Les lavandes, c’est toute une pagaille en aromathérapie avec leurs noms différents. Et si on y ajoute les lavandins, qui sont des variétés hybrides, c’est à dire un croisement de lavandes vraies et de lavandes aspic, alors là, on est pas sortis de l’auberge ! Alors… oserez-vous?
D’autant que comme d’habitude, il est difficile de trouver les huiles essentielles de la meilleure qualité : le tout venant ne présente pas tout à fait les mêmes propriétés. Mais ça, évidemment, personne ne va vous le dire !
Mais qui penserait à s’intéresser à la qualité d’un lavandin ? Créés par l’homme pour augmenter les rendements (oui, il y a bien une histoire bucolique de petites abeilles évoquées ici et là, c’est vrai), ces plantes sont souvent dénigrées comme étant une lavande au rabais en quelque sorte. Alors que c’est totalement faux (je m’insurge).
Quand on creuse un peu le sujet, on voit que les lavandins offrent des propriétés exceptionnelles pour une toxicité moindre que leur parent aspic (jusqu’à 50% de cétones pour l’origine portugaise… oups). Pour moi, le top du top à avoir dans sa trousse d’aroma est le Lavandin abrial, car c’est celui qui sera le plus efficace sur les crampes musculaires. Un vrai must have des grands sportifs comme des amateurs du dimanche qui reviennent toujours cassés en deux de leurs exploits ! C’est d’ailleurs celui-ci qu’on devrait trouver dans les cabinets des kinés. Son efficacité exceptionnelle est due à la présence de camphre (bornéone), comme dans le très fameux baume du tigre ! L’avantage, c’est qu’elle en contient bien moins que la Lavande stoechade ou que certaines lavandes aspic, délicates à utiliser, mais bien plus que dans les autres variétés de Lavandin.
Pour résumer, c’est l’équilibre parfait des esters antispasmodiques de la lavande vraie et du camphre de la lavande aspic, notre lavandin abrial ! Alors pourquoi se fait-il si rare ? Mystère…
En tout cas, pour terminer ce tour d’horizon des variétés de lavandins (Lavandula hybrida ou Lavandula burnatii), je voulais signaler la vente de lavandin Grosso pour un usage en aromathérapie : très très surprenant quand on sait que sa qualité médiocre (c’est pas moi qui le dit mais Michel Faucon) le destine aux produits de toilette et aux savons ! J’imagine qu’il faut bien l’écouler… vu qu’il constitue plus des ¾ des cultures !
Le lavandin Super est celui que vous trouverez le plus certainement. On l’utilise plutôt comme substitut meilleur marché à la lavande vraie dont il est très proche. Si vous avez une lavande vraie, fine ou officinale dans votre trousse, il n’est pas utile : ça va faire doublon et en plus il contient du camphre lui aussi qui le rend moins évident à utiliser notamment chez les jeunes enfants et femmes enceintes.
On a également des variétés encore plus rares à trouver : le Reydovan qui contient beaucoup de géraniol et de linalol est tonifiante, utilisée en cas de fatigue, contrairement à tous les autres qui sont apaisantes et euphorisantes grâce aux esters.
Enfin, vous avez peu de chance de tomber sur la variété Sumyan, surtout utilisée en parfumerie.
Ah au fait… vous ne devriez pas trouver le lavandin des petits sachets typiques du sud de la France à mettre dans le placard : cette variété est ornementale, on ne la distille pas !
Ouf ! Quel bazard, non ?
Composition de l’huile essentielle de lavandin abrial
Oui, j’assume, j’ai fait mon choix, ce sera la variété abrial. Vous devriez trouver sur le flacon la mention « Lavandula hybrida var. abrial ou Lavandula abrialis». S’il est indiqué Lavandula burnatii sans rien de précisé, c’est qu’il s’agit du Lavandin Super. Et ce même si le nom en français indique abrial. J’ai également trouvé « Lavandula burnatii clone abrialis », mais dans ce dernier cas j’ai un doute (grrrr… c’est une honte je vous jure !!! Et je ne l’invente pas, à chaque fois que j’écris un article, je parcoure les sites de vente des marques les plus connues). Bref…
- Monoterpénols : linalol (35-40%)
- Esters : acétate de linalyle (30%)
- Cétones (10%) : camphre (bornéone)
- Oxydes (10%) : 1,8-cinéole
- Monoterpènes : ocimène
La composition nous laisse envisager une tolérance cutanée à hauteur de sa parente la lavande fine. A tel point qu’il est possible de l’utiliser pure (toujours exceptionnellement!). Par contre, la présence de cétones monoterpéniques et notamment du camphre réputé particulièrement neurotoxique devrait nous alerter. Contrairement à la lavande aspic ou à la lavande stoechade, les quantités dépassent rarement les 10%, ce qui pour un adulte en parfaite santé ne pose pas de problème pour peu que l’on ne s’amuse pas à expérimenter une prise par voie orale en improvisant les dosages !
C’est une huile essentielle à utiliser avec précaution chez la femme enceinte (déconseillé) et de toute manière interdite pendant les trois premiers mois de grossesse. On s’interdira une utilisation par voie orale et on adoptera les mêmes précautions avec les bébés et les enfants de moins de 6 ans, sauf avis contraire d’un thérapeute.
Petite note perso : je vous déconseille vraiment d’avaler des huiles essentielles camphrées. Je sais qu’a priori rien ne l’interdit dans la plupart des ouvrages, mais pour ma part, ça reste un souvenir inoubliable (dans le mauvais sens du terme).
Propriétés de l’huile essentielle de lavandin abrial
Grâce aux esters, c’est une antispasmodique, légèrement sédative tout comme la lavande fine. Sa particularité réside dans la présence de camphre qui lui confère des vertus décontractantes pour les muscles.
Les monoterpénols apportent une touche « anti-infectieux » notamment mise à profit pour prévenir les poux et les puces. Elle est également immunostimulante, vulnéraire, tonique cardio-vasculaire et anti-inflammatoire. En un mot : l’huile essentielle de lavandin est précieuse et a toute sa place dans votre trousse d’aroma, peut-être pas pour toute la famille, mais au moins pour vous.
Utilisations et voie d’administration de l’huile essentielle de Lavandin abrial
Voir orale
J’éviterai en raison de la présence de camphre. Le dosage s’avérerait délicat, avec un risque de neurotoxicité et une excitation due à la loi d’inversion des cétones, à l’opposé de l’effet calmant recherché. En plus, au vu de ses vertus, je ne vois pas l’intérêt : un massage est plus indiqué. Ou une diffusion.
La seule utilisation qui s’en approche est donnée par Sommerard, mais sans préciser à quel lavandin il fait référence pour les angines, amygdalites, enrouements et autres maux de gorges. Mais attention, je parle de gargarisme et non pas d’avaler l’huile essentielle : 3 gouttes dans une cuiller d miel qu’on délaye ensuite dans un verre d’eau tiède et ensuite… on fait « glouglou » avec force de bruits comme quand on était enfant- le seul passage amusant du brossage de dent, non?- et on recrache.
Voie atmosphérique
Oui ! Pour tout ce qui est de la recherche d’un état de bien-être, détente, relaxation voire même pour induire le sommeil (en profitant d’une diffusion 30 minutes avant l’heure du coucher… et hop ! Au dodo). C’est vrai que la présence de cétones est en général un frein à la diffusion. Mais ici, la quantité ne dépasse pas (normalement, il vaut mieux le vérifier) les 10%, donc c’est acceptable. L’idéal serait de l’utiliser en mélange avec une essence d’orange douce par exemple (j’adore ce mélange orange-lavande, je trouve que les deux sont sublimées, mais c’est un avis très personnel).
Je n’ai pas trouvé d’usage en inhalation, je crois que c’est inapproprié à cause du camphre d’une part et d’autre part… ce n’est pas vraiment une huile essentielle indiquée pour les problèmes respiratoires, disons que ce n’est pas sa spécialité.
Voie cutanée
Ah le massage ! Ce n’est pas pour rien que c’est une des chouchoutes des kinés et des préparateurs sportifs 🙂
C’est évidemment de cette façon que l’on va pouvoir à la fois se préparer à un effort physique en l’utilisant en friction et se remettre de notre effort physique une fois qu’on aura bien transpiré (douleurs et contractures musculaires, claquage aussi) ou même avant si on est arrêté par une crampe en cours de route. Elle est souvent associée au romarin à cinéole dans ces préparations, ainsi qu’à la Menthe poivrée pour avoir un petit effet froid (seulement après l’effort dans ce cas, sinon vous pourriez tomber positif au contrôle antidopage à cause du menthol ! Oups… non, je plaisante, c’est par voie orale que vous pouvez avoir des problèmes avec la menthe;)).
Elle est même intéressante en association avec le Ciste ladanifère sur les plaies et petites coupures. Vous pouvez imaginer, selon le sport que vous pratiquer, à quel point elle peut trouver sa place dans votre sac !
Pour les dilutions, en général on en aura besoin à 10% que ce soit sur les muscles ou la circulation sanguine. Il est intéressant de la coupler avec une huile végétale aux vertus anti-inflammatoire comme le macérât de millepertuis par exemple.
On la retrouve également, cette fois sous sa casquette d’anti-inflammatoire dans les synergies contre les rhumatismes, mais ce n’est pas forcément sa grande spécialité.
Et on l’utilise aussi comme tonique circulatoire, en association cette fois avec le Cyprès toujours vert (jambes lourdes, hémorroïdes, varices par ex).
Pour l’action anti-puces et anti-poux, assez peu documentée il faut l’avouer, l’astuce que j’ai pu trouver est d’en déposer, en préventif, une goutte derrière l’oreille. J’ignore si ça fonctionne… on m’a dit le plus grand bien du Tea tree aux dépens de la lavande pour cette utilisation, alors… si vous avez des retours d’expérience, n’hésitez pas !
Aromathérapie énergétique du Lavandin abrial
Il faut savoir qu’elle est légèrement hypotensive, d’où aussi son effet calmant sur les personnes ayant un tempérament explosif. C’est d’ailleurs sur ce dernier point, pour calmer les tempéraments « pitta » (de feu), que Lydia Bosson propose le Lavandin abrial en aromathérapie énergétique. Il est associé au chakra coronal, comme souvent les huiles essentielles à cétones.
15 replies to "Huile essentielle de lavandin: abrial, grosso ou super?"
Sur le commentaire dans votre texte : « J’ai également trouvé « Lavandula burnatii clone abrialis », mais dans ce dernier cas j’ai un doute (grrrr… c’est une honte je vous jure !!! Et je ne l’invente pas, à chaque fois que j’écris un article, je parcoure les sites de vente des marques les plus connues). Bref… », j’ai trouvé ceci qui pourrait vous répondre à votre interrogation : « À l’instar de son frère, le lavandin super, cet hybride est stérile et nécessite l’intervention de l’homme pour être reproduit par clonage. » (https://essentiel-des-huiles.com/huiles-essentielles/lavandin-grosso/)
Bonjour, je viens d’acheter l’abrial pour calmer la nervosité et je voulais savoir quelle est la meilleure façon de le consommer ? J’aimerai le faire par voie orale mais après avoir lu votre article je suis un peu réticent
Bonjour Adil, vous faites bien d’hésiter! Ce n’est pas la plus adaptée pour la nervosité, et certainement pas par voie orale, préférez le massage fortement diluée dans une huile végétale ou éventuellement olfaction format stick inhalateur par ex
Bonjour.
Comme je vois que vous connaissez les HE, je me permets une question, car moi, je ne m’y connais pas bien et j’ai fait des bêtises. J’ai utilisé, il y a plusieurs années, des HE de Lavande aspic et de Tea Tree dans mes chaussures. Aujourd’hui, quand je reprends les mêmes chaussures, je ne me sens pas très bien, je suis rapidement imprégnée d’HE que j’élimine par la transpiration, contaminant au passage mes vêtements et mes draps. Je n’arrive pas à éliminer ces molécules par le lavage, car dans la machine à laver, elles se mélangent avec la lessive. Existe-t-il un moyen de neutraliser ses huiles sur mon linge et dans mes chaussures, car je n’ai pas envie de les jeter? Le bicarbonate de soude ne fonctionne pas.
Je vous remercie par avance pour votre réponse.
Bonjour Eléonore, de part leur procédé d’obstnetion (distillation), les HE contiennent des molécules très volatiles. Quelques gouttes déposées sur un tissu s’évaporent en quelques heures, surtout pour ces deux HE (ce sera un peu différent avec les résines ou des HE contenant des molécules plus lourdes). Donc il est peu probable que le soucis viennent de là!
[…] 6 gouttes Huile essentielle de Lavandin […]
Peut-on associer Lavandin abrial, romarin ct camphre, gaulthérie et menthe poivrée dans une synergie pour rhumatismes articulaires? Si oui quelle huile végétale et quelles proportions? merci pour la réponse.
Bonjour, oui c’est possible. Vous trouverez quelques propriétés d’huile végétale ici pour faire votre choix: https://plante-essentielle.com/quelle-huile-vegetale-choisir-pour-diluer-huile-essentielle/
Déconcertée après avoir lu cette article :/ moi qui cherchais simplement si je pouvais associer mon lavandin (lavendula hybrida var. grosso) avec ma verveine citronnée en synergie dans mon diffuseur … et finalement je me retrouve à ne plus savoir quoi en faire de mon lavandin (lavendula hybrida var. grosso).
Puis je vous poser la question maintenant que je me suis placée dans le sujet de quoi faire de mon lavandin (lavendula hybrida var. grosso), bien que peu onéreuse, j’aimerai bien la rentabiliser efficacement ^^
Merci
Et bien je trouve cet article assez lamentable quand même! Votre lavandin grosso n’en reste pas moins du lavandin, si votre huile essentielle est chémotypé avec le détail des molécules vous verrez que ce lavandin est très proche du lavandin super. Et ce n’est pas parce que votre lavandin possède une odeur légèrement plus fraîche qu’il est pour autant moins efficace. Une plante c’est une plante, si elle est cultivé correctement elle n’as rien d’inférieur à une autres! C’est quand même délirant ce genre de propos (je parle de Michel Faucun et de la personne qui écrit cet article). Tenir ce genre de propos c’est comme dire que le bêta-carotènes des carottes n’est pas aussi bon que celui de la patate douce. Ça ne repose sur rien à part des goût personnel subjectif.
Allez vous faire un avis en lisant les commentaire client du lavandin grosso sur AromaZone, on verra si c’est une plante au rabais. Bon évidemment je me doute que depuis 2020 votre flacon est vide j’espère néanmoins qu’il n’est pas partie à la poubelle. Si d’autre lisent ce commentaire expérimentez votre huile essentielle et otez vous de la tête que c’est un produit minable tout ça parce que trois guignole l’on décrété de façon arbitraire !
Personnellement je n’aime pas trop le lavandin (grosso, super) que j’ai acheté sur Aroma-Zone justement. J’avais acheté avant du lavandin directement à un producteur et il avait une odeur plus intense. Je ne sais pas quelle variété de lavandin ils cultivent et je ne peux plus repasser commande sur leur site car j’habite à l’étranger. Du coup, j’envisage de tenter une autre variété de lavandin.
Ceci dit, cela dépend sans doute d’autres facteurs que de celui de la variété seule.
Bonjour,
Je viens d’acheter une HE lavandin abrial en croyant acheter une HE lavandin super. Comme je n’avais pas vérifié le nom de celle que j’achetais car je croyais qu’elles étaient toutes des « super », de retour chez moi, en voyant qu’elle n’avait pas le même nom, je suis allée chercher sur internet. Sur le site d’Onatera, ils nous disent que c’est la même chose et j’ai noté ma découverte sur l’une des pages de formation. Comme je suis perfectionniste, je viens de refaire une recherche et, Cécile, je découvre ton article. Si j’avais su, je serais d’abord aller voir sur ton site.
En tout cas, maintenant, je sais qu’il me faut absolument tout vérifier. Cependant, ayant déjà de la lavande fine, je ne regrette pas cet achat.
Bonjour Véronique, eh oui, on s’y perd! En tout cas le choix de l’abrial plutôt que le super me semble judicieux si tu as besoin d’une HE avec du camphre, sur les douleurs. Elle est plutôt polyvalente 😉
Bonjour Cécile,
quand vous dites que l’on peut mélanger une le lavandin abrial, le romarin cineole et la menthe poivrée, est-ce que cela sous entend que l’on peut faire un synergie soi meme genre 3 gouttes de chaque dans 18 gouttes de millepertuis ce qui si mes calculs sont exact fait du 33% ? c’est un peu fort mais bon si c’est sur une petite zone…
Merci pour votre réponse
Jean-Denis
Bonjour Jean-Denis, décidément, vous êtes un fan de synergie 🙂 Alors, oui, c’est tout à fait ça dans l’idée, par contre pour le dosage, je serai davantage sur du 10% car c’est une synergie pour les douleurs musculaires, le sport. Je mettrai moins de menthe que les deux autres, car elle n’a pas vraiment de rôle thérapeutique ici, c’est surtout pour le côté froid, mais le « mordant » de cette huile essentielle peut être désagréable. En plus, entre le lavandin abrial et la menthe on cumule des cétones. Voilà voilà 🙂