comme s’extasier devant une étendue céréalière de la Beauce : ça fait longtemps que la main de l’homme ne laisse plus de place à la nature. Monoculture.

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Mais ces fonds de vallées irrigués ne suffisent plus. Les pieds dans l’eau, c’était la belle époque ! Aujourd’hui, il a fallu trouver d’autres endroits pour planter et continuer de produire la base de l’alimentation. On a donc développé ce qu’on appelle le « riz pluvial ». Celui-ci ne passe plus sa vie à barboter les racines en éventail. Non, celui-là doit se contenter des flancs de collines et de l’eau de la pluie pour tracer son chemin dans sa vie de céréale. Évidemment des variétés ont été développées par la recherche agronomique, toujours plus haut, toujours plus loin: pour la culture sur les plateaux, en altitude.

C’est ainsi que la forêt tropicale part en fumée. Faites place, le roi riz s’en vient. La culture sur brûlis est discutable. Plus que discutable, mais qui suis-je pour en discuter au fond ? La forêt primaire part en fumée, parcelles défrichées pour cultiver sur cette terre désolée. Un ou deux ans seulement, puis elle est laissée au repos, puis on y replante le riz, et une dernière fois encore avant d’avoir épuisé le sol. Plus de nutriments, le riz a tout pris. Le sol est mort, laissé nu et emporté par l’érosion.

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Combien d’années pour ressusciter ? Qui le sait ? Ca fait des années que les époux Bourguignon font campagne pour alerter les français sur la destruction de nos sols par la monoculture intensive. Qui les écoute ? Personne. Le sol, c’est juste de la terre, des cailloux, c’est mort pour la plupart des gens. Et pourtant le sol a une vie bien remplie, faite de microorganismes, de vers de terre et d’oxygène, de dégradation et de recyclage. Une vraie machine à produire du vivant. Qui n’a jamais senti une poignée de terre dans la forêt ? L’odeur fraîche et riche de l’humus fertile ? Ca c’est une terre vivante. Mais la terre se meurt de part le monde. Petit à petit elle expire son dernier souffle dans l’indifférence générale alors qu’à côté de ça, le réchauffement climatique et la pollution des eaux sont une douce berceuse pour enfant ! Mais cessons cet aparté bien triste. Je vous invite à regarder cette vidéo si le sujet vous passionne.

Cette catastrophe écologique, à Madagascar, on l’a venu venir de loin. Au sens propre. Les imageries satellites révèlent les feux de brousse et les scarifications infligées à l’île Rouge. Mais comment faire autrement ? Comment arrêter le « tavy » qui plus qu’une technique culturale est un héritage, comme aux Antilles du temps des indiens caraïbes. Depuis que l’humanité est, il semble que cette technique du brûlis soit partagée sur l’ensemble du globe. Pourquoi ? Parce que peut-être, comme à Madagascar, cette technique a des origines culturelles et spirituelles qui vont bien au-delà de la subsistance, de la volonté de s’accaparer des terres ou encore de la valeur économique du riz.

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Extrait de la fin du document, partie « Discussion » :

« Tavy » est non seulement une méthode pour la culture du riz , mais c’est une pratique ritualisée et qui contient des significations qui se rapportent à Dieu, aux ancêtres et autres esprits qui habitent le paysage . Par exemple, lors du choix d’ un site pour faire tavy, la préparation du site, le brûlage et la plantation – des prières et des offrandes aux ancêtres, aux esprits et / ou à Dieu sont faits.

Source : http://www.conservationandsociety.org/article.asp?issn=0972-4923;year=2006;volume=4;issue=2;spage=287;epage=303;aulast=Hume

Autre documentation (IRD) : http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_4/biologie/17578.pdf

Le riz, une graminée ancestrale

Parlons de choses plus légères à présent ! Ce qui nous intéresse tout de même ce sont les propriétés du riz, médicinales éventuellement, culinaires sans aucun doute. Je ne vais pas vous détailler toutes les variétés de riz qui existent : plusieurs milliers de variétés !

Ce que l’on sait c’est que sa culture date d’il y a fort longtemps. La tradition chinoise évoque une culture 2800 ans avant JC. Le riz était considéré comme l’un des cinq végétaux sacrés avec le blé, le millet, l’orge et le sorgho, plantés par l’empereur lui-même lors de la fête du printemps.

Cette plante force donc le respect, si l’on en croit Francis Hallé qui faisait remarquer dans un reportage que le génome du riz était bien plus complexe que celui de l’être humain. Il enjoignait même les auditeurs à rester les pieds dans l’eau tout l’hiver pour voir si ils étaient aussi bien équipés que le riz pour résister à ces conditions extrêmes 🙂

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Le riz, côté poison (arsenic)

Le riz a beaucoup été critiqué en raison de la présence d’arsenic, vous savez ce poison bien connu utilisé par Marie Besnard, une empoisonneuse en série… oups ! Alors, dangereux le riz ? En tout cas, on sait qu’il fixe efficacement cet élément, naturellement présent dans les sols, l’eau et même dans le corps humain. Même si les américains ont alerté le monde entier au sujet des analyses réalisées, il n’y a à ce jour aucune dose définie au-delà de la quelle le riz ne pourrait pas être commercialisé.

Le riz et ses propriétés médicinales

Mais il a aussi de nombreux intérêts, dont un bien connu des voyageurs dont le transit est un peu perturbé par des expériences culinaires borderlines : à consommer en cas de diarrhées légères ! Ce seraient les amidons contenu dans le riz (et aussi dans son eau de cuisson) qui lui donneraient cette vertu bien utile ! Evidemment, le riz ne contenant pas de gluten, c’est l’ami de ceux qui y sont intolérants. Et puis c’est aussi un ami des personnes au régime : le riz ne ferait pas grossir ! Mais pourquoi donc ?

Bon, il est vrai que ça peut paraître futile au regard de la présence d’arsenic. Mais il y a plus intéressant, et ça se situe dans l’enveloppe des grains de riz, le son de riz. Car comme toutes les céréales, il est préférable de le consommer complet.

Des études ont montré que le son de riz pouvait avoir un impact favorable sur le diabète pour atténuer l’augmentation du glucose sanguin. Il y a également un effet hypocholestérolémiant des tocotriénols (famille de la vitamine E) du son de riz toujours qui a été mis en évidence. Et également, des recherches sont en cours sur le potentiel anticancer de d’autres composés présents dans le son de riz (et oui ! Encore, d’où le fait de consommer du riz complet!) : oryzanols, anthocyanines, tricines. Les oryzanols seraient également intéressants contre l’hypertension.

Source: un article plus complet, qui propose les références des études en biblio : http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=riz_nu

Alors ? Riz ou pas riz ce midi ?

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    4 replies to "Plus on est de fous… moins il y a de riz ! (Oryza sativa)"

    • nathalie

      Bravo Cécile, et encore plus !!!! C’ est toujours un vrais plaisir de partager vos découvertes.Je me « cultive »grâce à vous.Merci.
      Nath

    • fred

      encore un super article …merci Cécile

      petit article sur le riz en Martinique : http://www.martinique.franceantilles.fr/regions/sud/savez-vous-planter-du-riz-267040.php

      • Cécile Mahé

        Merci Fred! J’avais vu ça… est-ce qu’on sait ce que ça a donné ces essais? Ce serait vraiment top d’avoir du riz d’ici.

    • fred

      encore un super article …merci Cécile

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