Que faire en cas de catastrophe majeure? De quoi disposons-nous quand tout est sinistré? Peut-on imaginer des pharmacies à ciel ouvert? Autant de questions que d’autres avant moi se sont posées! Et pas qu’un peu: de la réflexion on est déjà dans l’action avec des démarches pionnières en oeuvre sur le territoire de la Martinique.
Les plantothèques d’urgence en Martinique
Je pense notamment à la mise en place de jardins partagés et de plantothèques d’urgence dans plusieurs communes. Un projet initié par le réseau TRAMIL et Emmanuel Nossin, qui essaime progressivement: Le Lorrain, Fort-de-France (écolieu de Tivoli et jardins partagés de trémelle-citron portés par l’association Ypiranga-CCPYM), Ducos…ces villes disposent dorénavant de ces bouts d’espaces verts remplis de plantes salvatrices, judicieusement sélectionnées. Le but: conserver l’accès à une médecine, même si le territoire est sinistré, même si on n’a plus accès au système de soin conventionnel. Certains y verront une volonté de valoriser les savoirs traditionnels, d’autres regarderont ça de haut estimant que ça relève du folklore et de ces savoirs que l’on sauvegarde comme des vestiges culturels.
Pourtant, depuis sa création le TRAMIL s’attèle à la tâche titanesque d’étudier les propriétés effectives de ces plantes médicinales issues de la tradition populaire. Des propriétés vérifiées, consignées et qui aboutissent à faire rentrer les plantes caribéennes… dans la pharmacopée française!
Eh oui, l’homme moderne oublie parfois que sa médecine pousse dans les arbres. On lui pardonnera, c’est vrai qu’à voir le cachet ou la gélule en bout de parcours, ça n’est pas si évident. Dès lors, quoi de plus naturel que de donner une place à ces simples si utiles dans notre environnement immédiat!
Mais voilà, tout le monde n’a pas pour le moment un tel jardin à proximité ou la possibilité de planter le sien (si c’est le cas, vous trouverez la liste des plantes sur le site de Réplik 972 ou ici). Et en cas d’urgence… saura-t-on vraiment les utiliser? Pourra-t-on les transformer suffisamment rapidement en fonction de nos besoins, les faire bouillir sans électricité ou réaliser une alcoolature dont le temps de macération est de plusieurs semaines?
Les huiles essentielles reines de l’urgence
Pour moi, l’une des formes les plus incroyables sous lesquelles on trouve les plantes (on appelle ça formes galéniques) est certainement l’huile essentielle. Concentrée, compacte, prête à l’usage, peu périssable, facile à utiliser pour les novices avec quelques consignes simples… est-ce que ce n’est tout simplement pas la définition même du remède d’urgence?
Bien sûr, les plantes sont utiles et permettent une résilience que nos flacons achetés en circuits plus ou moins courts ne nous permettent pas. Disons que notre autonomie est limitée à la durée d’utilisation du flacon. Mais quelle durée! 200 gouttes par flacon, sachant qu’on les utilise au compte-goutte, ça laisse le temps de voir venir en cas de catastrophe naturelle!
Alors bien sûr, les plus timorés diront qu’on ne remplacera pas le contenu d’une trousse d’urgence classique. Et que même si c’était le cas, (je me fais l’avocat du diable), les produits conventionnels tels que les classiques désinfectants, anti-diarrhéique et autres pommades antibiotiques sont quand même plus appropriés… FAUX!
Car avec quelques huiles essentielles bien choisies, grâce à leurs propriétés multiples, on couvre bien plus de problématiques potentielles qu’avec ce qui est conseillé ci-dessus. Et même mieux, on gagne de la place! Je vous montre?
Trousse d’urgence huiles essentielles
Qu’est-ce qui différencie la trousse d’urgence d’une trousse classique de voyage? Eh bien, pas grand chose, voire rien du tout car l’idée sous-jacente est la même: développer une certaine indépendance par rapport à notre système de soin habituel (hôpital, pharmacie, médecin) soit qu’il est indisponible, car loin géographiquement, soit qu’il est sinistré en cas de blocages des infrastructures de base. Finalement, quand on voyage, on a la même démarche, on se projette aussi dans une situation inhabituelle, loin de nos repères, où on va être en mesure de se débrouiller seul!
Mon premier conseil serait donc de ne pas faire une trousse 100% naturelle si vous ne vous sentez pas à l’aise avec. Vous devez pouvoir compter sur votre kit d’urgence à 100%. En cas de doute, gardez un médicament que vous affectionnez ou un produit dont vous ne vous séparez jamais ou un traitement en cours bien sûr! Moi-même j’ai mis des années à passer au tout naturel. Le plus dur a été de lâcher le lopéramide. Chacun ses angoisses que voulez-vous!
100% d’huiles essentielles ou des plantes sous d’autres formes? Pour ma part, je crois que la raison est dans l’équilibre et la diversité. J’ai choisi pour cette trousse des formes différentes (tisane, épice, HE, teinture).
Composition du kit d’urgence au naturel
Ici je parle évidemment de la partie trousse de secours. N’oublions pas pour autant l’eau, la nourriture (penser à l’ouvre-boîte), la radio, sifflet, bougies, allumettes, briquet. Je rajouterai à la liste des pastilles micropur pour purifier l’eau, on ne sait jamais si la situation devait se prolonger et les secours tarder. Certains me taxeront de « survivaliste », mot à la mode, mais ils n’auront qu’à regarder les récents événements à St Vincent… Quand on sait qu’en ce moment la montagne Pelée toussote plus qu’à son habitude, il y a des raisons d’être dans la prévoyance.
Au niveau des huiles essentielles, j’en sélectionne 3 plus une synergie déjà préparée. N’oublions pas d’ajouter à notre kit une huile végétale de cuisine (pas cosmétique, pour qu’on puisse la consommer par voie orale) et une petite cuillère, ça aide pour les dosages (5ml).
Huile essentielle de Menthe poivrée: j’ai d’abord pensé aux chocs et blessures qui peuvent survenir. L’effet anesthésiant de la menthe peut être salutaire. Mais elle pourra également être utilisée chez les adultes pour la digestion, comme anti-infectieux et contre les maux de tête.
Huile essentielle de Sarriette : je voulais un anti-infectieux puissant à prendre par voie orale. En plus, par voie cutanée correctement diluée, la sarriette a un effet antalgique.
Huile essentielle de lavande aspic ou lavande fine à défaut: contre les brûlures et les piqûres. Pour son effet calmant également. Pour désinfecter une plaie.
Synergie d’huiles essentielles d’Hélichryse italienne, Lavande fine et Ciste ladanifère: contre les chocs (y compris émotionnel, pour reprendre ses esprits), la douleur, les hématomes, la cicatrisation et même arrêter les saignements grâce aux propriétés hémostatiques du Ciste.
J’ajouterai le Tea tree si j’ai un peu de place pour avoir un anti-infectieux exceptionnel en voie cutanée puisqu’on limitera l’usage de la menthe poivrée chez les jeunes enfants.
Deux flacons vides aussi.
Au niveau du reste de la trousse, j’ajouterai
Des clous de girofle: c’est tout bête, ça se conserve bien, et ça soulage une rage de dent quand il n’y a pas de dentiste à la ronde
Des sachets de tisane de camomille: pour avoir une boisson chaude sympa, c’est toujours bien, mais pour les utiliser en cas de problèmes oculaires (irritations, infection, conjonctivite) à apposer sur les yeux. Une fois refroidi bien sûr.
L’eau de mélisse des carmes: non pas pour un apéro improvisé mais pour les soucis digestifs. Ca permet également d’avoir de l’alcool sous la main en cas de besoin. Rappelons que l’alcool est pas top comme désinfectant quand même.
De l’argile verte: pour un masque beauté en toute circonstance, bien évidemment mais surtout pour les problèmes digestifs (comme du smecta, à laisser reposer une nuit et ne boire que l’eau), pour les tendinites, les bleus, pour un cataplasme bienfaisant.
N’oublions pas d’y glisser une pince à épiler (mais vous ne pensez qu’à l’aspect cosmétique! Non ce n’est pas pour les poils disgracieux mais pour les échardes, les tiques par exemple), un couteau, un ciseau, du sparadrap, des compresses, et une bande.
Maintenant on en a tous, mais du gel hydro-alcoolique en plus d’un bout de savon ça peut dépanner.
Bien sûr, les passionnés d’aromathérapie trouveront cette liste bien trop courtes! Comment courir hors de la maison avec 4 huiles essentielles quand on en possède des dizaines… Je sais, c’est un choix cruel mais vous vous en doutez, en cas de problème, moi, j’embarque ma boîte d’huiles essentielles au complet, quitte à risquer le lumbago. Sauve qui peut, les huiles et les enfants d’abord!
Et vous? Avez-vous déjà réfléchi à constituer votre kit d’urgence? Si vous êtes dans une zone à risque, c’est bien d’anticiper!
Poème pour finir sur un ton léger
Un amour de Gaia, de Cécile Mahé (juin 2021)
De ses rais adroits il ombre et souligne
A faire pâlir les pros du contouring
Je suis maquillée par le soleil
Le teint nouvellement hâlé je m’éveille
Une figue de barbarie me sourit
Elle ourle mes lèvres d’un carmin si joli
Quelques gouttes de pluie
Je suis gratifiée de diamants chatoyants
Plus somptueux que les orfèvreries
Des talentueux artisans
Le vent se lève et vole dans mes cheveux
Me voici coiffée par un hasard heureux
Une mode de sauvageonne ébouriffée
Ou une fleur s’est savamment glissée
Je me penche au-dessus de l’océan
Miroir mon beau miroir
Quel avenir tu nous prépare?
Il me rend dans les yeux
Les éclats du ciel bleu
Et ses reflets menaçants.
Je suis parée de l’humeur du temps.
Je suis couvée de l’amour d’une maman
Aux milles intentions déroutantes:
Pluie, vent et déferlantes.
C’est le début de la saison cyclonique ! Merci Gaïa d’être douce avec notre île cette année encore, d’épargner nos voisins caribéens, notre sort entre tes mains.
4 replies to "Aromatheque d’urgence (cyclones, tsunami, tremblements de terre…)"
Bonjour Cécile,
Quelle réflexion : choisir uniquement 3 HÉ, waouh, quel challenge!
Tout dépend de la saison en ce qui me concerne.
En été, je dirais Lavande aspic (épatante sur une allergie cutanée disparue en moins de 24h après traitement, contre aucune amélioration durant les 48h précédentes avec des baumes sans cette HE) pour les piqûres, les brûlures mineures, les rash cutanés, certaines douleurs dont les maux de tête liés au stress, etc. ; Géranium rosat pour prendre soin de ma peau au quotidien, éloigner les moustiques et mouches en tout genre, et pour son côté assainissant mais pas que ; ça se complique : Tea tree qui est polyvalent mais peut-être trop généraliste, mais rafraîchissant pour les jambes lourdes en plus de ses innombrables vertus contre divers germes ? Ou Origan compact pour les vraies urgences (gastro ou intoxication alimentaire, début d’angine etc.)? Je n’ai pas tranché. Hop, les 4!
En hiver : Eucalyptus radiata, origan compact et palmarosa (soigner les affections hivernales et prendre soin de sa peau). Et la lavande vraie pour la détente etc.
En automne : Ravintsara, Tea tree, Origan compact et menthe. Oui, je suis à 4.
Printemps : encore Origan compact, du nouveau avec fenouil doux et cyprès toujours vert contre la toux spasmodique, je conserve l’eucalyptus radiata, la lavande vraie, mais difficile de lâcher une HE spéciale peau comme le géranium rosat ainsi que la polyvalence du Tea tree. Je sais, j’ai dépassé. Oups.
Pour le reste des fournitures, ce serait un peu long. Mais l’exercice est sympa. A minima, un flacon vide avec spray + alcool à 70% pour fabriquer un spray aux HE en tout temps; oui de l’huile alimentaire; un baume neutre qui peut me servir aussi à diluer les HE; oui à la cuillère à café; savon de Marseille (hygiène, lessive à la main) ; mini Leatherman pour femme ; ETC…. (je n’ai pas terminé).
Au plaisir de lire vos listes.
Merci pour le partage de tes réflexions, tu as raison, selon la saison et le lieu, ce ne sera pas la même chose! Bonne idée le spray « neutre » je vais te la piquer 🙂
Bonsoir Cécile, bonsoir à toutes et à tous,
joli joli poème comme la douce Cécile.
Merci Yemmas 🙂