La première fois que j’ai entendu parler de l’utilisation de cette huile essentielle, c’est avec Sandrine de Cocotte créations (les pochettes pour les huiles essentielles). Comme à notre habitude, quand on s’appelle, on digresse, on papote et la voilà qui me confie avoir acheté un flacon de Palo Santo sur un salon, convaincue par sa voisine de stand de tenter l’aventure avec cette huile essentielle pas commune.
Oui mais voilà, tellement peu commune, qu’on ne trouve pas beaucoup d’infos sur ses propriétés et ses utilisations possibles ! Et je suis bien en peine de la renseigner, car j’ai un flacon d’huile essentielle de Palo santo, non ouvert, qui attend patiemment son tour pour passer sur le grill (pas trop fort le grill, la chaleur c’est pas bon pour les huiles essentielles!) de mes recherches bibliographiques et expérimentations olfactives. Pas question de déroger à la règle, je n’ouvre pas le flacon avant d’être sûre de travailler avec quand c’est une HE que je ne connais pas. Tout simplement, pour garder mes premières émotions et impressions pour l’écriture de l’article et de la fiche dédiée !
Nous voilà donc un an après… le Palo Santo est arrivé en tête du sondage pour être la vedette de la prochaine fiche ! C’est Sandrine qui va être contente !
J’avoue que j’avais un a priori pas forcément ultra positif sur cette huile essentielle qui fait figure de petite nouvelle. Elle n’est pas citée dans les ouvrages de référence et en plus, certains alertent quant à son exploitation (on va voir si c’est vraiment un problème et si Bursera graveolens est une espèce protégée dans la suite). Autant vous dire que toute hésitation et réserve ont été balayées en un quart de seconde après la première olfaction/ utilisation. C’est une merveille, je suis conquise, quelle puissance. Bon sang ne saurait mentir comme on dit, eh bien ici, on peut dire qu’elle fait honneur à la famille des burséracées qui compte par exemple la myrrhe et l’encens, des cousines fort prestigieuses… dont elle n’a rien à envier ! Ce serait même plutôt l’inverse, du moins sur le plan psycho-émotionnel. On va d’ailleurs commencer par là, plutôt que ses propriétés thérapeutiques plus « physiques ». Pour être honnête, l’indigence des infos sur les propriétés thérapeutiques du Palo Santo font que j’ai envie de balayer tout ça discrètement sous le tapis/ en fin d’article, voire d’esquiver complètement le sujet. A quand des essais et études sur cette petite merveille ?!!! On me souffle à l’oreillette que certains composés présents dans cette huile essentielle en ont fait l’objet et sont fort prometteurs, suspens!
Aromathérapie énergétique du Palo Santo
Mais après tout, une huile essentielle n’a pas besoin d’être « utile » ou d’avoir des propriétés médicinales. Dans les cultures aborigènes, le spirituel et la maladie sont liées et en guérissant les maux de l’âme on guérit le corps. Suivant ce premier indice, enfonçons nous dans les forêts des ancêtres incas, montons en altitude, là où la végétation devient clairsemée et le sol nu rocailleux, sec, pauvre. Là, pousse notre Palo Santo, se contentant de peu dans ces conditions spartiates. Utilisé pour communiquer avec le divin, comme un passeur entre le visible et l’invisible, le bois du Palo Santo était employé en fumigation (un peu comme les bâtons de sauge), pour purifier, faire des bénédictions… Cet usage a largement perduré puisque aujourd’hui, on retrouve le Palo santo comme encens sous forme de poudre à jeter sur le charbon ardent ou de bâtons. L’huile essentielle a d’ailleurs les mêmes propriétés sur le psychisme : apaise les tensions, idéal pour la relaxation et la méditation, il favorise l’harmonie au sein du couple et apporte calme et bien-être. Alors pourquoi investir dans l’huile essentielle plutôt que dans des bâtonnets d’encens ? C’est une bonne question ! Surtout que si l’on se fie à la poésie de la chanteuse péruvienne Olga Milla, le palo santo est « un arbre avec une âme qui s’exprime quand le feu la libère » (Árbol con alma / que sale cuando el fuego la libera.)
Mais la distillation n’est-elle pas justement un processus alchimique de transformation par le feu ? Finalement, c’est surtout pour l’utiliser en massage que cette forme est intéressante (essayez de vous masser avec un bâtonnet d’encens tiens!).
En olfaction, l’odeur de l’huile essentielle se fait beaucoup plus subtile que ne l’est l’encens dans mon souvenir. Peut-être aussi parce qu’en brûlant l’encens, on ne dégage pas que des molécules aromatiques bénéfiques ! En tout cas, si au premier abord, j’ai reconnu l’odeur poudrée, un brin sucrée de la poudre de Palo Santo, très vite, ce qui frappe c’est une forte odeur anisée accompagnée de la signature olfactive des burséracées (monoterpènes). Impossible de ne pas avoir l’encens et la myrrhe en tête instantanément. Forte de mon expérience avec la myrrhe, qui faisait sa timide en restant prostrée au fond du flacon, j’essaye tout de suite le palo santo à même la peau (à ne faire qu’avec prudence et parcimonie et sur des peaux non réactives). Et là ses arômes subtils se déploient avec fraîcheur : s’ajoutent au répertoire des notes citronnées et mentholées. Pensez plutôt à de la menthe marocaine, plus ronde et douce que la menthe poivrée. C’est une odeur très agréable, presque fleurie, douce, enveloppante, un brin euphorisante, je ne sais pas pourquoi « Patchouli » me vient en tête. Les effets sont immédiats. Utilisée dans un état de surexcitation, je perçois nettement un apaisement du rythme cardiaque. Elle a un effet calmant et surtout « recentrant ». On se pose, et on retrouve le sens des priorités, une créativité, peut-être cet effet « tête froide » de l’huile essentielle de Menthe, mais avec beaucoup plus de tact, de douceur. Elle me fait l’effet d’une huile essentielle « féminine » dans son essence, là où l’encens est plus directif, plus yang. Je l’associe instinctivement au besoin de retrouver le chemin de la douceur et de la gaieté de la femme trop active, trop dans le mental, trop yang et coupée d’une partie d’elle-même. Cette huile essentielle est un rappel à la vie, à l’équilibre. Elle recale sur le tempo de la Terre en quelque sorte, comme si le rythme cardiaque s’harmonisait avec le Tout avec un fort sentiment d’être à sa place, connectée, en inter-relation.
C’est une merveilleuse impression que délivre l’huile essentielle de Palo Santo sur le plan énergétique ! Plusieurs ouvrages l’associent au chakra coronal. Je suis d’accord. Et j’ajouterai sans hésiter les chakras de base, comme si elle tendait un fil entre cette dimension très terrestre et la dimension spirituelle. C’est une huile essentielle certes merveilleuse sur le plan spirituel, mais elle a une telle capacité d’ancrage et de nous aligner avec notre force créative, à la canaliser pour créer plutôt que de se disperser que je trouverai dommage de la cantonner au 7eme chakra.
Composition de l’huile essentielle de Palo Santo (Bursera graveolens)
Voyons maintenant si la composition réelle correspond à celle imaginée par mon nez !
- Monoterpénols : alpha-terpinéol (15-20%), junéol
- Monoterpènes : limonène (10-15%)
- Sesquiterpènes : béta-bisabolène (10-15%), alpha-muurolène
- Cétones : carvone (5-10%)
Dangers et contre-indications de l’huile essentielle de Bois sacré (Bursera graveolens)
C’est la carvone qui a une odeur mentholée. Mais également le menthofurane, un oxyde que j’ai parfois retrouvé mentionné dans la composition de cette huile essentielle. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle car ce composé est fort réputé (et la pulégone dont il est issu aussi) pour sa toxicité hépatique. Si on ajoute la néphrotoxicité des monoterpènes, ça ne fait pas rêver. D’un autre côté, on ne comptait pas avaler du Palo Santo au petit-déj’ (de manière générale, la voie orale pour les résines est à oublier) donc ce n’est pas si alarmant. On fera néanmoins attention en cas de pathologie hépatique, rénale ou neurologique ou de public sensible à ne pas en abuser par la voie cutanée. Finalement, el Palo Santo n’est pas une huile essentielle aussi inoffensive qu’il y paraît, surtout lorsque le limonène atteint les 50% de la compo. Réputé allergène, il faudra être vigilant. Et à cette concentration, les monoterpènes irritants pour la peau imposent une dilution dans une huile végétale, mais ça c’est une bonne pratique pour toutes les HE. Enfin, le beta-bisabolène est responsable de l’odeur balsamique que je qualifie de « douce et sucrée ». C’est un composé intéressant, pas si courant, qui a notamment été étudié en cancérologie.
Finalement, l’utilisation de cette huile essentielle est à exclure chez la femme enceinte et chez les jeunes enfants (avant 7 ans). On exclue la voie orale et on reste vigilant sur l’hépatotoxicité, la néphrotoxicité et la neurotoxicité des molécules qu’elle contient (oui, je sais, elle les cumule!). Attention au limonène pour les personnes qui y sont allergiques.
Propriétés et voies d’utilisation de l’huile essentielle de Palo Santo
Voie cutanée
La voie cutanée est royale et c’est une huile essentielle qui va être utile pour les problèmes de peau et les blessures, c’est d’ailleurs un usage traditionnel des propriétés médicinales de ce bois. On repense notamment aux propriétés de l’Elemi, une autre burséracée que j’ai oubliée de citer qui a été utilisée sur les soldats. Donc en cas de démangeaison, de peau irritée, abîmée, elle va avoir une action purifiante et apaisante. Là où elle va être intéressante, c’est quand il y a une origine nerveuse au problème de peau ou en cas de baisse d’immunité, par exemple un zona. C’est une huile essentielle que l’on va pouvoir utiliser pour se remettre d’un épisode infectieux, pour la convalescence, ou tout simplement lors d’un épisode de fatigue, de surmenage.
Comme d’autres résines, ses propriétés sur les douleurs musculaires et articulaires sont connues traditionnellement. Elle va pouvoir s’inviter dans des synergies en cas de rhumatisme, tendinite, courbatures etc. Elle a une action anti-inflammatoire marquée.
Elle est également indiquée, toujours en se calquant sur les propriétés médicinales traditionnelles du bois sacré pour les maux d’estomac, surtout s’ils sont d’origine nerveuse.
On voit que cette huile essentielle, malgré sa réputation, n’est pas à cantonner à un usage purement psycho-émotionnel, ce serait très réducteur. D’autant que des études récentes sur le beta-bisabolène l’ont qualifié d’agent anti-cancer. Ces études ont été menées non seulement in vitro, mais surtout in vivo (par ex), permettant d’observer la réduction de tumeur cancéreuse mammaire volontairement transplantée, de 35%. Un résultat encourageant, et même si la molécule a été extraite d’une autre résine pour cette étude, l’Opoponax, elle est bel et bien présente dans le Palo Santo, si bien que certains auteurs vont jusqu’à qualifier l’huile essentielle d’anti-cancéreuse, s’appuyant sur une étude de 2012 intitulée « Chemical composition and anti-proliferative properties of Bursera graveolens essential oil » de Monzoe et al. Une superbe piste en tous les cas ! Rappelons que l’encens oliban, dans la même famille des burséracées, est également étudié pour ce type d’application.
Voie olfactive
C’est la plus « logique » au vu de l’utilisation traditionnelle sous forme d’encens. Alors, si la diffusion est bien évidemment permise et certainement appréciable, attention aux résines qui solidifient dans un diffuseur à nébulisation. C’est une tannée à nettoyer ensuite. Par contre pour limiter ça, si vous n’êtes pas un as du récurage, vous pouvez diffuser une résine en synergie avec une huile essentielle plus fluide. Ici, je vois bien une combinaison avec une huile essentielle fleurie comme le géranium ou le fragonia ou une huile essentielle à pinènes qui viendrait renforcer ce côté très léger des monoterpènes dans cette huile essentielle.
On peut bien évidemment pratiquer l’olfaction au flacon, mais je vous conseille plutôt de la pratiquer sur support (tissu, morceau de poterie, etc…) car comme la plupart des résines, elle « colle » au fond de son flacon et c’est difficile d’avoir tous les arômes. J’ai déjà développé ses propriétés sur la sphère psychique dans le paragraphe sur l’énergétique donc je n’y reviens pas.
Alors protégé ou pas ? Interdit d’en acheter ? En voie de disparition le beau Palo Santo ?
Pas du tout ! Eh oui, ça vous en bouche un coin, tant cette information copier-coller de site en site et de site en ouvrages publiés est diffusée. Pourtant, il suffit d’une recherche rapide sur le site de l’organisme de référence, l’UICN pour se rendre compte que notre Bursera graveolens est classé dans « least concern », c’est à dire, pas d’inquiétude à son sujet ! Alors pourquoi les aromatologues en herbe s’excitent contre la vente de ce pauvre encens ? Ils se basent sur une information sourcée wikipedia (bravo!) ou le bois n’est pas notre Palo Santo distillée, mais un autre si l’on se réfère au nom latin, Bulnesia sarmentoi. Lui, il est menacé, il est bien protégé et sa commercialisation sous le contrôle de la CITES, mais ce n’est même pas une burséracée ! Son autre nom est le bois de Gaïac et… on le trouve aussi sous forme d’huile essentielle, alors par contre méfiance : vérifiez bien que le palo santo que vous acquérez est le bon, celui de cet article.
A savoir, notre « vraie » huile essentielle de Palo Santo n’est même pas obtenue sur du bois vivant. C’est un process très intéressant et pas si commun : les arômes vont se développer sur le bois mort qui sèche pendant 3 à 4 ans. Toute une symbolique là encore par rapport à sa dimension spirituelle, de passage, de transformation et d’accompagnement des changements et des deuils. Enfin, ça c’était traditionnellement, le marché fait qu’on a tendance à pousser quelques individus sains vers la tombe un peu plus vitre pour pouvoir exploiter cette précieuse essence fort demandée. La récolte n’est plus rituelle mais mercantile, mais ça c’est une autre histoire.
Vous pouvez télécharger gratuitement la fiche pdf de l’huile essentielle de Palo Santo en cliquant sur l’image ci-dessous:
Crédit image de couverture: By Haplochromis - Own work, CC BY-SA 3.0
3 replies to "Palo Santo : huile essentielle de la femme active (surmenage)"
Bonjour Cécile, j’ai une HE de Palo santo avec 72,74% de D limonène. Elle vient de l’Equateur.
Bonjour Murielle, l’odeur doit être bien différente! As-tu le côté balsamique? Ou quelque chose qui ressemble à une HE d’encens oliban?
Merci Cécile pour l’article et que dire de la musique – J’ADORE
Mille mercis