Comme les rois mages… en Galilée… suivaient l’étoile du berger… chantait Sheila. Ca y est vous l’avez dans la tête pour la journée, terminé, impossible de s’en débarrasser, c’est cadeau.

En parlant de cadeau, ces fameux rois mages un peu spéciaux ont amené des présents plutôt bizarres pour un nouveau né un certain 6 janvier (l’Epiphanie… les croyants sauront, les gourmands : c’est le jour où on mange la galette des rois miam). Il faut dire que ce n’était pas n’importe quel nouveau né ! Noël approchant, penchons nous nous aussi sur le berceau et ces curieux cadeaux dont fait partie la Myrrhe, une résine dont on tire notre huile essentielle. A ce propos que ce soit Commiphora molmol ou Commiphora myrrha c’est la même, de la myrrhe amère. Par contre il existe aussi de la Myrrhe douce (Commiphora abyssinica ou C. erythrea à « bisabol »). Leurs odeurs sont différentes mais leurs usages similaires. La myrrhe doit son nom à son goût amer (« murr » en arabe).

L’or, offert par Melchior se comprend facilement comme la richesse terrestre, les biens matériels. L’encens, apporté par Gaspard symbolise la divinité, la richesse spirituelle (les prières ne sont-elles pas portées par les fumées d’encens?). Et, il fallait bien que ça tourne au vinaigre, notre valeureux Balthazar, lui, a opté pour la myrrhe. Pour que l’enfant Jésus passe un bon hiver grâce à des propriétés anti-infectieuses ? Rien n’est moins sûr, nous sommes à un degré symbolique et ce cadeau évoque l’incarnation physique, la vie terrestre et donc… est comme le présage des souffrances du futur supplicié. Sympa ! Dès lors, comment apprécier ce cadeau pour nous-même ?

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La réponse est évidente si je relis mes notes sur la méditation olfactive conduite par l’huile essentielle de Myrrhe de main de maître, l’une des plus puissantes que j’ai eu le plaisir de vivre. C’est une huile essentielle magnifique pour la méditation.

L’huile essentielle Myrrhe, nous permettrait d’accepter nos souffrances pour ce qu’elles sont et de les dépasser en tirant le voile sur les illusions inhérentes à notre condition de pauvres mortels bloqués dans le samsara (oups, j’espère que vous ne m’en voudrez pas de mélanger les religions). D’ailleurs la Myrrhe dans l’histoire des religions est souvent liée à la mort et à la déliquescence charnelle pour reprendre les mots de Gilles Gras : embaumement chez les egyptiens, vin de myrrhe pour atténuer les souffrances des mourants chez les hébreux (le Christ supplicié refusa ce cadeau). L’approche énergétique fait état de propriétés qui concordent avec la compréhension que j’en ai sur le plan émotionnel.

Aromathérapie énergétique de l’huile essentielle de Myrrhe

L’huile essentielle de Myrrhe permet de faire face à ses peurs et aux obstacles qui nous bloquent. Elle fait la lumière sur une anxiété mal cernée, une angoisse diffuse. En levant le voile sur ces parts d’ombre, elle a la capacité de nous délivrer de nos douleurs, de nos chagrins et de nous aider à surmonter les deuils. Elle est associée au chakra du cœur qu’elle se propose d’ouvrir, comme un choix qui nous est donné. La Myrrhe propose, nous disposons, si nous sommes prêts à voir au-delà des émotions et de l’instant. Elle est particulièrement indiquée dans les moments de « passage » pour réconforter, calmer, accompagner : naissance, rupture, séparation, deuil.

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Composition de l’huile essentielle de Myrrhe

  • Sesquiterpènes (70 à 90%): alpha et beta-elemenes, a-copaène, furnodeusma 1 3 diène, curzérène (sesquiterpène furanique)
  • Sesquiterpénones, curzerénone, et autres cétones (5%)
  • Aldéhydes: 3-méthyl-l,2-buténal (2 %)

Dangers et contre-indications de l’huile essentielle de Myrrhe molmol

Avec une composition riche en sesquiterpènes, la Myrrhe présente un visage amical : peu de risque à l’horizon et une excellente tolérance cutanée. Nous voilà ravis pour les momies qu’elle a servi à embaumer !

On sera cependant vigilants sur son action anaphrodisiaque (les momies ne risquent pas de faire la fiesta!) utilisée dans les hyperoestrogénies, donc action hormon-like, sans compter son effet sur la thyroïde ; à manier avec précaution si on envisage une action sur le long terme à forte dose.

Attention aux malfaçons : c’est valable pour toutes les huiles essentielles mais ici Willem met en garde contre des flasifications qui existent malheureusement avec des huiles essentielles moins chères et riche en alpha-copaene (Copahu ou baume de Copaïba) : coût moindre mais efficacité moindre également…

Pour ma part je m’interroge sur l’extraction des huiles essentielles à l’aide d’hydroacarbures avant distillation parfois mentionnée dans la littérature : quel impact sur la composition finale ?

Propriétés de l’huile de Myrrhe

Avec l’huile essentielle de Clou de Girofle, c’est certainement l’huile essentielle la plus connue chez les dentistes, car elle entre dans la composition (ou plutôt la résine, pas forcément l’huile essentielle) de spécialités destinées à traiter les maux de dents et autres désagréments.

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By GeoTrinity – Own work, CC BY 3.0

Elle est anti-thyroïdienne et anaphrodisiaque, peut-être un petit clin d’oeil au mythe grec de Myrrha? (Voir plus loin)

Elle est aussi anti-inflammatoire, cicatrisante, antivirale, antiparasitaire (cutané et intestinal).

Sa réputation pour la méditation n’est pas à faire : elle est psychoactive. On note une action de deux molécules, au moins sur les mêmes récepteurs cérébraux que les opiacés! Je comprend mieux la puissance de la méditation… qui a dit qu’il fallait prendre des drogues pour voyager ?

Enfin elle est antalgique, anesthésiante grâce à ses sesquiterpènes qui agissent à la manière de la morphine. Elle est antisclérosante (rhumatismes), expectorante, balsamique, pectorale.

Utilisations et voies d’administration de l’he de Myrrhe

Voie atmosphérique

Alors si clairement l’olfaction est hyper intéressante pour la méditation et autres pratiques spirituelles (voir paragraphe aromathérapie énergétique), la diffusion, il faut oublier. Elle est tellement visqueuse que c’est un sacerdoce pour la faire sortir de son flacon. Déjà, premier point. Et même si vous y arrivez, à la faire couler dans votre diffuseur (patience, la goutte qui est contre la paroi finira par descendre…), ça va être l’horreur pour nettoyer le diffuseur, donc prévoyez de l’utiliser en mélange avec des huiles essentielles beaucoup plus fluides. Et de réaliser votre synergie au préalable pour la verser ensuite dans le diffuseur. Mais je trouve que profiter de son seul parfum est déjà une formidable expérience. A noter que l’olfaction au flacon est aussi compliquée, c’est comme si l’odeur ne voulait pas sortir (quand on vous dit qu’elle est sacrément visqueuse!) : verser sur une touche de parfumeur ou un morceau de tissu ou une poterie par exemple pour pouvoir en profiter. Eh oui, ça se mérite un cadeau des rois mages !

Voie cutanée

C’est la voir privilégiée pour à peu près tous les usages, y compris la méditation : rien n’empêche de profiter de son effet légèrement anesthésiant et comme si joliment dit « psychoactif » grâce à une petite onction- dilué dans de l’huile végétale, bien sûr. Stress, angoisse, dépression, phobies, énurésie, hyperactivité sont sur la liste de ses compétences.

Mais ces effets antidouleurs peuvent être utilisés plus prosaïquement sur… les douleurs. Dans ce domaine, on la retrouve notamment sur les arthroses que l’huile essentielle de Myrrhe semble remarquablement soulager voire améliorer si on en croit Willem. Sans doute ses propriétés anti-inflammatoires viennent compléter cette action sur la douleur, à moins que ce ne soit ses propriétés cicatrisantes, régénérantes ?

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Difficiles de trancher, mais on sait que pour ces raisons, on va également l’apprécier dans un autre domaine en plus de la cosméto :

Les ulcères, plaies et escarres (maison de retraites, hôpitaux : peut-être un intérêt sur les patients longtemps statiques?), et en particulier les plaies des muqueuses en raison de son excellente tolérance cutanée. Ainsi, c’est depuis longtemps la chouchoute des dentistes et on retrouve la Myrrhe dans des préparations vendues au moment où je vous parle dans votre magasin bio du coin ! Les dentifrices bien sûr. Et ceux-là sont à privilégier en cas de stomatite, gingivite, aphtes. Avec ces propriétés et la technique de bain de bouche et gargarisation, on peut même étendre ses compétences aux pharyngites par exemple.

Ses propriétés multiples font de l’huile essentielle de Myrrhe une alliée dans bien des domaines, aussi on va la retrouver dans de nombreuses synergies qui profitent de l’une ou l’autre de ses propriétés, notamment en cas d’épisodes infectieux respiratoire (bronchite, toux grasse) ou digestif (diarrhées).

Son action hormonale la rend intéressante en cas d’hyperthyroïdie et d’hyper-oestrogénie.

Voie orale

Très peu mentionnée, cette voie est parfois utilisée semble-t-il pour l’hyperthyroïdie à la place de la voie cutanée. Ceci-dit, cette voie n’est pas contre-indiquée a priori.

Attention, l’utilisation de la myrrhe en dentisterie n’est pas une absorption par voie orale.

En conclusion, nous avons là une HE de myrrhe plutôt polyvalente et passionnante sur le plan émotionnel et symbolique. Si ce n’était son coût et les limites liées à une récolte forcément pas sans danger pour l’environnement, on pourrait l’envisager dans une trousse de secours pour toute la famille. Mais voilà pour récupérer la résine, on saigne les arbres, tout de même, il faut le savoir. D’ailleurs cette symbolique de l’arbre qui saigne, de la souffrance est illustrée dans la mythologie grecque. Allez une dernière petite histoire à dormir debout, mais sous opiacé, tout est permis !

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By Somalia Ministry of Information and National Guidance – Beautiful Somalia, CC BY-SA 2.0

 

Myrrha, était la fille du roi de Chypre. Sa mère ayant prétendu que la beauté de sa fille surpassait celle d’Aphrodite elle-même, forcément, ça a mis en colère la déesse un brin susceptible. Pour se venger, elle condamna Myrrha à concevoir envers son père un amour incestueux, conduisant à l’inévitable après moultes dissimulations. Quand le pot aux roses fut découvert, Myrrha devant la colère de son père trahi n’eut d’autre choix que de s’enfuir dans la forêt où elle implora les dieux de la cacher. Toujours prêts à rendre service, ils la transformèrent en arbre, dont les larmes s’échappent encore sous forme de résine. Le bel Adonis, fruit de l’inceste fut accouché de l’écorce. Il est le symbole du renouvellement de la vie végétale, au fil des saisons, mais ceci est une autre histoire…

Pour télécharger la fiche imprimable en pdf, cliquez sur l’image:

ficheHE65-myrrhe

    5 replies to "Huile essentielle de Myrrhe amère, cadeau empoisonné des mages ?"

    • Anissa

      Merci

    • Aurélia

      Bonjour Cécile.
      Je viens de découvrir votre blog concernant les huiles essentielles et c’est vraiment passionnant et intéressant.
      J’ai une hyperthyroidie depuis 2006, 3 récidives et une thyroïde difficile à soigner.
      Je n’envisage pas de me faire opérer dans l’immédiat, je voulais savoir comment utiliser l’huile essentielle de Myrrhe.
      Sinon quelle huile ou plante pourrais je utiliser pour calmer une thyroïde trop active ?
      Donc soit en massage sur la thyroïde (combien de fois par jour)? Soit par voie orale (combien de gouttes? Avec du miel?) ? Est ce vraiment efficace ?
      Vous me conseilleriez quoi. Merci pour votre aide. Cordialement

    • Claudine Meyer

      Les explications sont claires et c’est toujours passionnant

    • Bella

      Merci beaucoup pour toutes ces explications
      j’utilise la myrrhe pour soigner mon hyperthyroïdie en voie cutanée, je n’ai pas essayé par voie orale

    • HERVE

      MERCI, toujours bien documenté!

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