Parfois j’oublie… ce que c’est d’être malade, ce que c’est d’être malade et seule, ce que c’est d’avoir peur et de ne pas savoir ce qui se passe, ce que c’est d’être confrontée au système médical et de ne plus être tout à fait un être humain l’espace de quelques heures. Tout à coup, tout bascule, en remettant les clés de sa santé à un tiers, on n’est plus qu’un numéro, un objet d’examen à qui on n’explique que la moitié des choses, un corps sans âme et sans substance, une chose inerte. Et c’est cette autonomie, durement acquise par l’utilisation des plantes pour se soigner pendant des décennies qui vacille l’espace d’un instant, d’un doute.

J’ai longtemps hésité à partager cette expérience survenue en septembre tant le contexte lié à l’épidémie de COVID-19 est tendu, clivés que nous sommes par des idéologies sectaires largement médiatisées et l’interprétation des faits revisités pour mettre les cerveaux hors tension (ou la tête dans le sable, c’est selon). J’imagine que dans ce témoignage, chacun trouvera du grain à moudre pour sa propre cause ou théorie. Pour ma part, j’espère clarifier ce que sont les symptômes de la dengue, cette maladie qui est transmise par les moustiques et circule activement en Martinique et dans les petites Antilles actuellement. Tellement activement, qu’elle a fait 7 morts en septembre ici tandis que le COVID en faisait 4. Parmi des jeunes. Et de l’aveu de l’ARS, c’est la plus grande épidémie de dengue depuis 15 ans. Complètement invisibilisée par le COVID, les moyens mis à disposition devraient pourtant comprendre a minima de la démoustication et l’enlèvement des encombrants (la dernière fois que je suis allée à la déchèterie, c’était grève et les encombrants prenaient l’eau devant le portail en pleine saison cyclonique). Mais que fait la CTM ? Ah on me souffle à l’oreillette que ça y est… les opérations viennent de débuter, nous sommes en novembre.

Comment on attrape la dengue ?

Pour ceux qui vivent sous des climats tempérés, j’imagine que la dengue c’est une maladie bien loin des préoccupations quotidiennes, un truc pas cool des tropiques à placer dans la case malaria et chikungunya. Alors, rappelons qu’elle se range sous le doux nom d’arbovirose, dans les maladies à transmission vectorielle et avec un vecteur bien connu : le moustique. Vous êtes piqué par la mauvaise bébête et vous êtes infecté. On se dit qu’en vacances, il suffit de porter des vêtements longs et de mettre du répulsif. Mais quand on vit ici au quotidien, on s’habitue, on n’adopte plus tant que ça ces gestes simples de précautions, on vide simplement les soucoupes des plantes et du pot à brosse à dent de leur eau, on diffuse un peu de lavande et de citronnelle de temps en temps mais… on a forcément des piqûres ! C’est un risque qu’on accepte, comme quelque chose qui fait partie de notre paysage habituel. Un virus bien de chez nous quoi, qui ne provoque pas une clôture des frontières ou des amendes pour non port du produit anti-moustique.

Symptômes de la dengue et déroulement sur 5 jours

Le lundi (ça c’est les notes de mon carnet), pas envie de me faire à manger, alors je tape dans mes réserves, mes boîtes en cas de cyclone. En fait, je n’ai pas tant que ça le cœur à manger même si je me décide vers 15h à avaler mon cassoulet. Le soir, impossible d’avaler quelque chose, je pense à une intoxication alimentaire. Saletés de boîtes… je ne mange pas souvent des plats préparés, je m’en souviendrai ! La nuit est longue, je suis réveillée par des douleurs. Je me dis que c’est mes menstruations arrivées la veille, je ne fais pas plus attention que ça.

Mardi matin, j’avale difficilement mes tartines. Je me résigne même à jeter une tartine déjà beurrée, elle était racie de toute façon. Ca ne passe pas. Je vais chercher du pain frais à la boulangerie, et un pain au chocolat en me disant que ça passera peut-être mieux (je mange salé le matin). J’ai mal à la jambe, je boitille. J’attend debout dehors sous le soleil, par 35°C sur le bitume, COVID oblige, le nombre de personnes à l’intérieur est limité, il doit être 10h. Quand je remonte chez moi, dans les escaliers, je me dis que je n’y arriverai pas. J’ai de plus en plus de mal à marcher. Je crois que je vais m’allonger ici dans les escaliers, c’est un effort surhumain. Arrivé au dernier étage, enfin, je ferme la porte et je m’affale littéralement sur le canapé. 3h plus tard, je me réveille avec un filet de bave sous la tête. J’ai un peu faim. Tiens, il y a un pain au chocolat sur la table. Miam. Je le dévore avant de me sentir un petit coup de fatigue… je me réveille de nouveau, cette fois il est 16h. Je prend conscience que quelque chose cloche. Je suis un peu plus lucide et j’analyse la douleur. Ca me prend au niveau de la hanche ou de l’ovaire ou de l’aine à droite, c’est pas hyper localisé et ça irradie dans la jambe jusqu’au bout du pied. Je passe en revue ce que ça pourrait être : calcul rénal ? Trop hauts les reins, un kyste ? Ça irradierait pas dans le pied. La zone du bassin est brûlante, mais comme j’ai mes règles c’est plutôt normal. Une sciatique ! (Bip, mauvaise réponse, en faisant quelques recherches aujourd’hui pour écrire ce témoignage, je découvre qu’il pourrait s’agir d’un rhume de hanche. C’est une douleur qui apparaît parfois en cas d’infection virale, plutôt chez les enfants, mais bon, je suis jeune dans ma tête, ça compte ?)

Cette sensation de pincement, cette douleur qui irradie jusque dans le pied, je ne connais que la sciatique à ce moment là. Ca me semble logique et je m’emploie à faire un cataplasme avec de l’argile et de l’huile essentielle de Gaulthérie. Soulagement immédiat de l’inflammation. Bon bah voilà problème résolu, un peu de patience et ça passera tout seul. En attendant, j’ai rien envie de manger. J’essaye de me faire quelque chose de sympa, mais impossible d’avaler, je congèle. J’opte pour de la compote et du concombre. Je bois beaucoup. La nuit est entrecoupée de réveils bizarres avec des cauchemars.

Mercredi, je gère la douleur avec la gaulthérie, honnêtement avec ça je n’ai plus mal, je sens que ça va mieux, je me repose, j’ai une réunion importante le lendemain, je veux être au top pour mes élèves. Mais j’ai des sueurs froides et chaudes par moment, des plaques rouges sur le visage… pas très gracieux tout ça. J’ai une tête affreuse. Bon bah ça ira demain !

Jeudi : ce matin, c’est grandiose, à peine mes tartines sorties du sac de pain, c’est la nausée. Un haut-le-coeur énorme. J’attrape la bassine et je me dis, en méditant au-dessus du plastique gris que ça fait quand même 3 jours qu’il y a visiblement un soucis avec mon corps qui fait n’importe quoi… prise de conscience : je suis malade ! Mais après ma conférence du matin, que j’assure comme je peux (désolée les « Propylée »), j’arrive le midi à manger un petit bout de fromage et de jambon sur du pain avec une feuille de salade. Ca s’appellerait un sandwich certainement si ça faisait plus de deux bouchées. C’est mon premier vrai repas depuis lundi midi.

Après mûre réflexion, je décide d’exploiter ce mini apport en énergie. C’est vrai, après tout même si j’ai mal aux yeux avec l’impression qu’on me pousse les orbites de l’intérieur, je n’ai plus mal à la jambe, c’est la fête! Je sors pour acheter des trucs que j’ai envie de manger. Je vois bien que rien ne me plaît dans l’appartement à part les tisanes que j’avale par litres (merci l’atoumo du balcon). Fait bizarre j’achète un tas de trucs que je ne mange plus depuis une quinzaine d’années : des brioches industrielles, des barres chocolatées, des yaourts, des cookies en boîte… bon j’achète aussi une cargaison d’oranges, je ne sais pas mais en les voyant j’ai eu envie de pleurer tellement elles me faisaient envie ! Je reviens un peu perplexe avec mon butin, mais peu importe il faut que je recommence à m’alimenter, je vais pas continuer à jeûner, j’ai déjà perdu 2 kilos.

Vendredi : petit-déjeuner d’un nouveau genre, sucré. Plus de nausée, plus mal à la jambe, je mange… je me félicite d’avoir surmonté cette sciatique bizarroïde, pressée de reprendre le cours de ma vie très ralentie, jusqu’au moment où je me brosse les cheveux. Je manque de m’évanouir : j’ai tapé dans des ganglions à l’arrière de la tête gonflés comme des balles de ping-pong. Qu’est-ce que c’est que cette nouvelle histoire ? Des petits rouages se mettent en branle dans ma tête : ganglions/ système immunitaire/ infection. Ah ? Ce n’était pas une sciatique… mal aux yeux, plaques rouges, perte d’appétit. C’est comme un puzzle qui s’assemble. J’ai oublié de dire que je prend de l’huile essentielle de cannelle feuille par voie orale depuis mercredi, au cas où… et là c’est trop c’est comme si je me laissais tomber. Je craque, je me dis que je vais crever là toute seule, que tout le monde s’en fout de moi, « je suis le mal-aimé » et autres chansons douces, qu’on retrouvera mon corps décomposé, etc, etc, sortez les violons.

Donc en résumé:

  • Jour 1- perte d’appétit
  • Jour 2- douleurs articulaires, fatigue
  • Jour 3- sueurs chaudes et froides, plaques rouges/ boutons sur le visage
  • Jour 4- amélioration- nausée
  • Jour 5- rechute, ganglions
  • Jour 6 et 7: ça passe!

Choc des cultures : rendez-vous chez le médecin

Une fois les larmes séchées, je reviens à la raison et appelle le toubib pour un rendez-vous. C’est sans rendez-vous, je dois venir sur place. Bon bah ok, j’arrive, masque sur la bouche, alcool sur les mains. Et là, c’est surréaliste. Je me demande si c’est mon état de fatigue, si je délire ou si je vis bien ce que je suis en train de vivre. J’explique mes symptômes, la sciatique, la perte d’appétit, mes ganglions, je suis en sueur. On me demande trois fois si j’ai de la fièvre ou si j’en ai eu. Je n’en ai pas la moindre idée, je n’ai pas de thermomètre chez moi. Le ton monte, c’est l’hystérie, elle part chercher un pistolet à température et me le braque sur le front. 36,4°C. Ca ne peut pas être bon, elle s’y prend à 3,4, 5 reprises en s’énervant sur l’appareil. Je reste stoïque, je suis trop fatiguée pour lui faire remarquer qu’elle perd ses nerfs. Ont atteint 36,5°C. De toute évidence je n’ai pas de température, mais je crois que ça la panique encore plus. Elle va chercher le toubib et le sort de sa consultation. Re-questions. Re-même réponses. Il paraît que ce sont les symptômes du COVID. Je me défend que je n’ai pas mal à la gorge, pas de rhume. Je réponds non, je n’ai pas perdu le goût, j’ai perdu l’appétit, c’est pas pareil. Je suis crevée, je me sens comme une pestiférée et je ne peux même pas préciser mes symptômes. Ils me font peur les deux.

Quand vient mon tour 2h plus tard, je me dis que je vais enfin être auscultée et que je vais enfin pouvoir dire ce qui m’amène ici. Mais pas du tout. Le médecin a déjà une idée du diagnostic : dengue ou COVID. Je ne comprend pas tout ce qu’il dit, il a un fort accent étranger et la voix voilée. Il me fixe sans rien dire… j’ai l’impression que je dois choisir mon diagnostic… je me vois tout à coup dans l’émission de Jean-Pierre Foucault, j’ai peur de me planter…. pas d’avis du public… je dis… « dengue » ? Alors il me montre sur son écran d’ordi une image sortie de google avec un gros moustique et les symptômes de la dengue.

dengue-symptomes-martinique
C’est celle-ci je l’ai retrouvée!

Ca me paraît correspondre plutôt très exactement. Je suis rassurée. Je n’ai pas la moindre idée du traitement proposé pour la dengue, mais vu les derniers jours que j’ai passé, je suis tout à fait ouverte à une autre proposition que les huiles essentielles ! Et puis la dengue, c’est quand même plus rassurant que le COVID, ça au moins c’est une maladie fiable, connue, respectable, pas l’objet d’une crise de panique mondiale !

Mais pour l’instant, pas de traitement, il griffonne au feutre sur une feuille de papier. Les taux de létalité de la dengue. Euh… il se fout de moi ?! Sérieux, je viens pas chez le médecin pour qu’on se prononce sur mes chances de mourir !!! Je ne sais pas si il se veut rassurant quand il conclue que tant que je n’ai pas de saignements, c’est que c’est bon. Et si j’en ai ? Après tout, tous les jours je me réveille avec un nouveau symptôme depuis lundi, alors… Vu l’apparition des ganglions, on le saura sous 2-3 jours si je suis tirée d’affaire. Fantastique. J’aurais préféré l’ignorer, merci. Bon, venons-en au traitement, c’est pas tout, mais je passe pas 2h à attendre ici pour un cours sur la dengue ! Ah non, il embraye sur le COVID-19. Ca peut être la dengue, mais ça peut aussi être le COVID, j’ai eu des cas cette semaine, ici même… grand blanc… regard vide de ma part… que me raconte ce monsieur qui ne m’a pas ausculté, même pas pris la tension, est caché derrière une visière, plus un masque en papier + une vitre en plexiglas derrière son bureau ??? Faut savoir, c’est la dengue ou le COVID ? Je veux dire, si je viens ici, c’est pour payer un diagnostic, pas jouer à la loterie ! Je deviens suspicieuse.

Je ne comprend plus rien, je suis fatiguée, j’essaye de rester lucide mais la situation commence à devenir ubuesque. Il en revient au traitement de la dengue, ouf, on va peut-être me soigner pour ma maladie non imaginaire, c’est un soulagement. Il me prescrit du …. doliprane. Grand blanc, regard vide (image d’une vache machouillant un brin d’herbe en regardant passer le train), je ne peux pas tomber plus bas que ma chaise, ça c’est une certitude. Euh… pour quoi faire exactement ? Apparemment je n’ai pas de fièvre, malgré l’insistance de son assistante à vouloir que j’en ai une…. Pour les douleurs. Je n’ai plus de douleurs.

  • « Mais comment vous faites pour les douleurs ? »
  • « Avec mes huiles essentielles bien sûr ! »
  • « Du coup vous ne voulez pas de doliprane. »
  • « Ben… non… « 
  • « Alors voilà une ordonnance pour une analyse de sang pour vérifier que c’est bien la dengue. »

Ok, bon au moins, comme ça je serai sûre. Et voilà qu’il revient à la charge.

« Mais ce serait bien de tester le COVID aussi, parce que ça peut aussi être les symptômes du COVID. »

Il me tend un post-it en guise d’ordonnance pour un test COVID. Avec un numéro de téléphone. Du labo. C’est la première fois que je vois une ordonnance de ce genre : un bout de papier griffonné ! C’est dommage je ne l’ai pas gardé, j’aurais mis une photo. Jamais eu de prescriptions aussi originales ! Alors, je sais que je suis crevée, que toutes mes capacités mentales ne sont pas au rendez-vous, mais pourquoi vous me donnez un post-it ?!!! Franchement, j’essaye de faire un effort, mais là je suis encore plus perdue que sur la question du quitte ou double…

Réponse,

« vous faites comme vous voulez, il n’y a pas d’obligation, ce serait mieux de faire le test, mais je ne veux pas vous forcer.  »

C’est gentil. Enfin, je crois. Parce que sinon il peut me forcer ? C’est pas clair, vraiment pas clair. Mais je ne suis pas en état de réfléchir par moi-même. J’opte pour la solution la plus simple : faire ce qu’on me dit, après tout, chacun son métier.

Le COVID c’est contagieux ou pas finalement ?

Au labo, je téléphone pour le test COVID, on me dit de passer pour prendre les papiers. OK… je croyais que c’était une maladie super dangereuse, contagieuse, qu’on devait confiner les malades, mais juste je passe prendre le papier ? Là-bas, on me tend gentiment un stylo pour que je puisse noter les heures pour la prise de sang le lendemain. Plutôt que de me le noter. C’est tellement plus fun quand on se partage tous les objets contaminants ! J’ai l’impression d’être dans un monde parallèle. D’autant que le COVID, c’est pas pressé, c’est fermé, donc ce sera lundi pour le test. Sachant que j’ai commencé à être malade le lundi, ça servira bientôt plus à grand chose de me tester. D’accord, donc je contamine qui je veux en attendant lundi ? Je passe sur l’attente de plusieurs heures en plein soleil, sans abri, sur le bitume pour la prise de sang le lendemain matin (où on ne teste que la dengue, pas le COVID, pourquoi ? Mystère, ça nous aurait quand même donné une information!). En large compagnie (pourvu que je contamine personne). De toute façon, ça va mieux, j’ai commencé à m’alimenter normalement vendredi soir. Ma dengue pour autant que la prise de sang le confirme aura duré 5 jours.

Les tests COVID : une organisation pour vacanciers

Le lundi, lorsque je vais faire le test COVID par acquis de conscience, je tire le numéro 80 et quelques alors qu’ils sont en train d’appeler le 32 si mes souvenirs sont exacts. Je me retrouve sur ce grand parking avec tous les vacanciers en partance de l’île qui font le test pour prendre l’avion 72h à l’avance. On discute, certains défient l’autorité en mettant leur masque sous le menton pour me parler à 15 cm du visage (pourvu que j’ai bien la dengue et pas le COVID), bref il n’y a pas de file prioritaire pour les gens potentiellement malades ou contagieux comme moi, c’est formidable. Je vois la première personne passer. La dame hurle quand il enfonce le coton tige en lui maintenant la tête. Je suis choquée par la procédure. Je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi invasif. Ensuite, c’est au tour d’une famille anglophone qui se fait engueuler parce qu’elle n’a pas répondu à son numéro. Les deux enfants passent et sortent de là en chialant toutes les larmes de leur corps, j’ai le cœur brisé, ils ont peut-être 5-6 ans. L’infirmier qui fait les prélèvements est énervé, ça se sent dans son attitude, dans sa voix lorsqu’il interpelle les badauds qui regardent la scène comme au spectacle (après tout, les salles de théâtre sont fermées!). Puis c’est le tour du monsieur, il ne crie pas, ne pleure pas et j’allais être rassurée quand je le vois approcher : il pisse le sang, son nez dégouline. C’en est trop. Je ne veux pas me faire embrocher par un coton-tige géant, j’ai assez souffert la semaine dernière.

Voilà comment un cas potentiel de COVID échappe à la détection ! L’après-midi, je reçois un coup de téléphone. Je me sens un peu coupable, mais j’avoue la vérité, non c’est vrai, je n’ai pas fait le test, je me suis découragée. Non je ne reviendrai pas demain, sauf si on me donne un rendez-vous et que je ne suis pas obligée d’attendre 3h sur un parking en plein soleil, je suis convalescente, moi ! Non, ce n’est pas prévu comme ça. Oui, merci d’effacer mon dossier, n’en parlons plus, faisons comme ça.

Quelle épidémie cache l’autre ?

Autant, depuis le début de l’épidémie, je n’ai croisé qu’un seul malade du COVID, autant, la dengue, c’est l’hécatombe. La voisine, la coach, la prof de danse… tout le monde l’a eu. Il faut dire qu’avec 6000 personnes qui consultent en l’espace d’un mois, ça fait du monde. Contre 600 pour le COVID qu’on est allé chercher et diagnostiquer car parfois asymptomatiques via les clusters et compagnie, sans compter le dépistage obligatoire pour les déplacements…

Et entre malades, on s’accorde sur deux choses : la virulence du virus (tout le monde prend un sacré coup, on n’a jamais connu une dengue pareille) ET on nous demande à tous de faire un test COVID-19. C’est une sorte d’offre j’imagine, pour une dengue chopée, un test covid offert ? Mais quand même, ce sont deux maladies différentes ! Je consulte les sites officiels :

  • dengue : douleurs oculaires, plaques rouges, fièvre, nausées et vomissements, douleurs articulaires, maux de tête, adénopathie (ça c’est les ganglions gonflés)
  • covid : fièvre, toux sèche, perte d’odorat et goût, diarrhées, maux de gorge, maux de tête

Ce sont deux maladies à symptômes grippaux (fièvre, douleurs, fatigue), mais quand je lis les témoignages COVID, ça ressemble étrangement à ma dengue… douleur à la hanche droite, sueurs froides, perte d’appétit… mais je n’ai pas fais le test. J’ai préféré m’auto-confiner, au cas où pendant 14 jours. Sauf pour les courses. Si j’avais fait le test, et que le test s’était avéré positif, qui aurait fait mes courses ? Qui m’aurait nourrie ? De toute façon, vu la fatigue après coup, je n’avais pas envie d’aller faire la java. Bizarre cette épidémie de dengue particulièrement virulente. Je ne dis pas que ce n’est pas possible en 15 ans. Mais je ne suis pas la seule à avoir des résultats de prise de sang pas forcément explicite : la présence d’anticorps est détectée, mais ils ne savent pas dire si ça date d’une autre infection de dengue ou pas (j’aurais déjà eu la dengue et on ne m’aurait rien dit ? On nous cache tout…). En fait, c’est pas sûr que j’ai eu la dengue en septembre, en tout cas les résultats de la prise de sang ne le prouvent pas. Et si l’épidémie de dengue cachait la propagation du COVID ? Et si dans les Antilles, on préférait avoir la dengue que le COVID, quelque chose de rassurant, de plus familier finalement sous nos climats ?

Alors, quelle épidémie cache l’autre ?

Et surtout, pourquoi les officiels à la TV expliquent que le virus est plus virulent et ça explique la deuxième vague en hiver alors qu’ici il fait 30°C? J’ai l’impression que personne ne sait rien sur rien. Pas grand chose ne fonctionne au niveau des scientifiques (publication de fausses études), des politiques (le jeu du ni oui ni non) ou des médecins (prenez du doliprane): y a-‘t-il un pilote dans l’avion messieurs et dames?

Et est-ce vraiment important puisqu’à aujourd’hui quelle que soit la maladie virale que vous avez contractée, le traitement proposé est le même : du doliprane. Et beh ! J’ignorais que c’était une panacée. Dans ces conditions, j’aimerai que l’on m’explique la différence entre ce genre de prise en charge et celle que ferait un phytothérapeute, un conseiller en aromathérapie ou un naturopathe ? Je considère avoir dans mon arsenal thérapeutique bien plus efficace que du paracétamol en ce qui me concerne, mais chacun voit midi à sa porte comme on dit.

dengue-huiles-essentielles
Heureusement, je n’étais pas seule dans cette lourde épreuve 😂 !

Le choix des huiles essentielles et des plantes

Diverses tisanes de plantes m’ont accompagnées : atoumo principalement, mais aussi menthe marocaine, basilic, thym, citronnelle… De ce côté là c’est plutôt une bonne chose, de manière à compenser la déshydratation due à la fièvre et éventuellement aux diarrhées si il y a.

Parmi ce qui passe le mieux en alimentation, de l’avis partagé par d’autres personnes, ce sont les fruits (notamment les oranges, je ne suis pas la seule!), les jus, les bouillons.

Par contre, mon choix d’huiles essentielles, si j’avais su ce que ça pouvait être, aurait été différent. En effet, en cas de dengue hémorragique, l’utilisation de gaulthérie (composition proche de l’aspirine) ou de la cannelle feuille (coumarines anti-coagulant) aurait pu faire empirer mon état… Il aurait mieux valu se tourner vers de la camomille romaine par ex pour les douleurs et du tea tree pour l’effet anti-viral ou bien d’autres. D’où l’importance d’avoir le bon diagnostic le plus rapidement possible. Pour faire plus clair : faites ce que je dis, pas ce que je fais ! J’aurais du avoir l’idée de consulter plus tôt, mais quand on est seul et qu’on n’arrive à peine à s’extirper du canapé, ce n’est pas toujours facile de prendre les bonnes décisions !

Si c’était à refaire, je prendrai davantage soin de moi après ces 5 jours de maladie. J’ai vraiment négligé la convalescence, et je le paye aujourd’hui. Avec le recul, je me dis que ce n’était pas rien finalement et je me sens exagérément fatiguée. Physiquement épuisée.

Mais aussi en colère contre un système de santé en décrépitude dans ce qu’on considère encore comme un pays civilisé. Où en est rendu la France avec toutes ces mesures qui ont démembré étape par étape le système hospitalier jusqu’à la moindre initiative des médecins libéraux qui n’ont plus la liberté de prescrire ? Qu’en est-il des intérêts et parti pris de tous les protagonistes qui ont défilé devant l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen de conscience sur cette crise ? Quel est leur alibi pour toutes ces bévues, pour toute cette désorganisation, pour ce sabordement de notre économie et de notre société par bêtise et ignorance ? C’est révoltant, inquiétant et cette expérience m’amène, encore un peu plus, à me tourner vers les plantes et ma propre capacité à prendre soin de MA santé. N’oublions pas que c’est notre bien le plus précieux et faisons preuve de discernement avant de le confier à un tiers. Continuons à apprendre et à transmettre ce que nous pourrons toujours faire germer, peu importe les circonstances. Bref, soyons autonomes et partageons ces savoirs.

    5 replies to "Une histoire de dengue : l’épidémie en Martinique sur fond COVID"

    • Emilie

      Bonjour, effectivement c’est compliqué, on a eu le même problème à Mayotte en mars avril où le covid débarquait et l’épidémie de dengue battait son plein depuis décembre. En tant que sage-femme ça a été difficile à gérer, des qu’une fièvre était là: quel diagnostic ? L’avantage était que pour la dengue on avait des tests rapides avec une goutte de sang au bout du doigt et réponse en 10 min. Quand il y a eu plus de cas de covid ça s’est compliqué car les virus ne se partagent pas le terrain et certain ont eu dengue ET covid … galere!! Et malheureusement pas vraiment de traitement ni pour l’un ni pour l’autre…. merci les huiles essentielles pour soulager les symptômes (mais attention dans les deux cas aux huiles essentielles anti inflammatoires)

    • Louise Herard

      Belle Cécile, En effet y a t’il un pilote dans l’avion? une histoire de dingue ce qui se passe! Merci pour ton partage, ton authenticité, ton humour. Je fais du bénévolat pour une association au Québec . Nous accompagnons des gens en souffrance, deuil, proche aidant etc J’observe que la solitude est omniprésente derrière la façade des festivités de Noël. Un monde fou masqué déambule dans un sens déterminé giratoire invité à se désinfecter à chaque kiosque et à respecter la distance sur les airs d’ une musique d’occasion en espérant quelques moments de distraction et faire ce qu’on sait faire de mieux dans notre monde: dépensez!

    • Roberta

      Merci pour cet article éclaircissant ! J’adore votre style d’écriture !

    • PONZONI George

      Bonjours Cécile,
      Je partage tes douleurs et maux, car tombé malade pratiquement en meme temps que toi Cécile. Cela a commencé par une mauvaise grippe que j’ai tout de suite combattu a grand renfort d’huiles essentielle, Ravintsara, Eucalyptus, Niaouli, et en 2 jours, et comme d’habitude la grippe descend dans la gorge (j’ai un mélange d’huiles essentielles pour toux sèche et toux grasse, et cela fonctionne très bien) mais cela descend dans les bronches avec une respiration qui fait un bruit et des nuits a dormir a moitié assis, car impossible de respirer allongé sur le dos. Alors le 3em jours, grande faiblesse , beaucoup de mal a marcher, mais surtout du mal a respirer surtout la nuit et la matinée, j’ai essayé l’Artemisia dans une gélule et en la respirant avec l’eucalyptus pour la respiration, mais je pensais qu’il me faudrait de l’oxygene. Fragile du cœur, j’ai écarté (pas complètement) le covid19. Mais après 3 jours et 3 nuits en difficulté respiratoire et de faiblesse dans les jambes, je me suis quand meme décidé de me rendre aux urgences (je suis a Taiwan ou le system hospitalier tient bien mieux la route qu’en France et le Covid19 fantastiquement régulé sans aucunes pertes de liberté (dieux merci). La on m’a mis sur un lit a moitié assis, de l’oxygene dans le nez et la respiration c’est tout de suite améliorée, puis prise de sang, prise de tension et radio des poumons sans bouger du lit. Apres une heure, le diagnostique est tombé,  »Cardiogenic pulmonary edema » en claire, après la grippe le cœur fatigué a affaibli les poumons qui ont fait une sorte de rétention d’eau… Bref, pas si lointain du Covd19 en fait. En France j’aurais fait parti des malades du Corvid, un de plus..!!!! Enfin tout va un peu mieux , mais il faudra bien un bon mois pour être totalement comme avant.
      Encore merci pour la formation “Maitrisez les pouvoirs des huiles essentielles “(2018-2019), qui m’a permis de diminuer de moitie les medicaments chimique pour les varices, le cœur et les rhumatismes… Ce qui m’a donné l’envie de connaitre encore plus les plantes avec la phytothérapie..

    • Florence LAHER

      Bonjour Cécile,
      Lire tes articles c’est forcément passer un bon moment ! on apprend, on y trouve son lot d’informations intéressantes à travers un récit très vivant de tes expériences, sans oublier ces notes d’humour délicieusement corrosives !
      Alors enfin je prends le temps d’écrire ce commentaire et te remercie pour tous ces articles que j’ai pu lire avec délectation. J’en profite pour te dire que j’ai adoré faire la formation « Maitrisez les pouvoirs des huiles essentielles « (2018) ; elle m’a été très utile et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Les huiles essentielles sont devenues mes alliées et la bonne nouvelle c’est qu’elles ont encore pleins de secrets à me dévoiler !
      Je te souhaite toute la réussite que tu mérites ; on sent qu’il y a un gros travail derrière tout ça !

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